Evasion à Lyon
La scène baroque(5)
Acte IV: De Boréades en Céladon et quelques autres
…Et il y a place, en ce ciel baroque, pour d’autres étoiles
« émettrices » de plus modeste envergure. Ainsi peut-on le dire pour au
moins deux petits ensembles chambristes, à géométrie et modalités
variables. Les Boréades, placées depuis 10 ans sous invocation d’opéra
ramiste, entend « renouveler l’écoute et la perception de la musique
baroque en créant des spectacles mis en scène qui permettent la
rencontre avec d’autres expressions artistiques(peinture ancienne et
contemporaine – Bach et Rothko, Friesz et Rameau -, danse, théâtre de
rues) ». Une petite dizaine de musiciens, emmenés par un metteur en
scène (Pierre-Alain Four), proposent à des publics parfois hors normes
du concert (Parc de la Tête d’Or, en été) des concerts légers, et
spectacles à thèmes ou à clins d’œil et d’oreille. Parfois aussi, le
groupe s’agrège à un effort plus ambitieux, tel ce prélude à un Didon
et Enée, travaillé avec le Centre Rhône-Alpes de la Voix (Marie-Laure
Teissèdre, chef de chant), et parti en tournée « chapiteau ». Dans un
esprit un peu analogue, c’est il y a 8 ans que le contre-ténor Paulin
Bündgen a fondé Céladon, dont il est le chef et soliste, puisant dans
ce vivier de jeunes interprètes intervenants (et souvent enseignants,
après avoir été enseignés…). Céladon propose aussi des petits
spectacles musicaux à thèmes, du travail sur les partitions du XXe, et
la qualité subtile de l’ensemble est attestée dans 3 disques (Arion,
Zig-Zag Territoires). Céladon est également en collaboration avec un
autre groupe, lui-même plus orienté – ne fût-ce qu’en raison de la
spécialisation de sa chanteuse,-fondatrice, Anne Quentin-Delafosse –
vers la musique médiévale et renaissante, Les Jardins de Courtoisie
(depuis 2004), et la collaboration des deux équipes doit permettre
d’enregistrer un disque de l’Anglais pré-baroque, John Coprario. Dans
le même esprit encore, Poésis, autour de la harpiste Marion Fourquier,
Gaspara Stampa (la soprano Clara Morel-Coutouly, la luthiste Wanda
Kozyra), Sesquialterra montrent cette vigueur en recherche, qui s’est
aussi trouvée plus spécialisée en médiévalisme avec Musica Nova (Lucien
Kandel), et à plus forte raison dans le (Sur)Tout-Renaissant et
désormais internationalement célèbre Doulce Mémoire de Denis
Raisin-Dadre (un Lyonnais que les instances pédagogiques et culturelles
n’ont pas su retenir dans son pays natal et qui s’en est allé enchanter
les rives du Jardin de Loire ).
