Après avoir réformé et même révolutionné l’opéra romantique (et le genre lyrique tout court), dans son fabuleux RING ou l’Anneau des Niebelungen – vaste cycle lyrique en 4 « journées » (Un prologue et 3 drames : L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des Dieux – « Tétralogie » créée en totalité à Bayreuth pour l’inauguration du Théâtre en 1875), Richard Wagner compose son dernier opéra en s’inspirant de la fable médiévale, soit la geste du simple guerrier non initié, Perceval qui dans la confrontation avec plusieurs situations radicales, détermine son propre destin…
L’étranger suit son cœur et prend les bonnes décisions, en sauvant le monde (la vieille société des chevaliers réunis autour de leur roi Amfortas, souverain corrompu…) ; Parsifal devient non seulement un preux mais il incarne un nouvel idéal humaniste, habité par l’essence de la fraternité et de la compassion… il rencontre et comprend et Amfortas et le pécheresses en quête de salut, Kundry… Il sauve un monde perdu et condamné. Le programme défendu par Oksana Lyniv collectionne les défis ; si le Prélude de Parsifal exprime les méandres du cheminement spirituel du héros, et aussi dévoile le mystère de celui qui est l’élu, le Concerto pour violon de Sibelius transporte dans d’autres mondes ; la sensibilité du compositeur finlandais célèbre le miracle transcendant de la Nature dont le violon et l’orchestre semblent capter les moindres vibrations…
Psychiquement condamné, Robert Schumann libère son génie musical dans le genre symphonique : sa Symphonie n°2, composé à l’âge de 36 ans, est un sommet du genre, dans la lignée de Beethoven et avant l’accomplissement de son jeune protégé, Johannes Brahms. Le programme du concert véritable bain symphonique, à travers d’immenses défis, va dévoiler sous la direction de la maestra Oksanna Lyniv, la profonde cohésion comme l’adaptabilité réjouissante du Philharmonique de Strasbourg. Incontournable.
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STRASBOURG, Palais de la Musique et des Congrès
vend 7 mars 2025, 20h
RÉSERVEZ vos places directement sur l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg : https://philharmonique.strasbourg.eu/detail-evenement/-/entity/id/484293091/oksana-lyniv
Programme
Richard Wagner : Prélude de Parsifal
Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur
Robert Schumann : Symphonie n°2 en do majeur
Distribution
Oksana LYNIV, direction,
Simone LAMSMA, violon
Conférence d’avant-concert
Vendredi 7 mars 19h – Salle Marie Jaëll, entrée Érasme
– Accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles ; » Entre ombre et crépuscule » : textures et sensations musicales, par Cyril Pallaud
approfondir
La Symphonie n°2 de Robert Schumann
C’est l’opus symphonique où Robert Schumann affirme sa solidité psychique, sa pleine possession psychologique, une clairvoyance affirmée, proclamée. Admirateur du Beethoven combatif lui aussi, atteint, saisi au plus profond de lui-même, Schumann veut dire sa victoire contre la fatalité et l’adversité. La Symphonie n°2 porte et cultive ce sentiment héroïque et impérieux. Robert semble nous dire : non je ne suis pas fou ! … toujours éperdu, enivré par les beautés de ce monde et les forces mises à disposition pour vaincre les épreuves. L’opus est créé à Leipzig le 6 novembre 1846 — durée indicative : 44 mn.
Le Premier mouvement énergique requiert nerf et vivacité, flux organique impétueux d’où peu à peu émerge la force primitive d’un esprit de conquête d’une irrésistible détermination : c’est un feu volcanique presque dansant que l’orchestre saisit avec une impatience candide échevelée : toute la force de vie d’un Schumann pourtant atteint s’exprime dans ce formidable portique d’ouverture. Le Scherzo regorge lui aussi de belle vitalité mais ici de nature chorégraphique: à la fois dionysiaque et prométhéen. Où le feu de Prométhée est transmis irradiant aux hommes. Même accomplissement total pour l’Adagio expressivo : plus intérieurs, recueillis, au bord du gouffre, bois et cordes en fusion émotionnelle, s’épanchent par contraste. L’énoncé à la clarinette, flûte/basson, hautbois… accorde pudeur et sensibilité… puis l’alliance cordes/cor dit l’ascension et ce désir des cimes, d’oubli et d’anéantissement. C’est le retour rêvé à l’innocence simultanément à des blessures secrètes. Enfin dans le Finale s’impose la victoire de l’esprit ; la reprise d’une conscience recouvrée reconstruit dans l’instant une prodigieuse vitalité conquérante : l’ivresse d’un crescendo progressif d’une irrésistible effervescence affirme l’équilibre et la pleine clairvoyance du héros.