Compte rendu, opéra. Paris. Théâtre des Champs Élysées, le 27 juin 2017. MOZART : Les Noces de Figaro. Solistes, choeur du Garsington Opera. Orch de Chambre de Paris, Douglas Boyd / Deborah Cohen.

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Compte rendu, opéra. Paris. Théâtre des Champs Élysées, le 27 juin 2017. MOZART : Les Noces de Figaro. Solistes, choeur du Garsington Opera. Orch de Chambre de Paris, Douglas Boyd / Deborah Cohen. Les Noces de Figaro de Mozart reviennent au Théâtre des Champs Élysées sous la baguette du chef Douglas Boyd dirigeant l’Orchestre de Chambre de Paris. Pour une version de concert extraordinaire, une plutôt jeune et pétillante distribution issue du Festival lyrique Garsington Opera se présente aisément sur scène. Une mise en espace d’après la production scénique du festival est assurée par Deborah Cohen. Une soirée comique et sentimentale, où règne la sincérité édifiante des pages du Maître salzbourgeois.

 

 

 

Noces anglo-parisiennes

 

 

Le nozze

 

 

Le Nozze di Figaro est l’un des rares opéras dans l’histoire de la musique à n’avoir jamais dû subir d’absence au répertoire international. En effet, depuis sa création il y a plus de 230 ans, le monde entier n’a pas arrêté de solliciter et d’adorer le sublime équilibre entre la musique géniale et immaculée de Mozart et l’élégant autant qu’amusant livret de Lorenzo da Ponte, d’après Beaumarchais. Le chef Douglas Boyd propose un concert pas comme les autres en invitant la distribution de la production récente des Noces au Festival Garsington Opera, avec une conception scénique sur le plateau d’après ladite production. L’ouverture de l’œuvre est légère et étrangement… anglaise ? S’enchaînent 4 actes qui passent rapidement, en dépit d’une volonté affirmée de mettre en valeur le clair-obscur inhérent à l’opus. Ainsi, au niveau instrumental, nous trouvons un Orchestre de Chambre de Paris en bonne forme en termes générales, même si les prestations des cors dans la première partie de la soirée ont été très peu réussies. Les bois, au contraire, ont brillé d’une candeur toute mozartienne, viennoise, avec une limpidité fantastique dans l’exécution tout à fait française, au cours des quatre actes. Les cordes de l’ensemble paraissent caractérielles, dansant toujours autour de l’espièglerie et de la nonchalance, sans omettre de la profondeur et de la tendresse.

Comme souvent, le sommet en fut l’archicélèbre finale du 2e acte. 20 minutes ou presque de chant ininterrompu ; les interprètes à l’occasion ont été à la hauteur de la tâche musicale et comique.

 

Les performances du couple aristocratique Almaviva par Duncan Rock et Kirsten MacKinnon ont été si réussies qu’on pourrait croire qu’il s’agît du couple vedette et pas des seconds rôles. Lui, excellent acteur et d’un physique imposant et attirant, se distingue par le timbre de sa voix et par une certaine prestance… Son air « Hai gia vinta la causa… » au troisième acte est fortement récompensé par le public. Il assure de même une belle présence musicale dans les nombreux ensembles.
La Contessa de la MacKinnon est une vision d’amour et dignité comme on les aime. Sa présence sur le plateau est captivante en silence, troublante de beauté quand elle chante. Une comtesse plus altière et sentimentale qu’affectée et hautaine. Si son « Porgi amor » et « Dove sono » sont beaux -surtout le dernier, suscitant les frissons!-, elle se démarque aussi par un chant maîtrisé, brillamment stylisé -ma non troppo-, une voix large, un souffle interminable, et surtout un timbre irrésistible, lors de nombreux ensembles. Retenons le duo de la lettre avec Suzanne au troisième acte, un bijoux d’harmonie, inoubliable.

Très nombreux ainsi, les moments remarquables pour la distribution, que ce soit « La Vendetta » je n’en peux plus bouffe d’un superbe Stephen Richardson en Bartolo ; la prestation touchante d’Alison Rose en Barberine, avec ce joyau qu’est « L’ho perduta » ; ou encore l’incroyable Marta Fontanals-Simmons en Cherubino, rayonnant de candeur et de vitalité, tout à fait juvénile et amoureuse lors de ses airs « Non so più » et « Voi che sapete »; ainsi que la Marceline un peu hystérique et complètement délicieuse de Janis Kelly.

 

 

Le Nozze Di Figaro by Wolfgang Amadeus Mozart at Garsington Opera

 

 

Que dire de la Prima Donna et d’il Primo Uomo ? Le couple de Figaro et de Suzanne composé par Joshua Bloom et Jennifer France, est un couple de choc. Elle est pétillante et piquante à souhait, mais aussi touchante d’humanité. Son air au 4e acte « Deh vieni, non tardar », une conclusion exquise à sa performance globalement excellente. Lui, un tour de force. Sa performance est pleine de brio gaillard, sa voix se projette aisément et son art de la déclamation est réussi.
Lui campe un Figaro qui séduit par la force de son talent musical et son investissement scénique -même sans mise en scène !-. Félicitons également l’excellent choeur du Festival de Garsington Opera, très sollicité et d’une qualité rare. Un mariage anglo-français à l’italienne, à Vienne. Mais aussi une soirée lyrique fantastique au Théâtre des Champs Élysées. Mémorable.

 

 

 

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Compte rendu, opéra. Paris. Théâtre des Champs Élysées, le 27 juin 2017. MOZART : Les Noces de Figaro. Jennifer France, Joshua Bloom, Duncan Rock, Kirsten MacKinnon… Solistes et choeur du Garsington Opera. Orchestre de Chambre de Paris, Douglas Boyd, direction. Deborah Cohen, mise en espace. Illustrations : © Mark Douet-min.

 

 

 

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