vendredi 19 avril 2024

Claude Debussy: portrait musical France Musique, du 6 au 10 avril 2009 à 13h

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Claude Debussy

(1862-1918)

France Musique,
Du 6 au 10 avril 2009, tous les jours à 13h

« Grands compositeurs », Claude Debussy. 5 volets radiophoniques,


Poète du silence et de la mer

La mer fut certainement un élément déterminant dans la maturation et l’équilibre poétique de Debussy. L’élément marin comme c’est le cas de Roussel joue comme un catalyseur poétique, le déclencheur et l’aliment de l’activité créatrice. Le bord de mer découvert à Cannes chez son parrain, puis les leçons de piano données par la belle-mère de Verlaine madame de Fleurville, qui se disait élève de Chopin, aiguisent ainsi une jeune âme musicale, tournée vers les correspondances et les affinités secrètes. A 10 ans, Debussy, poussé par ses parents qui l’imaginent déjà en virtuose, entre au Conservatoire: 12 ans d’apprentissage méthodique non sans résistance aux règles du cadre scolaire, forgent un musicien accompli qui au piano « ose  » jouer Bach avec tempérament et originalité (quand le compositeur baroque n’était joué que sans interprétation, comme un exercice digitale). Alors que les parents s’étonnent que le pianiste ne remporte aucun prix ni distinction, le milieu musical remarque déjà ses dons sensibles pour l’interprétation, grâce à sa maîtrise des dynamiques, un moelleux incomparable du toucher (admiration sans borne de Stravinsky entre autres). A défaut d’être un pianiste reconnu, Debussy sera compositeur: il suit ainsi dès 1880, le cours de composition de Guiraud.
Libre et fantaisiste, rêveur, sensible aux univers indicibles d’une nouvelle esthétique en quête de sa forme stable, Debussy, bien que très réservé sur les institutions et tout académisme, se présente pour le Concours du Prix de Rome… qu’il obtient en 1884. Plus tard en 1900, il crée sur le modèle de Monsieur Teste légué par Paul Valéry, son Monsieur Croche qui lui permet de fustiger et de brûler les choix d’hier. Comme Berlioz, le pensionnaire de la Villa Médicis à Rome, ressent très mal le cocon préservé du séjour romain. Michel-Ange (découvert à la Sixtine entre autres) semble retenir toute son attention.


Protégé de Mme Meck

Comme Tchaïkovski avant lui, le jeune musicien devient le protégé et l’homme à tout faire de la richissime Madame Von Meck qui avait financé sans compter l’activité du compositeur russe. Parcourant l’Europe, professeur des enfants Meck, Debussy découvre Wagner (Tristan à Vienne en 1882): à Bayreuth en 1887, le musicien est un admirateur enthousiaste qui prend cependant plus de recul lors de son second séjour (1889): dénonçant le « système » excessif du leit-motiv. C’est pourtant sur la forme suspendue, irrésolue, hautement interrogative transmise par Wagner, que Debussy construit et trouve son propre langage.
Féru de correspondances au sens baudelairien, Debussy trouve parmi les symbolistes dont Pierre Louÿs (qui devient un ami), un nouveau terreau pour ses expérimentations musicales. Le non-dit et l’allusif plutôt que le réalisme cru voire sordide et dénonciateur. L’impressionnisme, nouvel art rétinien qui transforme formes et couleurs s’impose, comme Erik Satie adhère alors aux thèses du mage Péladan, fondateur de l’ordre des Rose-Croix. A l’écoute des sons inédits et inconnus, Debussy remarque le gamelan javanais à l’Expo Universelle de 1889, puis, comme une révélation, l’opéra Boris Godounov de Moussorgski (1893) dont les audaces harmoniques exigées par la registration dramatique de l’action l’inspire particulièrement.

L’Après-midi d’un faune (1894), d’après le poème de Mallarmé, est un premier acte triomphal: l’écriture fusionne lied, sonate, variation en une structure libre et flottante dont Paul Dukas a relevé l’originalité puissante et irrésistible. Puis, Debussy à partir de 1893, s’attèle à son chef d’oeuvre lyrique, Pelléas et Mélisande dont il vient d’écouter la pièce théâtrale de Maeterlinck aux Bouffes Parisiens. En résonance avec le Tristan wagnérien, les deux amants, impuissants, démunis, ne parlent pas mais subissent: leur amour ne peut se réaliser que dans la mort, l’abandon, le renoncement. Le chantier de Pelléas durera 10 ans, ponctué de divers avatars dont la brouille avec Maeterlinck: l’opéra visionnaire, véritable manifeste pour la modernité musicale (comme le sont Les Demoiselles d’Avignon de Picasso, en 1907), est créé le 27 avril 1902.

France Musique, « grands compositeurs »: Claude Debussy. 5 volets radiophoniques, du 6 au 10 avril 2009, tous les jours à 13h

Illustration: Claude Debussy, Picasso: Les demoiselles d’Avignon (DR)

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