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Cecilia Bartoli, l’art des castratsArte, dimanche 13 mars 2011 à 19h15

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Cecilia Bartoli
L’art des castrats

Arte
Dimanche 13 mars 2011 à 19h15

Ambassadrice de charme et de choc, la mezzo soprano romaine Cecilia
Bartoli
explore les territoires inexplorés de la musique. Après avoir exhumé
des oeuvres en partie inédites de Vivaldi, Gluck et Salieri, après une
digression dans la Rome baroque (avec « Opera proibita ») puis dans
l’empire du bel canto de Maria Malibran, elle s’intéresse ici à l’âge d’or des castrats, en particulier ceux napolitains dont l’apprentissage et la formation relève d’une épreuve proche de la torture… C’est une approche musicologique et interprétative dont elle a le secret et toujours pleinement convaincante, qu’elle double surtout d’un regard critique en dénonçant le sacrifice des garçons, victimes à Naples d’une mutilation nécessaire mais souvent criminelle… Le programme qui en découle a été l’objet d’un coffret discographique, intitulé à juste titre « Sacrificium » (Decca).
Elle plonge ainsi dans une époque pleine de
contradictions, où s’entrechoquent beauté et cruauté, érotisme
chatoyant et ambiguïté sexuelle, magnificence et misère. Jamais
auparavant et jamais depuis lors autant de sacrifices n’ont été
perpétrés sur l’autel de la musique, jamais autant de garçons n’ont été
mutilés afin qu’une poignée d’élus seulement, castrats salués et vénérés même de leur vivant, puissent envoûter les
scènes lyriques d’Europe avec un art du chant jusqu’alors inouï, qui
leur valut d’être adorés comme des superstars du baroque.
La
musique des castrats est, pour Cecilia Bartoli, un projet ambitieux, avec des arias et des enchaînements de
coloratures d’une difficulté technique extrême, puisqu’ils étaient
adaptés aux capacités vocales des castrats.
Soucieuse de donner à la
musique des castrats un écrin à sa hauteur, Cecilia Bartoli a choisi le
théâtre baroque et quelques salles fastueuses du palais royal de
Caserte, près de Naples. Outre les oeuvres de Porpora, elle chante des
arias de Georg Friedrich Haendel, Carl Heinrich Graun, Geminiano
Giacomelli, etc.Pour cet événement, elle est accompagnée par l’orchestre
« Il Giardino Armonico », sous la direction de Giovanni Antonini.

La captation a été l’objet d’un dvd « Sacrificum », édité par Decca. Les 9 airs ici enregistrés avec la complicité exaltante du Giardino
Armonico
(sous la direction toute en muscles et nerfs de Giovanni
Antonini
), font la part belle au maître à tous, figure
incontournable de l’école du chant napolitain et berceau des castrats
italiens, Nicola Porpora. Le maître de Haydn à Vienne
se voit gratifié de 6 airs dont l’ample « Parto, ti lascio, o cara de
Germanico (Rome, 1732, conçu pour Caffarelli) dont les
instrumentistes restituent également la sinfonia en première
mondiale. La cantatrice défend aussi 2 airs de Siface (Milan,
1725), mais le caracère de Semiramide, et Adelaide
(qu’incarna à Rome pour la création de 1723, le jeune Farinelli alors
âgé de 18 ans!) lui va tout autant.
La diva complète cet alléchant programme télévisé avec Broschi (air
écrit pour son frère Farinelli: Son qual nave de Artaserse,
Londres, 1734) et Araia, napolitain qui fit toute sa carrière à
Saint-Petersbourg (« Cadro, ma qual si mira » de Berenice
(Venise, 1734), l’un des airs préférés de Cecilia Bartoli, avant de
conclure avec un standard légendaire quasi obligé, le fameux « Ombra
mai fu
 » de Serse (Londres, 1738) que Haendel écrivit pour
Cafarelli.


Cafarellienne, Farinellienne… jusqu’au bout des ongles, en une agilité
vocale habitée et palpitante, Cecilia Bartoli éblouit par sa prestance
naturelle, son jeu scénique, ses tours et enchantements d’une diva
décidément atypique: visionnaire, engagée, défricheuse. En lire +
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