Le claveciniste Olivier Baumont réalise un remarquable texte d’évocation ; qui est donc ce jeune artiste originaire de Saxe et de Dresde, son héros principal, qui ayant rejoint Rome en 1776, rompt avec la tradition familiale (et quelle clan !) pour devenir peintre et non compositeur ?
Partant de cette question identitaire, les chapitres cultivent pas à pas la précision d’une époque qui paraît si proche (les années 1770) tout en ne dévoilant rien de l’identité du concerné ; dans la pension qui lui sert d’écrin (et d’atelier), le lecteur lève peu à peu les voiles de son quotidien dans la ville éternelle. Ses brèves rencontres, ses séances de contemplation dans la cité si inspirante, ses choix de sujets, ses dessins, son souci du détail, sa conception de la gravure, du dessin, et cette quête constante de reconnaissance… ses justifications permanentes sur le choix existentiel qui l’a bon gré mal gré séparé de sa tribu de musiciens.
Le style est maîtrisé, offrant une belle évocation de la Rome à l’époque des Lumières, berçant l’inspiration de tous les artistes par la seule présence de ses pins alanguis parmi les ruines antiques et les coupoles partout dans le paysage urbain. Ce cadre naturel inspire à Jean-Sébastien le Jeune, plusieurs vedutas (paysages), à la grande séduction pastorale ; à l’équilibre classique, dans le sillon des paysagistes français du Grand Siècle, Le Lorrain ou même Poussin.
Après les XIV (courts) chapitres du roman proprement dit, la dernière partie élucide l’énigme au cœur du projet littéraire, et présente la biographie de chaque personnage qui paraît dans une évocation très convaincante, développée avec précisions et vraisemblance. Incontournable.
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CRITIQUE, livre événement. Olivier BAUMONT : D’une partition m’apparaissait un dessin, roman (Bleu Nuit éditeur) – CLIC de CLASSIQUENEWS automne 2024.
Plus d’informations sur le site Bleu nuit éditeur : https://bne.fr/boutique2/page185.html
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Johann Sebastian Bach dit « le jeune » (Berlin, 26 Septembre 1748 – 11 Septembre 1778) fut un peintre saxon, décédé peu avant son 30è anniversaire. Il était le dernier fils de CPE Bach, et le petit-fils de celui dont il porta le nom, Jean-Sebastien Bach. Né à Berlin, il passe à Leipzig, Dresde (mai 1773), Hambourg (février 1776) où son père CPE était directeur de la musique. En septembre 1776, JS le Jeune rejoint Rome, la ville des peintres. Là il tombe malade dès février 1777, et meurt à l’âge de 29 ans en 1778 d’une cause encore indéterminée. En fidèle élève de Salomon Gessner, notre jeune peintre réalise de très nombreux dessins, autant d’esquisses préliminaires pour quelques paysages qu’il apprend à perfectionner en védutiste accompli.
Ses (rares) œuvres, paysages ou scènes mythologiques sont conservées dans plusieurs collections privées ou publiques à Coburg, Dresde, Hambourg, Leipzig, Vienne. Le seul portrait de JS Bach le jeune est l’œuvre gravée de Carl Wilhelm Grießmann (1765 – après 1805).
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