jeudi 18 avril 2024

CD, critique. Un moment chez les Schumann : Sonates pour violoncelle et piano de Robert, Georg, Camillo SCHUMANN. Cyrielle Golin (violoncelle) / Antoine Mourlas (piano) – 1 cd KLARTHE records.

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moment-musical-chez-les-schumann-golin-mourlas-cd-klarthe-records-critique-cd-review-cd-classiquenewsCD, critique. Un moment chez les Schumann : Sonates pour violoncelle et piano de Robert, Georg, Camillo SCHUMANN. Cyrielle Golin (violoncelle) / Antoine Mourlas (piano) – 1 cd KLARTHE records. Ce « moment musical chez les Schumann » façonne un salon romantique qui réunit 3 Schumann, non pas membres d’une fratrie, en rien parents de la famille de Robert, mais plutôt colonie de sensibilités au même nom patronymique, ayant chacun œuvré à Leipzig. Les deux instrumentistes Cyrielle Golin (violoncelle) et Antoine Mourlas (piano) font acte de complicité et d’audace ans un cycle particulièrement original et défricheur. Camillo dont la Sonate violoncelle / piano ouvre le récital est le plus récent né en 1872 à Konigstein (comme Georg), semble prolonger l’exemple de l’illustre Schumann né en 1810. Son écriture est plus lisztéenne que Schumanienne et brahmsienne, en cela moins profonde et captivante que celle de Georg. Moins grave et viscérale que les autres pièces, la Sonate n°1 opus 59 développe cependant un bel esprit chantant, fluide, habité par l’ardeur complice des deux musiciens.

Premier Romantique et modèle de cette trinité inédite, Robert, apparaît par comparaison comme le génie des humeurs ; au verbe ciselé, caractérisé avec une sensibilité très affûtée, particulièrement vive et contrastée (« Vanitas vanitatum » qui ouvre les Fünf stücke im Volkston opus 102). Ce qui touche dans cette série de 5 pièces, c’est la profondeur et la justesse du caractère de chacune : à l’esprit bravache, voire parodique du I, répond immédiatement la rêverie pudique du II : « Langsam », traversé par une gravité tout à fait étrangère au début. La divagation schumanienne se déploie ensuite, maîtrisant ses deux orientations non pas antinomiques mais complémentaires: autodétermination / doute, errance / construction. Ce que comprennent parfaitement les deux interprètes, jouant sur la souplesse, la rondeur d’une fusion accomplie, secrète, harmoniquement voluptueuse.

 

 

Georg Schumann révélé

 

 

La révélation reste celle de l’écriture de Georg, très proche de Robert : ardente et vive, nerveuse et presque sanguine dans l’approche, très brahmsienne des deux instrumentistes : la Sonate opus 19 n’a rien à envier aux plus renommés, Robert et Johannes. Notée « con Molto espressione », la Sonate s’embrase dès son premier mouvement, mais sans force ni pathos, dans une flexibilité de moyens et d’accents fondés sur l’écoute et l’entente réciproque : ce qui fonde la valeur de ce dernier triptyque. La profondeur, l’activité, l’urgence, la vivacité intérieure convainquent sans réserve. Né à Konigstein en 1866, soit bien après la mort de Schumann, Georg semble recueillir l’ardente flamme passionnelle de son prédécesseur, comprenant ses délicats équilibres, ses éclairs comme ses replis des plus intimes ; Georg (1866-1952) fut un proche de Richard Strauss fondant avec lui la société des auteurs en Allemagne GEMA ; Georg joue le Concerto de Robert et comprend toutes les composantes de son écritures qu’il fusionne avec celle de Brahms. L’opus 19 écrit en 1897 en témoigne : la référence aux Anciens romantiques, Robert et Johannes est vivifiée ici par une rigueur constante des modulations ; une intelligence de l’harmonie aux changements parfois vertigineux. Excellent programme, enivrant, révélateur.

 

 

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CD, critique. Un moment chez les Schumann : Sonates pour violoncelle et piano de Robert, Georg, Camillo SCHUMANN. Cyrielle Golin (violoncelle) / Antoine Mourlas (piano) – 1 cd KLARTHE records – enregistrement réalisé à Paris, Temple Saint-Marcel, janvier 2019). 

  

 

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