Giuseppe Verdi
Macbeth
1847
Tours, Grand Théâtre
Les 11, 13 et 15 mai 2012
Jean-Yves Ossonce, direction
Gilles Bouillon, mise en scène
Nouvelle production
Belle représentation du pouvoir à Tours: on se souvient d’une remarquable production de La Clémence de Titus (novembre 2009) où la mise en scène et le geste du chef soulignaient la vertu du politique prêt à renoncer, pardonner, lâcher prise pour grandir en sagesse; le caractère du personnage central, Titus, emblème du siècle des Lumières, saisissait par sa grandeur morale.
Avec Verdi et ce Macbeth attendu, nouvelle production d’un opéra jamais repris sur la scène tourangelle depuis 1999, il en va tout autrement: chez Verdi, inspiré par Shakespeare, le pouvoir n’ennoblit pas: rend fou. Il justifie même tous les actes, y compris les plus ignobles. Macbeth et son épouse n’hésitent pas à assassiner tous ceux qui se dressent contre leur ascension pour la couronne d’Ecosse. Etre roi, avant toute chose!
Plus haute et prestigieuse est la position, plus effroyable et cynique la chute. Rongés par le remords, habités et détruits par le poids de la faute, ni l’un ni l’autre ne pourront en réchapper… La course au pouvoir rend inhumain, et l’ambition tue la raison.
Verdi fidèle au drame de Shakespeare, ajoute dans une écriture orchestrale flamboyante, le souffle de l’épopée, les éclairs du fantastique, et réserve pour les deux protagonistes, ces criminels barbares mais pourtant si humains, un portrait très finement brossé.
D’autant que le compositeur a exigé des solistes deux timbres aux couleurs vocales particulières (rauqyes, sombres, expressives), tant il savait exactement ce qu’il voulait. De fait, les deux rôles sont un vrai défi pour chaque soliste. Pour incarner Macbeth, il faut un baryton acteur et halluciné; pour Lady Macbeth, une soprano lyrique et dramatique, à la tessiture étendue et à la puissance assurée.
Pas à pas, le spectateur assiste à l’effondrement psychique du couple pathétique. Jamais les tableaux collectifs où le choeur s’impose d’un bout à l’autre, ne font de l’ombre aux scènes plus intimistes. De cet équilibre, vient la réussite d’un opéra parmi les plus réussis de Giuseppe Verdi.