vendredi 29 mars 2024

ENTRETIEN avec Jean-François Heisser

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Artiste au parcours hétéroclite et riche Jean-François Heisser s’apprête, avec l’Orchestre Poitou-Charentes dont il assume la direction musicale et artistique depuis l’an 2000, à donner une série de concerts dans la région Poitevine. C’est à l’issue de l’ultime répétition de l’orchestre que le maestro nous rencontre au Théâtre Auditorium de Poitiers, lieu de la résidence de l’Orchestre, pour évoquer le parcours si particulier qui l’a mené sur le chemin du succès.

 

 

 

Elargissement des répertoires, La France et l’Espagne par passion…
Jean François Heisser en artiste inclassable

 

 

JFHeisser-196CARRIERE. Préambule… «Je suis issu d’une famille qui pratique la musique depuis plusieurs générations ; où les musiciens amateurs sont aussi nombreux que les musiciens professionnels. Mon père était violoniste amateur et mon oncle était professeur de piano. J’ai donc grandi dans un milieu favorable». Puis le chef enchaîne : «Je n’avais pas spécialement envie de faire de la musique mon métier. Ce qui est certain, en revanche, c’est que je ne voulais pas faire partie de la cohorte d’enfants qui apprennent à jouer d’un instrument par obligation». Guidé par la voix de la sagesse Jean-François Heisser, dont la famille a des racines allemandes, reste humble face au succès qui est le sien. «Je suis entré au Conservatoire de Paris après mon baccalauréat. J’étais inscrit dans plusieurs classes : piano, accompagnement, musique de chambre, direction d’orchestre. Je n’avais pas envie de me limiter à une seule activité professionnelle ; je trouvais cela trop restrictif. Souvent les journalistes aiment mettre les artistes dans des petites cases : avec moi ils ont eu bien du mal ; en effet je ne me suis jamais inscrit dans une «case» en particulier. J’aime aborder un répertoire aussi large que possible avec cependant une préférence pour les répertoires français et espagnol. Mener plusieurs activités en parallèle (concerts solistes, musique de chambre, direction d’orchestre et enseignement) me permet de m’épanouir dans ce que je fais.» conclut Jean François Heisser qui ajoute : «J’enseigne depuis longtemps au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Cependant, si j’aime transmettre mon savoir aux jeunes générations, je suis arrivé à l’âge de la retraite et je quitterai le conservatoire à la fin de l’année universitaire. Néanmoins quand je regarde en arrière, je n’ai pas de regrets en ce qui concerne mes diverses activités; jusqu’à présent j’ai eu une carrière bien remplie et je compte bien continuer encore un moment.»

 

 

L’Orchestre Poitou-Charentes, le top 5 des orchestres poitevins…

 

«Je suis arrivé à la tête de l’Orchestre Poitou Charentes en 2000. C’était une opportunité d’autant plus intéressante qu’à mon arrivée l’Orchestre était constitué de musiciens qui se connaissaient de longue date et qui étaient très liés par une complicité certaine», aime à préciser Jean-François Heisser. Il poursuit : «L’Orchestre compte une cinquantaine de musiciens; par rapport aux grands symphoniques tels qu’on les connaît, c’est peu. Il y a également peu de turn-over ce qui est un grand avantage, même si nous avons actuellement besoin de recruter quelques musiciens. Cependant cet effectif assez réduit comparé aux autres orchestres symphoniques en activité nous permet d’aborder un répertoire certes plus intimiste mais tout aussi passionnant». Et lorsque nous abordons la fusion des régions Aquitaine/Poitou Charentes/Limousin, Jean-François Heisser se montre très optimiste : «Il y a cinq grands orchestres dans la nouvelle région. L’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine avec son effectif important aborde un répertoire large comme par exemple les Symphonies de Beethoven; à Bordeaux il y a aussi l’Ensemble Pygmalion qui joue sur instruments anciens et qui se focalise sur la musique baroque. A Poitiers, l’Orchestre des Champs-Elysées qui joue aussi sur instruments anciens est un peu un orchestre de luxe. Et à Limoges l’Orchestre de Limoges est plutôt un orchestre de fosse et, de ce fait, joue beaucoup d’opéra. Avec un tel panachage, qui constitue un véritable atout pour la Région, je pense que nous avons un vrai rôle à jouer dans le nouveau panorama musical» nous assure le maestro avec un sourire.

 

 

PROJETS… Jean-François Heisser ne manque pas de projets. Que ce soit en tant que soliste, chef d’orchestre ou enseignant : «Même si je quitte le Conservatoire de Paris à la fin de l’année universitaire, il y a d’autres façons de rester en contact avec les jeunes musiciens. Ainsi, dès le mois de mars, je dirigerai une nouvelle session et une série de concerts avec le Jeune Orchestre de l’Abbaye (JOA), la phalange phare en résidence à Saintes. J’ai déjà dirigé cet orchestre et y ai recruté des musiciens pour l’Orchestre Poitou Charentes.». Mais le Jeune Orchestre de l’Abbaye n’est pas le seul biais par lequel il poursuit son activité d’enseignant : «Je dois aussi donner des concerts en Arles. Etant lié aux éditions Actes Sud, nous organisons ensemble, à Saint-Jean de Luz, l’Académie Maurice Ravel en septembre prochain (2016). Outre les concerts, j’y donnerai des masters classes. Toujours en mars je participerai, avec le professeur Roger Gil, professeur de neurologie et ancien doyen de la faculté de médecine de Poitiers, à une conférence ayant pour thème neurologie et musique». Ainsi, même si Jean-François Heisser quitte bientôt le Conservatoire Supérieur National de Musique et de Danse de Paris, il continuera à enseigner par le biais de Master Classes.

Artiste inclassable, plutôt très actif, Jean-François Heisser a acquis une solide réputation de musicien rigoureux, abordable ; sincèrement attaché à la transmission et passionné par son art, Jean-François sait cultiver une curiosité à 360° : il participe, quand il en a l’occasion, à des projets croisant les disciplines, alliant musique et médecine, comme par exemple la conférence avec le professeur Gil.

 

 

 

Propos recueillis fin mars 2016

 

 

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