Tarmo Peltokoski et son Orchestre national du Capitole de Toulouse ont présenté ce jeudi 27 février au public de la Halle aux Grains de Toulouse le programme qu’ils vont bientôt jouer en tournée à Paris et en Allemagne.
Le Prélude à l’après-midi d’un Faune de Claude Debussy est une courte pièce magique que l’Orchestre National du Capitole pourrait jouer les yeux fermés. Tant de belles baguettes l’ont dirigé dans cette salle, Michel Plasson et Tugan Sokhiev tout particulièrement. Ce soir, Tarmo Peltokoski impose sa marque. Il donne beaucoup de liberté à l’orchestre tout en lui demandant des nuances très piano. Cette version est aérienne, subtilement rêveuse. Le chef finlandais évite toute force et toute idée de bacchanale. La beauté orchestrale, la tendresse des nuances, la souplesse de la texture donnent un côté vaporeux qui fait penser à certaines toiles impressionnistes.
Sol Gabetta entre ensuite en scène pour la deuxième œuvre au programme, la Rhapsodie Schelomo d’Ernest Bloch qui permet à la violoncelliste originaire d’Argentine un jeu d’une subtile émotion. Tout particulièrement dans les moments de grande mélancolie évoquant les pensées profondes du Roi Salomon. Les sonorités chaleureuses du violoncelle entretiennent avec l’orchestre un dialogue d’une parfaite osmose. Tarmo Peltokosski soigne les ambiances, fait éclater les couleurs, il est toujours très attentif à la soliste .Le final grandiose sonne comme une apothéose rappelant le Grand Roi que fut Salomon avant de reprendre les pensées très sombres du monarque portées par le violoncelle très émouvant de Sol Gabetta. Devant leur succès, l’orchestre et la soliste offrent un bis douloureusement mélancolique : une prière d’Ernest Bloch dans sa version pour violoncelle et orchestre. Sol Gabetta trouve un vibrato large et une profondeur de ton admirable. La fine musicalité de la soliste, du chef et des musiciens de l’orchestre permet une fusion parfaite. Assurément un beau lien existe déjà que la tournée va encore renforcer.
En deuxième partie de soirée, l’orchestre s’étoffe pour interpréter la Symphonie n°1 “dite Titan” de Gustav Mahler. Tarmo Peltokoski et son Orchestre du Capitole ont déjà joué cette œuvre au Concertgebouw d’Amsterdam avec grand succès, et ils semblaient ravis de la présenter à leur public toulousain. Là également, les choix de Peltokoski sont assumés et sa manière est très personnelle. Loin de chercher à révéler l’hétérogénéité de la partition, il cherche partout la beauté, l’élégance et le bonheur qu’elle contient. Sa direction très engagée entretient un dialogue constamment renouvelé avec les musiciens. Que ce soient les cuivres, les bois, les cordes ou les percussions chaque musicien donne le meilleur possible et le résultat est renversant. Les mouvements les plus réussis sont le premier et le dernier. La beauté du réveil de la nature est somptueuse, et l’énergie du finale est d’une puissance vertigineuse. L‘humour du deuxième mouvement aurait pu être davantage joué. C’est avec une énergie toujours renouvelée que Tarmo Peltokoski donne une grande puissance à ce mouvement. Pour le troisième mouvement, l’absence de grotesque laisse de côté une part de l’art mahlérien certes encore balbutiante dans sa première symphonie, mais bien présente. La grandeur du finale fait exulter le public, une Halle-aux-grains pleine à craquer qui applaudit à tout rompre, toujours signe d’un grand moment.
Ce concert-événement annonce une belle aventure entre ce chef si charismatique et l’excellent Orchestre du Capitole de Toulouse !
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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 27 février 2025. DEBUSSY / BLOCH / MAHLER. Sol Gabetta (violoncelle), ONCT, Tarmo Peltokoski (direction). Photo © droits réservés