COMPTE-RENDU, danse et concert. PARIS, 13è Art, le 31 déc 2019. FOLIA : Tarentelles et danse. Merzouki / FE COMTE, Le Concert de l’Hostel Dieu. L’onirisme porte ce spectacle légitimement acclamé (depuis sa création en 2018) car la fusion de la danse hip hop et du baroque le plus échevelé tient du miracle ; un sens très appréciable de la transition et des enchaînements qui pourrait inspirer bien des concepteurs. A partir d’une collection de tarentelles napolitaines et autres standards baroques dont Vivaldi, les instrumentistes du Concert de l’Hostel Dieu et Franck-Emmanuel Comte aux claviers revisitent avec une trépidation engageante chaque section musicale qui devient tableau chorégraphique captivant sous l’effet des mouvements collectifs de la Compagnie de danseurs du chorégraphe Mourad Merzouki.
HIP HOP et BAROQUE
la fusion idéale du couple Merzouki et Comte
La complicité et la compréhension mutuelle des deux artistes fonctionnent d’évidence, livrant un flux continu de force, de poésie, de pulsion rythmique et physique qui interroge le sens même des danses choisies dont la tarentelle. Tout s’enchaîne sans heurts, jouant des contrastes, de la variété des épisodes dont les mélodies chantées par la soprano Heather Newhouse ; le summum étant atteint avec le Nisi Dominus, Cum dederit de Vivaldi (Psaume 126) pour lequel la cantatrice paraît au sommet d’une immense sphère qui pourrait être sa robe mappemonde.
De part en part, d’immenses coloquintes évidées créent des coupoles végétales mobiles où se nichent instrumentistes, chanteuse, danseurs… Tout s’enchaîne avec grâce et cohérence, en particulier dans l’unité de la sélection musicale : les danseurs hip-hop s’accordent à l’acuité expressive des cordes. L’équation entre les écritures associées, de la danse contemporaine et urbaine, et de la musique baroque produit un théâtre du mouvement et de la vie particulièrement homogène, fruit de la rencontre féconde entre Mourad Merzouki et Franck-Emmanuel Comte.
A la vitalité permanente des tableaux répond aussi une réflexion sur le sens du spectacle : ce groupe qui porte des sphères, qui se renvoie un globe bientôt éclaté (avec effets de ralentis de corps en corps, assez sidérant) ne reflète-t-il pas la course de notre monde en perte d’équilibre et d’harmonie ? Et l’on comprend pourquoi « Folia » a été choisi comme titre générique. La tarentelle est une danse qui libère par sa transe. Libération d’un temps de convulsions dangereuses et menaçantes pour que naisse, enfin, ce monde miraculé, pacifié et fraternel que nous attendons de tous nos vœux et que sollicite en réalité le fabuleux spectacle. Il faut repérer les reprises de cette fresque hypnotique et saluer la volonté de bannir les frontières comme élargir le bénéfices des métissages artistiques : ce produit hors normes ravit les sens. Il régénère aussi l’approche du baroque sur la scène. Magique.
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LIRE aussi notre critique complète du cd FOLIA regroupant les musiques du ballet FOLIA
CD, critique. FOLIA. Le Concert de l’HOSTEL-DIEU, Franck-Emmanuel Comte, direction (1 cd 1001 NOTES, 2018). Voici un programme musical qui malgré son « prétexte » chorégraphique s’écoute avec plaisir, tant la sonorité, le geste, l’implication des musiciens du Concert de l’Hostel-Dieu savent incarner chaque séquence choisie, en un cycle dont l’unité fait sens, et ses contrastes, réactivent continument la tension et la vitalité.
https://www.classiquenews.com/cd-critique-folia-le-concert-de-lhostel-dieu-franck-emmanuel-comte-direction-1-cd-1001-notes-2018/
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A VENIR
Le Concert de l’Hostel Dieu et Franck Emmanuel Comte proposent en février 2020, la suite du cycle BAROQUE AU FEMININ (volet 2 : Compositrices françaises du Siècle des Lumières, les 11 et 12 février 2020), puis en juin, un focus sur une diva oubliée pourtant légendaire, Elisabeth DUPARC, « la Francesina », mer 10 juin 2020
LIRE ici notre présentation de ces deux temps forts de la saison 2019 2020 à LYON
http://www.classiquenews.com/le-concert-de-lhostel-dieu-nouvelle-saison-2019-2020-temps-forts/
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