lundi 14 octobre 2024

Compte-rendu, concert. Strasbourg, Salle Erasme du Palais de la Musique et des Congrès, le 17 avril 2017. Hector Berlioz : Les Troyens. John Nelson, direction.

A lire aussi
Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Compte-rendu, concert. Strasbourg, Salle Erasme du Palais de la Musique et des Congrès, le 17 avril 2017. Hector Berlioz : Les Troyens. John Nelson, direction. Annoncé comme « l’événement musical de l’année », ces Troyens de Berlioz donnés en version de concert par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg en vue d’une édition discographique à paraître chez Warner ont tenu leurs promesses au-delà de toute espérance. Il faut dire que l’institution alsacienne a vu (et fait) les choses en grand en invitant l’américain John Nelson, chef Berlozien émérite, ainsi que la fine fleur du chant francophone en plus de deux stars incontournables de l’art lyrique pour incarner Didon et Enée : Joyce DiDonato et Michael Spyres.

 

 

 

Troyens

 

 

 

Reine des trois derniers actes, la mezzo américaine incarne sans jamais faillir la dignité tour à tour altière et blessée de Didon. Port de souveraine, diction parfaite, chant magnifiquement mené de bout en bout, elle subjugue l’auditoire et toutes ses interventions atteignent la plus irréelle beauté. De son côté, Michael Spyres offre un chant plein de fougue et d’éclat, malgré son timbre clair, à la fois lyrique et léger, ce qui nous change (agréablement) des ténors wagnériens auxquels on attribue généralement (à tort) le rôle d’Enée. Après un air d’entrée empli d’une énergie abrupte, il convainc plus encore dans le duo d’amour du IV « Nuit d’ivresse et d’extase infinie », délivré en voix mixte. Dans le rôle de Cassandre, le contralto québécois Marie-Nicole Lemieux offre un portrait saisissant de son personnage, qu’elle aborde avec une énergie qui emporte tout sur son passage, notamment dans ses imprécations à la fin du II « Thessaliennnes ! ». La mezzo polonaise Hanna Lipp se montre touchante en Anna, avec un beau timbre assez corsé, tandis que Stéphane Degout est le Chorèbe le plus élégant que l’on puisse imagine. Quant à Marianne Crebassa, elle s’impose d’emblée comme un Ascagne de référence. On se régale par ailleurs de la justesse avec laquelle les rôles de moindre importance ont été distribués : la grandeur de Narbal, portée par la voix tonitruante et majestueuse de Nicolas Courjal, la solennité du Spectre d’Hector, campée depuis les coulisses par Jean Teitgen (également imposant Mercure), la splendide apparition d’Iopas, dont l’air « Ô blonde Cérès » s‘orne d’un contre-Mi subtil lancé par le fringant Cyrille Dubois, ou encore la mélancolie de l’Hylas d’un Stanislas de Barbeyrac en grande forme. Mais tous seraient à citer tant chaque rôle a été distribué avec un soin parfait.

Excellente, également, la direction du maestro John Nelson, en pleine possession de ses moyens, modelant dans le marbre une palpitante masse chorale (les Chœurs réunis du philharmonique de Strasbourg, de l’Opéra national du Rhin et de la Badischer Staatsoper), et régnant sur un Orchestre philharmonique de Strasbourg qui sonne ce soir comme un océan instrumental, passant de la fraîcheur aux feux grégeois. Telles furent donc ces pérégrinations troyennes : une ivresse de musique, une fête de timbres et de voix portés jusqu’à l’incandescence. Alors vivement l’enregistrement pour revivre ce concert historique !

 

 

 

____________________

 

 

 

Compte-rendu, concert. Strasbourg, Salle Erasme du Palais de la Musique et des Congrès, le 17 avril 2017. Hector Berlioz : Les Troyens. Par ordre d’entrée sur scène, Un soldat et un capitaine grec : Richard Rittelmann, Cassandre :Marie-Nicole Lemieux, Chorèbe : Stéphane Degout, Enée : Michael Spyres, Ascagne : Marianne Crebassa, Panthée : Philippe Sly, Hylas : Stanislas de Barbeyrac, Priam : Bertrand Grunenwald, Hécube : Agnieszka Sławińska, Ombre d’Hector et Mercure : Jean Teitgen, Didon : Joyce Di Donato, Anna : Hanna Hipp, Iopas : Cyrille Dubois, Narbal : Nicolas Courjal, Sentinelle I : Jérôme Varnier, Sentinelle II : Frédéric Caton. Chœur de l’Opéra national du Rhin (direction du chœur : Sandrine Abello), Badischer Staatsopernchor (chef du chœur : Ulrich Wagner), Chœur philharmonique de Strasbourg (chef du chœur : Catherine Bolzinger). Orchestre philharmonique de Strasbourg. John Nelson (direction musicale)

 

 

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. MONTE-CARLO, Auditorium Rainier III, le 6 octobre 2024. SAINT-SAËNS : L’Ancêtre (en version de concert). J. Holloway, J. Henric, G. Arquez, H....

On le sait, Monte-Carlo fut - au début du XXe siècle sous l’impulsion de Raoul Gunsbourg (directeur à l’époque...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img