BICENTENAIRE CESAR FRANCK 1822 – 2022
2022 marque les 200 ans de la naissance de César Franck, compositeur né à Liège (le 10 décembre 1822) mais français de coeur et qui marqua définitivement la musique hexagonale à l’époque du wagnérisme. Les historiens et musicologues ont réduit l’image du créateur à un organiste mystique, pédagogue fervent, apportant à chaque genre musical, une manière de modèle irréfutable : le Quatuor, la Sonate, évidemment la Symphonie (chez lui en ré mineur, développée de façon organique selon le principe cyclique). En vérité Franck et le franckisme – car l’époque est aux courant constitués, communautarisés dirions nous aujourd’hui-, défend une manière de classicisme moderne : il fait partie des membres fondateurs de la Société nationale de musique, fondée après le choc de 1870 pour favoriser l’éclosion des compositeurs français (et qu’il dirige en 1886). Ses disciples militent pour son art désormais irréfutable et admirable : Chausson, d’Indy, Vierne, Ropartz, Tournemire, Bréville… sans omettre Mel Bonis et Augusta Holmès dont on ferait bien de redécouvrir la singularité captivante.
Aux côtés de son œuvre symphonique, passionnante à plus d’un titre, aux côtés de son travail au clavier (piano et orgue), il reste de nombreux pans à réévaluer à la faveur des nombreuses commémorations annoncées entre Liège et Paris en 2022 : en particulier ses partitions pour la voix, révélant un goût pour l’art lyrique comme en témoignent ses mélodies, ses oratorios (Béatitudes), ses opéras (4 au total : Stradella, Le valet de ferme, Hulda, Ghiselle, ce dernier laissé inachevé, terminé par ses élèves, Chausson, D’Indy, Bréville, Rousseau en hommage à leur « Père » décédé le 8 nov 1890 à Paris).
Né liégeois, parisien dès 13 ans (1835)
Après avoir rejoint Reicha son premier maître à Paris, Franck s’affirme tel un jeune virtuose et suit les classes du Conservatoire : Zimmermann (paino), Berton (composition), Leborne (contrepoint), Benoist (orgue)… Mais à 20 ans, le jeune prodige doit obéir au père qui entend exploiter en Belgique, les performances de son fils (1842). Franck rompt les liens avec sa famille et retourne à Paris dès 1845, comme organiste et professeur. L’organsite virtuose marque les esprits ; Il devient titulaire de plusieurs églises parisiennes : ND de Lorette (1847), St-Jean-St-François du Marais (1851), Sainte-Clotilde (1859 à 37 ans, disposant d’un Cavaillé-Coll flambant neuf),… partout ses talents d’improvisateur, subjugue. C’est le Liszt de l’orgue.
Professeur d’orgue au Conservatoire en 1871, Franck diffuse un enseignement qui semble poser les fondements de la modernité française.
Comme Wagner, dont il propose une alternative solide, Franck signe des formules musicales qui lui sont spécifiques : grilles harmoniques et rythmiques (en particulier, alternance syncopée noire / blanche / noire) désormais emblématiques, présentes dans toutes ses œuvres. Comme l’auteur de Parsifal, Franck renforce aussi à la fois la structure signifiante et l’unité organique de ses partitions grâce au principe cyclique, réexposition d’un thème semblable (« fondateur »).
Si Wagner illustre et renouvelle l’opéra, selon sa théorie de l’œuvre totale, Franck papillonne de formes en genres divers : s’intéressant a contrario du germanique, à la musique de chambre, au piano, à l’orgue et aussi à l’écriture symphonique pure. Dans l’orchestre, Franck organiste colore la texture et les timbres de sa propre expérience sur les Cavaillé-Coll de son époque, suscitant chez ses détracteurs, un reproche d’épaisseur et de densité qui se manifestent en vérité selon les interprètes.
L’écriture franckiste : une constellation de nuances à redécouvrir…
Ce qui frappe chez Franck, c’est l’équation idéale : expression et combinaison, la forme étant servante du sens. La signature musicale de Franck, – espace et terreau où devraient s’inscrire les prochaines réalisations passionnantes, demeure glissements chromatiques, raffinement harmonique qui établit des marches successives (à l’image de sa conception souvent spirituelle de son art), scintillement des timbres, résonance grave des bois, unisson éthéré des cordes, … La palette expressive franckiste offre une constellation de nuances qui souhaitons le, devrait enfin émerger à la lumière des prochains événements commémoratifs annoncés en 2022.