DVD. Rossini : Le Comte Ory (Bartoli, Tang, 2011). Zurich, décembre 2011. La diva Bartoli casse désormais son image en se mettant en péril, parfois dans des mises en scènes » décalées » et pseudo « branchées » dont le souci apparent (mais déficiant) du théâtre et du sens n’empêche pas comme ici un manque d’idées justes (même foire aux effets anecdotiques dans la mise en scène du Giulio Cesare à Salzbourg l’année dernière…). Les metteurs en scène Patrice Caurier et Mosche Leiser nous ont habitué à plus de finesse, moins de gadgets. Néanmoins, très inspirée, la Bartoli (qui chantait hier le page Isolier) fait une comtesse Adèle délirante ; la diva souligne le délire de la bourgeoise bien comme il faut, trop heureuse de pouvoir enfin se libérer des bienséances, son frère étant parti en croisade… En bête de scène, il faut bien avouer que la mezzo romaine nous régale : facétie, virtuosité, pétulance… un festival de présence scénique et vocale. Il y a de la complexité dans ce Rossini scabreux et souvent imprévisible qui se joue des formes conventionnelles, ce que laisse s’épanouir le jeu inspiré de la diva insatiable et inventive. A ses côtés, son époux à la ville, le baryton Oliver Widmer (Raimbaud, le compagnon d’Ory) ne gâche pas le tableau. Seul le ténor Javier Camarena manque de finesse et d’assurance vocale. Reste que le transfert de l’intrigue de l’opéra créé en 1827, dans la France Gaulliste nous laisse perplexe. La transposition demeure artificielle. Pas sûr que les scénographes relèvent la barre avec leur Otello rossinien (avec Bartoli aussi) qui s’empare du TCE à Paris en avril 2014.
Cette production est sur le plan musical et vocal une alternative au dvd paru précédemment avec Juan Diego Florez et Diana Damrau, couple éblouissant de finesse et de délire sans limites… dans une production nettement plus lisible et dramatiquement prenante (Virgin classics).
Rossini : Le Comte Ory. 2 dvd Decca.