Coffret cd. JS Bach : masterworks (50 cd) … somme jubilatoire s’agissant de Bach, un Bach façonné par le chercheur d’âme et d’émotions sur instruments modernes (avec excusez du peu : Fischer Dieskau, Maria Studer, Edith Mathis, Ernst Haefliger entre autres… dans la Messe en si de février 1961 : un sommet de souffle, d’intensité palpitante) Karl Richter (1926-1981). L’ex enfant prodige et fils de pasteur qui fonda la société Bach de Munich (orchestre et chœur) au début des années 1950 et rayonna jusqu’à l’avènement des Harnoncourt et Leonhardt, s’offre ici une sorte de bain de jouvence : certes côté acuité des timbres, recherche instrumentale et phrasés instrumentaux, nous repasserons, mais… la finesse des équilibres, l’intonation, le style et l’attention expressive sont loin de démériter. De l’excellent ouvrage … à l’ancienne.
Plus au fait des innovations organologiques et musicologiques, donc sur instruments anciens, Trevor Pinnock et son English Concert (incisives et pétillantes Suites orchestrales et ouvertures de 1978, non moins sémillants et raffinés, solaires et tendus Concertos pour clavecin de 1981), Reinhardt Goebel du temps de son activité à la tête de Musica Antiqua Köln (L’Offrande musicale BWV 1079 réalisé à Munich en 1979), Hogwood (Cantates profanes du Café et des paysans de 1986) et Gardiner (Oratorio de Noël de 1987, Saint-Jean de 1989, Cantates éditées pour Archiv au début des 90′), mais aussi plus proche de nous l’excellent Paul McCreesh, lui aussi fervent amateur d’allègement surtout choral (jusqu’à une voix par partie pour sa Saint-Matthieu de 2002) compensent l’arrière garde pourtant inspirée de l’époque Richter. De ce dernier, la boîte miraculeuse contient donc l’essentiel : Cantates avec un plateau de superbes solistes, portés par la ferveur d’un choeur déjà articulé et diseur, ou le recueil Schemelli des chants sacrés avec Peter Schreier de 1978 …)
De sorte que le coffret de 50 cd nous offre une excellente opportunité pour traverser les époques, décennies et manières interprétatives s’agissant des Cantates, Passions d’un Bach dont on ne cesse alors de se délecter de la prodigieuse universalité poétique.
Côté clavier, vous pourrez savourez l’exhaustivité pluri stylistique de l’offre réunie : le clavecin de Pinnock (Goldberg, 1980) et Gilberth, le piano (volet réellement impressionnant du coffret) de Argerich (secrète et envoûtante en 1979), Pires (1994, 1995 à la fois enfantine et funambule), Ivo Pogorelich, Aimard, Pollini (Clavier bien tempéré, 2008 et 2009) … quand même ; l’orgue de Preston, surtout Helmut Walcha (somptueux album DG de 1962, 1970 alliant sobriété et élégance), Richter soi même (ne peut comprendre l’oeuvre de Bach sans en maîtriser aussi les pièces pour l’instrument seul…)
On reste moins convaincus par les Brandebourgeois bavards et atones de Claudio Abbado et son Orchestra Mozart (2007), mais divertis diversement par les récitals de super solistes vocaux : Christine Schäfer (deux Cantates de mariage sous la direction de Goebel), Kathleen Battle et Itzhak Perlman (1990), Thomas Quasthoff (2004) … Dans cette quasi intégrale (des pièces majeures), laissez vous tenter aussi par le violon d’Hilary Hahn (Concertos pour violon, 2003) et de Nathan Milstein (1973), le violoncelle seul de Pierre Fournier (1961), … la reproduction des couvertures d’origine ajoute toujours son effet. Coffret incontournable pour les fêtes.
Jean-Sébastien Bach : Masterworks. The Original Jackets Collection, 50 cd.