CD, critique. BEETHOVEN : Complete Fortepiano Concertos. Arthur Schoonderwoerd, Cristofori ( 3 cd Alpha « Black Box »). L’option est révélatrice et répond aux promesses exprimées : qu’avons nous à gagner des instruments historiques si l’on perd la puissance et la suavité du son ? … « Tout ! » …semblent nous rappeler les interprètes de cette version dépoussiérante… Sur un pianoforte d’après Walter (vers 1800), Arthur Schoonderwoerd restitue un Beethoven régénérée dans le sens du relief incisif, en couleurs intensifiées mais moins puissantes certes, mais d’autant plus caractérisées grâce au timbre de chaque instrument, un par partie. L’articulation s’en ressent et avec elle, la précision de l’éloquence, la fluidité du discours musical, et aussi la complicité versatile entre les instrumentistes. Le résultat est chambriste moins symphonique, et le contrepoint gagne en acuité ce que le souffle perd en puissance. Parfaitement dessiné, troublant par les magie des timbres mêlés et rehaussés, ce Beethoven prend tout son sens au XXIè, au moment de son 250è anniversaire ; l’apport des instruments anciens ne pouvait être mieux explicité, ni plus convaincant. Dans cette arène picturale où chaque note compte par sa singularité propre, Beethoven devient génie de l’éloquence autant cérébral que viscéral. Un son nouveau, revivifiant. Un vrai coup de nettoyage. Tout ce que l’on espérait vivre grâce aux instruments anciens et aux gestes inspirés qui les animent.