vendredi 29 mars 2024

Dossier François COUPERIN 2018… pour les 350 ans

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couperin-francois-portrait-compositeur-baroqueDOSSIER François COUPERIN 2018. François dit « Le Grand » (1668-1733) est le génie de la dynastie familiale et musicale : un auteur unique et singulier, capable de sublimer l’écriture pour le clavecin et la musique de chambre voire la forme concertante et celle orchestrale alors en germe ; François est le neveu de « Louis » (circa 1626-1661). Oncle, père (Charles) et donc fils et neveu, se succèdent comme organiste à Saint-Gervais à Paris, éloquente continuité dynastique. Et pour le dernier Couperin, accomplissement final en apothéose (car il est fils unique et dernier d’une lignée prospère), longue tradition familiale qui explique ici une passion pour le clavier, orgue et clavecin. Si Saint-Saëns se passionne pour Rameau, c’est … Brahms qui pilote la première édition des oeuvres pour clavecin de Couperin. Il fut longtemps taxé d’un excès d’italianisme : c’est mal écouter son oeuvre et mal mesurer le parcours de son style dont le but ultime et la poésie, née d’une alliance subtile entre trame italienne et chaine française. A Couperin « le Grand » revient le mérite de créer et réussir ce goût personnel, puissant, original qui réunit les deux styles emblématiques de la musique baroque. Né en 1668, François Couperin aurait eu en 2018, 350 ans. Dossier spécial pour cette anniversaire.

 

 

couperin francois-bio_0 vignette classiquenewsTRADITION FAMILIALE ET GENIE SOLITAIRE… Pas d’opéras : mais quel esprit affûté et précis en terme d’indications. Autant sa vie sociale semble lisse, calme, discrète (encore que son rival, Marchand s’enorgueillit de lui avoir ravi sa « maîtresse », – difficile il est vrai d’évoquer ce souci du détail et de la nuance, cet équilibre sensuel entre élégance, raffinement, extrêmement articulation, ce goût du timbre et de la couleur sans imaginer nature amoureuse et passionnée) ; autant son style et sa recherche esthétique relèvent d’une pensée unique à son époque : d’une perfection sans limite et inatteignable. Autant Couperin tout en demeurant seul et mondain à la fois, une solitaire unique et singulier en son temps, annonce déjà les plus compositeurs modernes du XXè – ceux qui sculptent et cisèlent notre orchestre moderne,… Debussy et Ravel. De sorte que Couperin prépare la révolution française en musique au début du XXè.

 

 

COUPERIN 2018 600x337_couperinTOUCHER LE CLAVECIN… Alors que d’aucun reconnaisse le clavecin comme un instrument incapable de forte et de piano (ne pouvant être ni « forcé » ni « étouffé »), François Le Grand invente une manière bien à lui dans « L’art de toucher le clavecin » (1716), un guide et une conception qui dévoile alors toute une esthétique, révélant à tous, ce que chacun ignorait : le clavecin est un instrument soliste, taillé pour la nuance. Après lui, Rameau l’aura bien assimilé. Et plus encore, dans ce rapport de poète et de conteur alchimiste, dans ce nouveau rapport intime et introspectif, ce sont Chopin et Debussy, autres grands faiseurs d’onirismes au clavier qui se profilent tout autant. Couperin soucieux que ses pièces soient bien exécutées, y précise ornements, notes inégales, doigté… De même il écrit un traité Règle pour l’accompagnement, essai pertinent pour la réalisation d’une basse chiffrée et pour résoudre la dissonance…

Organiste, claveciniste, François Couperin les a tous préfiguré par sa technique comme interprète, par la conception de la musique qu’il a défendu : une musique aux coloris nouveaux, picturale. « Moi aussi je serai peintre » affirme celui qui va se passionner pour le genre à la mode, la Sonate (« Sonades » chez lui), bientôt effaçant l’engouement pour l’ancienne Suite de danses… Nouvelle sensibilité, autre équilibre formel.

En 1693, fort de la tradition héritée de ses pères, François devient organiste à la Chapelle royale de Versailles c’est à dire musicien de Cour, nommé par quartiers (les trois mois « de janvier ») par Louis XIV lui-même. C’est d’ailleurs Couperin qui inaugure le flamboyant orgue de Cliquot de la nouvelle Chapelle, dernier chantier important du Grand Siècle (inaugurée en 1710, dans un style classique français néovénitien, c’est à dire Palladien).

 

couperin-francois-portrait-dossier-couperin-2018-sur-classiquenews-les-concerts-royauxUN STYLE DEJA EUROPEEN… Si son premier recueil publié (1690) s’intéresse à l’orgue, Couperin offre la pleine mesure d’un talent accompli pour le clavecin et la musique de chambre dans Les Nations éditées en 1726 (et dans lesquelles il intègre d’anciennes Sonates/Sonades en trio diffusées alors sous couvert d’une identité italienne : à la Corelli). Tout cela pour susciter davantage la curiosité de ses contemporains. Couperin est donc aussi un farceur. C’est que le compositeur est déjà un européen, militant pour la fusion des styles, apôtre visionnaire des « Goûts Réunis ». Même itanianisme s’était vu dans ses Leçons de Ténèbres (vers 1704), qui montrent combien le Français apprécient l’Italie mélismatique et volubile, aérienne et filigranée mais expressive et dramatique de Carrissimi, transmis par Charpentier dans le genre de la cantate, elle-même avatar de l’oratorio.

CLAVECIN ROYAL… Ses 4 recueils de pièces pour clavecin paraissent tardivement après Clérambault, Dandrieu, Le Roux, Marchand et Rameau. Organisés en « Ordres » et non pas en « Suites », chacun (1713, 1716, 1722 et 1730) s’apparente à une fantaisie libre sur un sujet poétique voire abstrait, dont le titre renvoie à une idée ou un personnage (véridique ou fictionnel). Il y a déjà chez Couperin dans ce rapport ludique, inventif, libre au clavier et aussi dans la création personnelle et originale d’un monde expressif inédit, la pure magie sonore d’un …Satie. Dans son fameux portrait (coloriste et lui aussi néovénitien parfaitement emblématique du début du XVIIIè) d’André Boüys, Couperin pose ses mains sur les Idées Heureuses du IIè Ordre.

 

 

LES GOUTS REUNIS… dans les années 1720, Couperin organise son oeuvre dans le sens d’une synthèse spécifique (et remarquablement réussie) entre style italien et français. Le Recueil éditant des pièces variées déjà anciennes, Les Nations, de 1726, illustre cette ambition; précédé par les Concerts royaux de 1722 (pour un ou trois instrumentistes). Puis en 1724, l’Apothéose de Corelli, édité au sein du recueil Les Goûts réunis imbrique très subtilement styles italiens et français, permettant même en 1725, l’allégorie musicale à la mémoire immortelle de Mr de Lully : au Parnasse, accueillis par Apollon, Lully retrouve Corelli et joue avec lui une Sonade en trio de Couperin, parfaitement synthétique.

Moins fusionnés que combinés voire juxtaposés avec soin, les 4 volets des Nations (1726) mêlent le goût général de son époque (Suites) et ses propres recherches (Sonades). Rien n’y est gratuit : tout tient sa place à sa juste mesure, nuance, intensité.

 

 

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DISCOGRAPHIE

 

couperin francois-bio_0 vignette classiquenews Notre sélection des cd, livres… dédiés à l’oeuvre et au style de François Couperin par les meilleurs interprètes passés et actuels. Force est de constater que les musiciens ne se bousculent guère pour défendre et rétablir la place que mérite François Couperin. Bien peu de responsables de salles se préoccupent de celui qui inventa avant Rameau, l’essor des couleurs, timbres et chambrisme dans la musique française. Celui qui fut admiré de Brahms, en une intuition pionnière admirable, est encore trop taxé d’intellectualisme aride, difficile, bavard… Il y a donc encore du travail à accomplir pour que se dévoile l’esprit de la synthèse et de l’élégance d’un Couperin qui sait dialoguer, colorer, nuancer sans artifice.

les timbres ensemble classiquenews.comParmi les réalisations les plus essentielles, celles qui comptent pour l’éternité, nous distinguons pour le clavecin : Blandine Verlet … sans hésiter. Aucun claveciniste n’atteint une telle poésie, faite détails, nuances et naturel, flexibilité et raffinement, intensité et élégance. Bravo Madame. Et champions absolus de sa musique concertante et chambriste, il n’est que deux ensembles aujourd’hui qui maîtrisent la langue flexible, poétique de Couperin : l’ainé JORDI SAVALL et les nouveaux instrumentistes de la nouvelle génération baroque, dignes héritiers des premiers défricheurs critiques : Harnoncourt ou Christie à leur meilleur : l’ensemble française, Les Timbres (leur disque à venir dédié aux CONCERTS ROYAUX / photo ci contre) pourrait bien être l’événement discographique de l’année François Couperin 2018 (Parution en avril 2018). En plus d’une virtuosité intérieure, saisissante par son sens de l’urgence et de la complicité heureuse, LES TIMBRES, ensemble en résidence au Festival Musique et Mémoire (haute-Saône) qui en est comme le tremplin décisif, réinventent aussi l’idée d’une harmonie collective transcendante : pas de leader ou de chef ici selon une vision classique et routinière, mais un fraternité de talents singuliers et complémentaires : quel exemple pour tous les musiciens de la nouvelle scène Baroque ! VOIR ici notre grand reportage LES TIMBRES en résidence à Musique et mémoire / reportage vidéo CLASSIQUENEWS.COM / au programme entre autres, l’opéra PROSERPINE de LULLY dans une version historique inédite.

 

COUPERIN par les timbres cd visuel cd classiquenewsVOIR NOTRE REPORTAGE VIDEO Les Timbres jouent les Concerts Royaux de François Couperin (cd à paraître le 20 avril 2018) — Le 20 avril 2018 sort le nouveau disque de l’ensemble sur instruments d’époque, Les Timbres : Concerts Royaux de François COUPERIN. L’année Couperin ne pouvait rêver meilleur hommage ni accomplissement plus pertinent. Reportage vidéo réalisé pendant l’enregistrement à Frasne le Château en juillet 2017 – Qu’apportent aujourd’hui Les Timbres ? Quels sont les défis de l’interprétation, le propre de l’écriture de François Couperin, quelle est sa conception de la musique concertante ? Musique d’un équilibre délicat où chaque partie compte, se complète, s’écoute, le monde instrumental de Couperin permet aux Timbres de dévoiler davantage ce qu’ils maîtrisent, l’art du dialogue concerté, l’harmonie collégiale dont rêve tout ensemble musical… CD récompensé par un “CLIC” de CLASSIQUENEWS

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CD

 

 

COUPERIN francois pieces clavecin livre III 13 et 18 e ordres critique cd review cd par classiquenews CLIC de fevrier 2018 cd critique ap170-OK-carre-1024x1024Cd, compte rendu critique. FRANCOIS COUPERIN (1668 – 1733) : Pièces de clavecin, IIIè Livre (13 et 18è Ordes). Blandine Verlet, clavecin (1 cd Aparté)BLANDINE VERLET dévoile Le CLAVECIN DE COUPERIN. Après deux précédents (1713, puis 1716), Couperin publie son 3è Livre de pièces de clavecin en 1722, dont les fameux Concerts royaux. Très méticuleux, l’auteur annote, indique précisément les enjeux esthétiques et les nuances expressives comme le dispositif essentiel qui démontrent une pensée expérimentale, laquelle n’aura été jamais aussi ludique, imaginative, et toujours très juste dans les réglages poétiques : il expose ainsi le principe des « pièces croisées » (accouplement des claviers), et un nouvel ornement, sorte de respiration articulant la ligne vocale. Couperin glisse aussi quelques références à l’actualité politique… LIRE notre critique complète

 

 

 

François Couperin (1668-1733) : Septième et Huitième Ordres du Deuxième Livre de 1716-1717; 25è,26è et 27è ordres du Quatrième Livre de 1730. Blandine Verlet, clavecin Hemsch 1751. 2 cd Aparté. Enregistrement réalisé en novembre 2011 en Belgique. Réf.: AP036. CD1: 1h. CD2: 56mn. LIRE notre critique cd complète

 

couperin-582-722-francois-couperin-le-grand-portrait-grand-format-classiquenews-portrait-anonymeCD, compte rendu, critique. Couperin : Les Concerts royaux (Jordi Savall, 2004 – 1 cd Alia Vox)ELOGE DU TIMBRE, DE LA COULEUR, DU SCINTILLEMENT… Avec « Messieurs Duval, Philidor, Alarius, et Dubois… », François Couperin nous précise qu’il touchait le clavecin lui-même dans l’interprétation de ses Concerts Royaux. Il laisse l’instrumentarium libre, précisant que les Concerts conviennent tout aussi bien « au violon, à la flûte, au hautbois, à la viole et au basson »… Après avoir abordé du « musicien poète »,- véritable coloriste magicien, les Pièces de viole (1728), Les Nations (1726) et Les Apothéoses (1724), Jordi Savall et ses partenaires (dont Bruno Cocset, basse de violon) jubilent en exploitant toutes les combinaisons possibles sur le plan instrumental, diversifiant chaque séquence (Premier, Second Concert, …) par l’emploi spécifique de tel ou tel instrument. Hautbois et basson dans le Premier ; cordes seules dans le Second (Basse de viole, Basse de violon et violon), flûte dans le Troisième ; tous les instruments précisés dans le Quatrième. LIRE notre critique complète COUPERIN, Concerts Royaux par Jordi Savall

 

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VIDEO : Les Timbres jouent les premiers baroques britanniques dans un programme sur les saisons, intitulé « THE WAY TO PARADISE, musiques de William Shakespeare », création 2016 / Festival Musique et Mémoire 

 

 

Sélection cd, livres… enrichie au fur et à mesure de l’année François Couperin : articles, critiques, vidéos et nouveaux contenus spécial COUPERIN 2018 à venir …. consulter ce dossier régulièrement…

 

 

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