Pour ce concert du 6 février, à la Salle Erasme du Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg, ce sont Felix Mendelssohn (Concerto pour violon N°2) et Anton Bruckner (Symphonie N°4) qui sont mis en miroir, avec la délicieuse violoniste bulgare Liya Petrova et la grand chef allemand Michael Sanderling.
Extrêmement à l’aise avec la partition, Liya Petrova joue de façon brillante et enlevée ce Concerto parmi les plus joués de la littérature violonistique. Rien ne lui résiste, et elle avale les mesures, bondit de trilles en trilles, offrant ce qu’il faut de vibrato, tout en sculptant de son archet frétillant – aussi prompt à la caresse qu’aux puissantes attaques de cordes – une interprétation qui restera dans les mémoires. Le magnifique Orchestre Philharmonique de Strasbourg, sous la battue aussi attentive qu’énergique du maestro berlinois, accompagne merveilleusement le soliste, et veille à une cohésion et une rigueur rythmique remarquables tout au long de la pièce. En bis, la violoniste étant très amis avec la violoniste solo et le violoncelliste solo de la phalange alsacienne, elle donne tour à tour en leur compagnie deux courtes pièces de Bartok.
Après l’entracte, place à la fameuse 4ème Symphonie d’Anton Bruckner, dite “Romantique”, la seule de ses 9 opus symphoniques à posséder un titre, et qui est peut être l’une des raisons de son succès dans les programmations symphoniques. Dès le début du frémissement subtil des cordes et le chant du cor solo, la magie opère. Cette œuvre si complexe et longue nous entraîne dans un voyage à la fois dans la nature, le temps, et l’espace. La manière dont la direction de Sanderling déroule une sorte de dramaturgie évidente, semble emporter les musiciens et le public à voir large et grand. Regard intérieur poétique également, sur la beauté de musique pure, même si des images naissent à chaque instant. L’entente entre le chef et l’orchestre est entier, et c’est donc comme d’un grand instrument que le chef peut jouer pour obtenir la subtile alchimie brucknérienne. Les superbes instrumentistes de l’OPS sont parfaitement équilibrés, sans rien céder à une qualité de jeu personnel ; c’est la manière de s’écouter et de se renforcer qui procure cette sécurité d’écoute de chaque instant : les violons 2 savent répondre aux sollicitations du chef, obtenant un parfait équilibre avec les violons 1, tandis que toutes les contrebasses créent, de leur côté, une pulsion matricielle d’une force incroyable, dont l’orchestre tout entier bénéficie. Enfin, les bois solo émeuvent, les cuivres impressionnent, et le drapé des cordes, d’un épais velours ou d’un tulle arachnéen, est un vrai régal. Le public alsacien ne s’y trompe pas et fait un triomphe tant au chef qu’aux merveilleux instrumentistes de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg !…
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CRITIQUE, concert. STRASBOURG, Salle Erasme, le 6 février 2025. MENDELSSOHN / BRUCKNER. Orchestre philharmonique de Strasbourg, Liya Petrova (violon), Michael Sanderling (direction). Toutes les photos © Grégory Massat
agenda
PROCHAIN CONCERT événement de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, le 7 mars 2025 :
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