mardi 19 mars 2024

ENGAGEMENT ECOLOGIQUE. Visionnaire, exemplaire, le 67è Gstaad Menuhin Festival & Academy (14 juil – 2 sept 2023)

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67e GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY – 14 juillet au 2 septembre 2023 – « Humilité » / Cycle « Changement I » 2023-2025   –   Événement européen dans l’agenda estival, le Gstaad Menuhin Festival & Academy (Canton de Berne, Saanenland, Suisse) dévoile sa programmation 2023 et confirme son positionnement écologique. Pas de Festival à présent sans réduire au maximum son empreinte carbone ni susciter avec publics et artistes, une réflexion de fond sur le monde, la Nature, la société humaine, à travers cette année le thème polémique de l’ « humilité ».

L’an dernier déjà, lors d’une conférence dédiée, le Festival dirigé par Christoph Müller, directeur artistique a officialisé son virage durable sur les 3 années à venir de 2023 à 2025, perspective exemplaire et visionnaire, placée sous le signe du «CHANGEMENT». Plus que jamais le GSTAAD MENUHIN Festival sous l’impulsion de son directeur artistique prend la pleine mesure de la fragilité des écosystèmes naturels qui composent l’écrin paradisiaque de ses concerts : petites églises, et vallées, cimes montagneuses et forêts de résineux… Tout dans le Saanenland indique la beauté et l’harmonie préservée, et aussi la nécessité de leur conservation durable et raisonnée.

 

 

67ème Gstaad Menuhin Festival & Academy
NOUVEAU VIRAGE ÉCOLOGIQUE en 2023, 2024, 2025

 

 

 

L’évidence à agir contre le changement climatique, pour préserver le vivant et la Nature prend tout son sens pour un festival niché dans des paysages sublimes, ceinturé par les sommets alpins. Dans un texte inspiré et argumenté, Christoph Müller explicite les intentions du Festival aujourd’hui. Le Saanenland où il se déroule, est certes « un paradis sur terre » , mais  » la réalité est alarmante: la Suisse consomme aujourd’hui 4.4 fois plus que sa biocapacité naturelle « .

 

DÉFIS et ENGAGEMENTS POUR LA PLANETE… « En notre qualité de festival classique et de promoteur culturel, nous nous sentons une grande responsabilité, tant dans le domaine de nos activités propres que sur le plan artistique. Ce champ doit à nos yeux se faire le reflet de cette réalité. C’est pourquoi nous avons décidé de placer les trois prochaines éditions festivalières 2023 à 2025 sous le signe du «changement». Car les défis auxquels doit faire face aujourd’hui notre monde ne concernent pas uniquement chaque individu mais l’ensemble des composantes de la société – le climat, la nature, ainsi que certains aspects des techniques digitales. »

 

 

 

MUSIC FOR THE PLANET by Patricia Kopatchinskaya

Bernoise, très impliquée par la préservation des écosystèmes, la violoniste Patricia Kopatchinskaja œuvre ainsi au sein du Festival à « apporter des réponses musicales à l’état du monde ». Baptisé «Music for the Planet», son propre cycle de concerts proposera chaque année 3 programmes dans lesquels elle présentera des partitions majeures renouvelées sous l’angle des problématique du changement climatique. La musique lève le voile sur la réalité de la planète : « Le ruisseau impétueux de la Symphonie «Pastorale» de Beethoven n’est bientôt plus qu’un filet d’eau ; la truite du Quintette du même nom de Schubert se joue des apparence en feignant la joie et l’esprit joueur, tandis que les Inuits se voient dépossédés de leurs moyens de subsistance. »

 

L’HUMILITÉ face aux FORCES DU DÉREGLEMENT
Christophe Müller précise ses intentions : « En plaçant notre édition 2023 sous le signe de «l’humilité», nous cherchons à thématiser notre rapport non seulement à la nature, mais également aux forces qui nous dépassent. Je ressens l’humilité très présente dans les comportements autour de moi en ces temps de pandémie, de guerre, de changement climatique. L’humilité, ainsi que des valeurs comme la simplicité, le naturel ou le respect mutuel, prennent soudain une signification nouvelle en tant que fondements d’une vie plus responsable. L’humanité n’a jamais été interpelée avec autant de force et de clarté face à son incapacité à maîtriser certains événements qui lui glissent entre les doigts, malgré des technologies de pointe, des civilisations et des cultures très développées, malgré aussi l’humanisme et l’éducation, ainsi qu’un niveau de vie élevé pour bon nombre d’entre nous. L’humilité comme état d’esprit, replacée dans le contexte de notre temps, sera au centre de l’édition 2023 de notre Festival « .

 

 

Humilité & Nature, l’urgence à agir
Mais alors face à l’urgence des catastrophes multiples qui nous dépassent, quel rôle peut bien jouer l’individu? « L’humilité se mêle à cette impression de grandeur et de joie, elle se confronte à la puissance et aux merveilles de la nature ».
Le cycle MUSIC FOR THE PLANETE a un message clair, véhiculé par l’émotion que produit la musique sur les consciences : « la musique, avec sa capacité immédiate à susciter l’émotion, est en mesure d’atteindre des espaces de la conscience que des faits scientifiques seuls ne sauraient mobiliser. La musique a le potentiel très net de provoquer ce changement de perspective si nécessaire, de susciter la réflexion et d’encourager un comportement actif. Quelle signification revêtent Les sept dernières paroles de notre sauveur en croix de Haydn dans un contexte de changement climatique et de guerre? Patricia Kopatchinskaja est persuadée que de tels chefs-d’œuvre de la musique prennent dans pareil contexte une dimension nouvelle, insoupçonnée. »

 

 

Humilité & Modèles, Humilité & Foi
MENUHIN ET ENESCO, BRAHMS ET BACH…

« Yehudi Menuhin a eu pour grand modèle Georges Enesco. Il était son maître et son immense expérience de violoniste et de compositeur incarnaient pour lui une forme d’idéal, qu’il avait bien l’intention de perpétuer. Menuhin se sentait extrêmement humble face à lui. Comme lui, nous avons tous une idole, un modèle, quelqu’un que l’on admire pour avoir tracé une voie exemplaire, idéale, innovative, courageuse, voire même révolutionnaire. Brahms se définissait comme «Bachianer» – comme «bachien», entendez: disciple de Bach – et lançait à qui voulait l’entendre: «Etudiez Bach, vous y trouverez absolument tout! (…) Bach est le père, nous sommes ses enfants», écrivait Mozart, tandis que Beethoven voyait en lui «l’inventeur de l’harmonie».
À travers lui, son génie de l’harmonie, la profondeur de ses émotions et de sa spiritualité, les musiciennes et musiciens de toutes les époques et de tous les styles apparaissent liés comme des frères et des sœurs. Il atteint la perfection avec la Messe en si mineur, qu’Alfred Einstein décrit comme «la plus grande œuvre de tous les temps et de tous les peuples». La dimension spirituelle de l’humilité de Jean-Sébastien Bach, celle d’un homme qui se soumet en toute conscience à la volonté divine au vu de sa propre imperfection, rayonne de toute sa lumière dans ce monument de culture parmi les plus puissants de l’histoire de la civilisation occidentale, dominant en majesté l’ensemble de sa production sacrée. Le fait que cette Messe en si mineur appartienne officiellement depuis 2015 à la «Mémoire du monde» de l’UNESCO, témoigne de l’importance de cette œuvre à l’échelle de l’humanité.

 

 

La leçons admirables de nos modèles

La programmation 2023 « Humilité » éclaire l’hommage des admirateurs et des disciples sincères à leurs idoles …   » L’art de Bach est si génial et atemporel que son matériau musical résiste aux métissages, qu’ils soient produits par des musicien(nes) classiques, romantiques, impressionnistes, modernes, … jazz et pop. « Ses fils, Mozart et sa «Gran Partita», Brahms et ses Sonates pour violoncelle et son Trio avec piano n° 1, la Chaconne de Busoni, les Préludes de Debussy et les Etudes de Chopin (qui tirent leur essence du Clavier bien tempéré), les Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos, l’œuvre pour orgue et pour piano de Mendelssohn, les arrangements pour deux pianos des chorals de Bach par Kurtág, ou encore la relecture jazz du Double Concerto en ré mineur par l’Ensemble Janoska : la révérence devant le «père» et sa flamme inspiratrice nourrira encore des générations et des générations de créateurs ; pour John Eliott Gardiner, Bach est «universel» et estime même qu’il est «le compositeur du futur». Des modèles peuvent déterminer des parcours de vie. »

Prenez Ute Lemper, qui à l’âge de 23 ans est sacrée par la presse héritière de son idole Marlene Dietrich, ce qui la conduit à s’excuser par écrit et débouche contre toute attente sur une étroite amitié. Dans un sourire, le duo comique Igudesman & Joo fait de Rachmaninov son héros… mais sa révérence se limite-t-elle vraiment à ses seules «big hands»? Le baryton voit dans l’œuvre symphonique de Gustav Mahler le témoignage d’une «humilité radieuse», citant en particulier la monumentale Symphonie n°2 dite «Résurrection», l’exemple type de l’humble humanité s’inclinant devant l’inexplicable, le surnaturel.
Dans une lettre rédigée à Hambourg le 31 janvier 1895, Gustav Mahler écrit à propos de la partition : «Tout cela sonne comme si cette musique venait d’un autre monde. On est – et je pense que personne ne peut y échapper – comme jeté à terre à coups de massue puis propulsé dans les cieux sur des ailes d’ange

Que dans Tosca de Puccini l’humilité de Cavaradossi peignant à l’église soit un pieux mensonge, que l’humilité du héros du Heldenleben de Richard Strauss soit quelque peu tirée par les cheveux dans ses mouvements finaux («L’œuvre de paix du héros» et «Le retrait du monde du héros et son accomplissement»), ou que l’humilité du pianiste mutilé de guerre Paul Wittgenstein1 ait été surinterprétée, soit ! »

 

 

LA MUSIQUE POUR ENGAGER UNE RÉFLEXION DE FONDS

Fort d’une conscience durable, le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL & ACADEMY entend conjuguer exigence artistique et réflexion sur le monde, la société, la Nature. Le premeir Festival estival en SUISSE, souhaite renouveler sa relation avec ses publics et ses artistes, en suscitant une véritable discussion sur le sens profond de l’humilité : « Nous espérons vivement réussir à vous interpeler par ce thème de «l’humilité» conjugué en musiques (avec un grand «s»!) et contribuer ainsi à nourrir votre propre fantaisie et réflexion. »

« Je suis persuadé que l’humilité est un puissant catalyseur de créativité, en particulier chez les compositrices et les compositeurs. Car elle permet à ces derniers d’exprimer ce qui les dépasse: une beauté, une grandeur surnaturelle, l’admiration pour un modèle, ou au contraire la cruauté, le désespoir et l’impuissance. La créativité semble tout particulièrement s’épanouir dans une approche humble de ce processus. Nous sommes déterminés, en toute humilité mais avec une conviction totale, à tout mettre en œuvre pour affronter ces nouveaux défis, en conduisant non seulement une gestion écoresponsable des ressources, mais également une politique artistique favorisant la réflexion autour de ces thèmes et incitant au changement de comportement. Cela pourra paraître présomptueux aux yeux de certains de tenter un tel pari dans le contexte actuel. Suivant le sage exemple de Sénèque2, nous pensons qu’il vaut au moins la peine de prendre le risque: «Pour voir correctement, sa propre vue seule est loin de suffire. Celle-ci doit s’accompagner d’humilité, d’ouverture, et aussi de courage.»

A n’en pas douter, le prochain Gstaad Menuhin Festival & Academy, en remettant du sens dans chaque expérience culturelle, promet un nouveau cycle estival parmi les plus passionnants à vivre cet été, du 14 juillet au 2 septembre 2023

 

RÉSERVATIONS & INFORMATIONS
directement sur le site du Gstaad Menuhin Festival 2023 – 67ème édition
https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr

 

 

 

 

A VENIR ICI , nos 10 spectacles / programmes incontournables du 67ème GSTAAD MENUHIN FESTIVAL …

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