jeudi 18 avril 2024

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-Grains, le 8 dec 2022. MAHLER. Symphonie 9. Orch. Phil. de Radio France. M.W. Chung.

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Les Grands Interprètes ont invité le chef coréen Myung-Whun Chung à la tête d’un orchestre qu’il connaît bien pour l’avoir dirigé longtemps (de 2000 à 2015), le Philharmonique de Radio-France. Ces retrouvailles dans la musique de Mahler semblent être un moment apprécié du chef comme de l’orchestre. L’osmose est totale. Dirigeant sans baguette entièrement absorbé par cette vaste symphonie testamentaire, le contact avec l’orchestre est profond. Le public a vécu un moment d’une rare intensité. Péché véniel que ces applaudissements après les mouvements. Le dernier long silence après les dernières notes de la symphonie imposé par le chef a signé le charisme intense du maestro en ses grands soirs.

 

 

Une 9ème de Mahler idéale

Le premier mouvement a débuté dans un grand mystère et s’est développé avec un art des phrasés surnaturel. La beauté des soli instrumentaux bien souvent dans de périlleuses nuances piano a semblé sortie de rêves. La moquerie, l’impertinence dans le deuxième mouvement ont vraiment marqué un contraste absolu avec l’élégance de l’andante. Typiquement mahlérien, ce choc a apporté une vie incroyable. Le rondo avec ses traits rapides est dirigé avec une grande précision et quelque chose de jubilatoire. Là aussi le contraste a été très réussi. Les instrumentistes se distinguent par une facilité incroyable. Les plans parfaitement organisés et d’une lisibilité totale ont permis de déguster un grand orchestre auquel rien n’est impossible.

Le finale débute avec une plainte des violons fortissimo dont la puissance a véritablement enveloppé l’auditeur provoquant une émotion très particulière à la fois d’une profonde tristesse et pleine d’espoir. La manière dont Myung-Whun Chung phrase tout ce mouvement tient du miracle, c’est à la fois large, puissant et bienveillant. Cette humanité transfigurée est d’une telle beauté que l’auditeur se sent transporté ailleurs, loin, très loin… passant d’une musique à la dimension cosmique au plus intime solo de violon, puis au silence. Le violon solo de Nathan Mierdl est angélique.
Myung-Whun Chung fait du silence final le point d’orgue de la symphonie et retient dans un souffle, musiciens et public pour un moment mystique. Les nuances infimes, les silences habités, les couleurs infinies, la puissance cosmique de tout l’orchestre, tout a été d’une incroyable perfection orchestrale et se rappellent à nous dans ce silence bienheureux. Mahler dans sa dimension si humaine est ici comme réincarné et devient très proche.

Myung-Whun Chung est un très, très grand chef et le Philharmonique de Radio France, un orchestre somptueux. Ce soir nous avons vécu un très grand concert et Mahler a été exaucé dans ses contrastes les plus inouïs. La satisfaction du chef a semblé totale et le public a exulté. De longs applaudissements ont salué cette interprétation exceptionnelle.

 

 

 

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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-Grains, le 8 déc 2022. Gustave MAHLER (1860-1911) : Symphonie n°9. Orchestre Philharmonique de Radio-France. Myung-Whun Chung, direction.
Photo : © Jean-Francois Leclercq

 

 

 

VIDEO :

VOIR Myung Whun Chung jouer Mahler (2020, Elbphilharmonie) :

Lien vers Mahler 9 : https://youtu.be/7NKvBNliyN8
Gustav Mahler Sinfonie Nr. 9 – Concertgebouworkest, Myung-Whun Chung | Elbphilharmonie LIVE
Captation intégrale du 11 février 2020

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