jeudi 28 mars 2024

Compte rendu, opéra. PARIS, Opéra Comique, le 3 février 2018 / Et in Arcadia ego… Léa Desandre, Les Talens Lyriques / Phia Ménard

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Desandre-lea-et-in-arcadia-ego-opera-comique-critique-par-classiqueenwsCompte rendu, opéra. PARIS, Opéra Comique, le 3 février 2018 / Et in Arcadia ego… Léa Desandre, Les Talens Lyriques / Phia Ménard. Remanier une œuvre est un procédé très utilisé à la période baroque, Rameau lui-même utilise plusieurs pièces écrites pour le clavecin dans ses propres opéras. Quand une œuvre ne trouvait pas son public, on la retrouvait peu de temps après dans une nouvelle version ; plusieurs opéras du compositeur ont connu ainsi une nouvelle version. Le trio plutôt expérimenté : Rousset, Ménard, Reinhardt (chef, metteuse en scène, écrivain) a créé un nouveau parcours à partir d’œuvres déjà connues de Rameau ; revoir les œuvres, les appréhender autrement est toujours une expérience qui ne manque d’intérêt.
Et in Arcadia Ego a été constitué comme un vrai opéra, quatre entrées ou tableaux nous racontent la vie et la mort du personnage incarné par la jeune mezzo française, récemment distinguée, Lea Desandre.

Tout commence dans une ambiance informelle, sans préparation, les lumières de la salle sont encore presque totalement allumées, le public est encore bruyant et hop, on est déjà dans la (formidable) ouverture de Zaïs.
Tout au long du spectacle, nous découvrons l’histoire grâce au texte écrit par Éric Reinhardt. Pour servir l’histoire, les paroles des airs sont revisités à chaque fois que le dramaturge veut nous guider sur le fil de son sujet. Des interludes projetés remplacent les récitatifs, – lesquels sont absents dans ce spectacle, nous aidant à mieux comprendre l’état d’esprit  de Marguerite (Lea Desandre).

Après un long texte projeté sur le rideau comme un prologue, le  rideau de fer est levé, découvrant  une paroi de lumière aveuglante ou presque. En tout cas, le public semble méconnaître les concerts de rock, dont l’impact visuel est bien plus aveuglant. Néanmoins, le dispositif aveuglant marche, le public grimasse, ronchonne  … Il se chauffe également par la puissance des lampes.
Après quelques longueur et tendresses orchestrales, enfin se déploie la première intervention du chœur qui doit représenter la voix de l’espace. Dommage qu’il reste caché et voilé tout au long du spectacle, car sa présence aurait vraiment apporté de la force. Il faut vraiment saluer la qualité des chanteurs du chœur, leur précision malgré quelques petits décalages avec l’orchestre au début du spectacle que Rousset n’est pas arrivé à fédérer.

DEsandre-lea-opera-comique-spectacle-opera-comique-la-critique-et-in-arcadia-ego-critique-par-classiquenews-photo-portrait-2Pour sa part, soliste vedette du spectacle, Lea Desandre incarne un personnage omniprésent, plus qu’une divinité, l’incarnation du réel qui doit retrouver sa mort annoncée, non sans nous expliquer que son parcours a été riche et que nul regret est nécessaire. Rameau, peut-être a éprouvé ce même sentiment quand il a composé à l’âgé de 50 ans son premier opéra, ce vieillard savait que la partie était  déjà jouée pour lui et il a tout osé, ce qui fait de lui et de sa musique un hiatus d’une telle manière que son œuvre supporte toute les expériences baroques ou contemporaines sans fléchir, à condition que les acteurs embrassent les changements proposés par la direction scénique.

Malgré le talent de Lea Desandre et de sa prestation scénique et musicale engagée, il n’est pas facile de nous tenir sen haleine pendant une heure et demi ; il s’agit d’un pari risqué quand on est encore une jeune artiste.
Tout est permis pour continuer à nous présenter la merveilleuse musique de Rameau, on salue l’audace de la plasticienne, chorégraphe, metteuse en scène Phia Menard ; elle a cassé tous les codes et a placé le public comme partie intégrante de ce show, au risque de recevoir une chaude huée à la fin de la représentation. Mais on aurait aussi voulu écouter l’ensemble Les Talens Lyriques plus audacieux, plus contrasté, plus loquace. Malgré l’immense qualité de ce spectacle et la vive recommandation d’aller l’apprécier à l’Opéra Comique afin d’avoir vos propres impressions, un sentiment étrange nous submerge. Tant d’idées et de raffinement intellectuel … pour finalement un sentiment de n’être pas rassasié, quel anachronisme. Persistante frustration.

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Compte rendu, opéra. PARIS, Opéra Comique, le 3 février 2018 / Léa Desandre, Les Talens Lyriques / Phia Ménard, création d’après Rameau, jusqu’au 11 février 2018.

 

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