3ème compositeur élu après Tchaïkovski et Haendel, voici Beethoven et l’adagio un poco mosso du Concerto pour piano n°5 « L’Empereur » par… Arturo Benedetti-Michelangeli et le Philharmonique de Vienne sous la direction de Giulini (1983): noblesse, pudeur là encore, hypersensibilité: un instant de grâce, le plus mozartien des mouvements écrits par Beethoven!
Remèdes musicaux au temps présent
De Mozart justement, les 4è et 5è morceaux les plus populaires en 2012 sont le Lacrimosa du Requiem (dans la version idéalement réverbérée sous la direction de Claudio Abbado; déjà présent dans le Concerto pour violon de Tchaïkovski). Puis, enregistrement récent (2011), mozartienne fine et introspective, Hélène Grimaud dévoile toute la profondeur elle aussi si tendre de l’adagio du Concerto pour piano n°23 K 488, et sa petite phrase baume au coeur portée par la clarinette et le basson: un rêve, légitimement couronné par les électeurs 2012.
Sur le ton de la confession la plus pudique, paraissent ensuite l’Impromptu n°3 de Schubert par Brigitte Engerer (un peu mou cependant); le violon ardent, lumineux de Janine Jansen dans le Concerto de Mendelssohn: 13 minutes d’incisive élégance (Leipzig Gewandhaus, Riccardo Chailly). Retour au rêve le plus finement sculpté, celui du Nocturne n°2 en mi bémol opus 9 n°2 de Chopin par l’inégalable poétesse des climats crépusculaires, Maria Joao Pires; même atmosphères diaphanes et même arachnéennes dans l’adagio sostenuto du Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov par Lang Lang: de loin sa gravure la plus accomplie sur le ton de la confidence…
Le CD2 réserve aussi de belles surprises: comment résister l’instant d’un récital imaginaire au miel sensuel, élégantissime, et si noble de Renée Fleming pour Casta Diva de Bellini (Charles Mackerras, 2000)? Les grands chefs s’invitent à la fête électorale ensuite: James Levine (Largo de la Symphonie n°9 « du Nouveau Monde » de Dvorak); Leonard Bernstein (Adagio de Barber); Giulini à nouveau (Pie Jesu du Requiem de Fauré avec Kathleen Battle), Karajan (Au matin extrait de la Suite n°1 de Peer Gynt de Grieg; la musique de chambre se dispute aussi les suffrages: le Trio avec piano n°2 de Schubert (adagio, immortalisé par le film de Kubrick, Barry Lindon) par le Beaux Arts Trio; la Sonate Clair de lune et son adagio sostenuto de Beethoven par Emil Gilels; ou le Prélude et fugue du Clavier bien tempéré du grand Jean-Sébastien Bach (Vladimir Ashkenazy, piano)…
Adagios, chants éthérés ouverts au renoncement extatique, ivresse suspendue… en cette époque troublée, nos esprits méritent la douceur et la réflexion la plus tranquille. Ce double coffret y pourvoit avec générosité. En plus d’adoucir l’âpreté du temps présent, voici aussi les oeuvres les plus populaires de l’heure. Savourez sans vous modérer.
Elections classiques 2012. Les 20 plus belles musiques classiques élues par les Français (mai 2012). 2 cd Deutsche Grammophon Universal music Radio Classique Réf.: 4806249