OPERA. Donizetti:La Favorite. Paris,TCE,7-19 février 2013
Gaetano Donizetti
La Favorite, 1840
Créée pour Paris (donc conçue en français) en décembre 1840, avec la légendaire Rosine Stoltz dans le rôle clé de Léonor de Guzman, La Favorite de Donizetti est un ouvrage, noble, sérieux, tragique et historique (l’action se déroule en Castille au XIVè siècle sur l’île de Léon et à Séville), et demeure l’aboutissement de la carrière de Donizzetti à Paris. Après Rossini et Bellini, et comme Verdi, Gaetano entend inscrire son nom en lettres d’or sur le boulevard parisien, tout auréolé d’une gloire non usurpée depuis ses précédents triomphes dont surtout La Fille du régiment, dans la veine plutôt comique et légère. Mais l’incarnation de Rosine Stoltz dans le rôle de Léonor fut si marquant que beaucoup de peintres, photographes (dont Nadar) et illustrateurs de l’époque (en couverture le duo Léonor et Fernand par Lépaulle) firent le portrait de l’interprète inspirée.
Aborder le grand opéra français
Après Les martyrs (en italien) Donizetti aborde et réussit le grand opéra français. C’est pour l’auteur de La Favorite une acceptation mieux assumée de sa part sombre et mélancolique… A partir des sources historiques espagnoles, Donizetti réécrit le profil des personnages clés, – ceux de l’histoire amoureuse du jeune Alphonse XI avec Leonor de Guzman-, afin de nourrir et sublimer son propre drame romantique au point de ciseler en particulier leurs accents pathétique et tragiques… De toute évidence, le génie du musicien vient d’un traitement fluide et naturel du genre historique: il a su créer des figures humaines et individuelles d’une intense vérité ; il est en cela très proche de Verdi. A Paris, Donizetti est prêt à affronter toutes les difficultés et obstacles pour monter dans le sein des sein, la « grande boutique » dont a parlé Verdi, son opéra… L’unité et la cohérence de l’ouvrage tiennent pour leur part au fait que les librettistes de La Favorite, Royer et Vaëz au travail, ont bénéficié du concours d’Eugène Scribe soi-même… Le succès à l’opéra s’écrit aussi grâce aux chanteurs, ainsi le quatuor vocal de la création est porté par l’étoile lyrique, Rosine Stoltz dans le rôle de l’héroïne romantique, véritable perle et torche vocale capable de susciter l’enthousiasme du public… et en particulier celle de Berlioz qui dans Les Grotesques de la Musique, ne cache pas son admiration pour la finesse et l’expressivité de l’interprète.
Lire aussi le numéro spécial La Favorite de Donizetti publié par L’Avant Scène Opéra n°271 (novembre 2012)
Paris, TCE, Théâtre des Champs Elysées
Valérie Nègre, mise en scène
Paolo Arrivabeni, direction
Orchestre National de France
Avec Alice Coote, Celso Albelo, Ludovic Tézier, Carlo Colombara, Loïc Félix, Judith Gauthier…6 représentations parisiennes
Paris, TCE, les 7,9,12,14,17,19 février 2013