vendredi 19 avril 2024

Arturo Toscanini, portrait du chef d’orchestre Radio classique, le 15 septembre 2010 à 23h

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Arturo Toscanini
(1867-1957)



radio classique, programme

Radio Classique
Mercredi 15 septembre 2010 à 23h

Né en 1867, à
Parme, Arturo Toscanini fut l’un des chefs les plus importants de la
première moitié du XX ème siècle. Egal de Wilhelm Furtwängler – son
contemporain-, ayant des idées musicales diamétralement opposées, il
incarne la figure du commandeur au regard tranchant, à la battue
mordante, acérée, vive. Scrupuleux, il entend respecter les indications
des compositeurs. Poigne d’acier, il dirige en maître voire en tyran.
Mais à l’idéal artistique implacable, correspondant aussi une exigence
morale et humaine qui s’exprimera contre le fascisme. Si la musique est
un combat, demandant l’implication de toute les forces vitales de l’être
qui la sert, Arturo Toscanini en est l’ambassadeur: un musicien
intransigeant cherchant la perfection dans ce monde.

Verdi, Puccini, Wagner

A 19 ans, loin de son Italie natale, à Rio de Janeiro, Toscanini
alors violoncelliste, remplace le chef prévu et dirige par coeur Aïda de
Verdi. Déjà maître de la direction, doué d’une vaste culture musicale,
le jeune musicien recherche un poste de directeur musical. Depuis 1885,
il a son diplôme en poche, obtenu au Conservatoire de sa ville natale,
Gênes. Ambition presque réalisée lorsqu’en 1887, à 20 ans, il participe
comme second violoncelliste dans l’orchestre de la Scala à la création
d’Otello de Giuseppe Verdi. Cette expérience décisive renforce son amour pour le théâtre verdien.
Le jeune chef milite énergiquement pour la scène lyrique contemporaine, en particulier les véristes. Il crée ainsi Edmea de Catalani (Turin, 1887), Paillasse de Leoncavallo (Milan, 1892), La Bohême de
Puccini (Turin, 1896). Entre temps sa nouvelle stature de directeur
musicale s’est imposée naturellement. Turin sera sa première « tribune »:
il doit y constituer l’orchestre du Teatro Regio et concevoir la
programmation musicale. Il créera ainsi, les Quatre Pièces Sacrées de Verdi (1897) et dirige dès 1895, son autre « dieu », Richard Wagner, dont Le Crépuscule des dieux en première audition italienne, en 1895.

Milan, 1898

A 31 ans, le fougueux directeur musical prend les rennes de La
Scala. Insatiable, conquérant de la perfection et de l’audace,
entraînant sans faiblir les musiciens de l’orchestre derrière lui, à son
rythme, Toscanini élargit le répertoire et dirige Pelléas, Eugène Onéguine, La Damnation de Faust, à nouveau, Le Crépuscule des dieux, Euryanthe
Mais lassé par d’incessants obstacles dans la quête de ce qu’il s’est
fixé comme un idéal, le musicien s’éloigne de Milan à partir de 1903: il
part en tournée avec l’Orchestre de Turin, un ensemble qu’il a façonné
et qui est donc plus malléable à sa conception musicale.

New York, 1908-1915

A 41 ans, Toscanini traverse l’Océan Atlantique et rejoint le
Metropolitan Opera. Malgré les lourdeurs administratives et l’apathie
confortable de certains chanteurs dont Caruso ou Farrar, le maestro
parmesan n’hésite pas là encore à bousculer les habitudes. Il y crée La fille du Far West de Puccini (1910) et aussi, en première américaine, Boris Godounov de Moussorsgki. L’épopée outre-atlantique aura duré sept ans.

Intraitable avec les nazis

En
Italie pendant la guerre, Toscanini donne de nombreux concerts pour
soutenir l’esprit des troupes (1915). De nouveau, La Scala le réclame en
1920: il y réorganise orchestre et choeur. Son énergie paraît
illimitée. Sa force de travail et la pertinence de ses vues forcent
l’admiration de tous ses contemporains. Au moment du fascisme naissant,
ses racines républicaines (son père fut partisan de Garibaldi) se
renforcent. Toscanini refuse de jouer l’hymne mussolinien à la création
de Turandot de Puccini en 1926. En 1930 et 1931, il est l’invité du Festival de Bayreuth où il dirige Tannhäuser, Tristan et Parsifal. Entre 1934 et 1937, Toscanini réalise un voeu pieu: il dirige aussi au festival de Salzbourg, Falstaff, Fidelio, Les maîtres chanteurs, La flûte enchantée…
Les
années 1930 représentent l’aboutissement du « son » Toscanini, la
réalisation d’un idéal très élevé et qu’il n’a cessé de suivre quoi
qu’il en coûte. L’année 1935 regroupe plusieurs concerts retentissants
de ce point de vue, imposant sa baguette et la carrure de l’homme: Missa Solemnis de Beethoven (New York, avril), Fidelio et Falstaff (Festival de Salzbourg à l’été)… Auditeur de sa Lucia di Lammermoor puis de son Falstaff à la Scala, de son Tannhäuser
à Bayreuth, le jeune Karajan est bouleversé, saisi par la puissance
rythmique et le souffle lyrique des phrasés. Le sens de la construction
insuffle à chacune de ses lectures, magnétisme expressif et grandeur
spirituelle. Mais ce que nous ne mesurons pas suffisamment dans les
enregistrements disponibles, c’est le travail de la texture et la
sonorité des orchestres de Toscanini, qui d’après les témoignages des
spectateurs et des auditeurs contemporains, suscitaient un égal
enthousiasme.
Aux côtés de Verdi, Wagner, Toscanini a abondamment
« servi » Debussy dont grâce à la sonorité qu’il obtenait, il jouait comme
personne La Mer. Le compositeur ébloui par l’interprétation du
chef, accepta de modifier quelques passages selon les suggestions de son
contemporain. Ajoutons qu’entre 1935 et 1938, il enregistre à Londres
avec l’Orchestre symphonique de la BBC, de nombreuses gravures demeurées
légendaires.
Ses positions politiques seront nettes et sans
complaisance vis-à-vis des fascistes. Il cesse toute participation à
Bayreuth en 1933 quand Hitler prend le pouvoir, et après l’Anschluss
(1938), il refuse de jouer à Salzbourg.

Retour aux USA

A New-York, en 1933, sa fille Wanda est longuement courtisée par
Vladimir Horowitz. Leur mariage est célébré le 21 décembre… à Milan.
La chaîne NBC met à sa disposition, à New York, un orchestre symphonique
qu’il dirigera entre 1937 et 1954. C’est à cette époque et avec cette
phalange dont il dispose à son gré que Toscanini, dans le studio 8-H,
réalisera bon nombre de ses enregistrements officiels pour la firme RCA.
Les bandes de l’époque montrent avec volonté et exigence, comment le
chef menait son orchestre, invectivant parfois violemment ses musiciens.
Au nom de sa conception des oeuvres, il désirait ardemment un retour
aux sources, dans le respect de la structure rythmique, pour l’intensité
poétique des partitions, exigeant de ses troupes comme de lui-même.
Scrupuleux des indications ou didascalies de l’auteur, Toscanini, apôtre
de l’orthodoxie, s’inscrit dans la lignée des chefs tels Mendelssohn,
puis Strauss, Busch, Krips, Szell… En cela, il s’écartait des
conceptions de Berlioz, Wagner ou Liszt.
De retour dans l’Italie
libérée, le chef dirige à La Scala et à La Fenice, rénovées. Il succombe
dans son appartement new-yorkais de Riverdale, le 16 janvier 1957.

Discographie
Le
répertoire de Toscanini étant particulièrement étendu, sa discographie
malgré les apparences est aussi vaste, s’étendant en réalité de 1928 à
1954. Souhaitons qu’avec l’enrichissement des catalogues en
téléchargement, l’ensemble des bandes soient un jour disponibles. Voici
notre sélection.

Debussy
La mer, Iberia, Nocturnes…, Prélude à l’après-midi d’un faune. NBC symphony orchestra (1950, 1951, 1952).

Beethoven
Symphonie n°9. Missa Solemnis. E. Farrel, L. Marshall, N. Merriman… NBC symphony orchestra. RCA (1952, 1953)

Verdi
Requiem
(RCA, live de 1951), Un bal masqué (RCA, 1954), Otello (RCA, 1947),
Falstaff (RCA, live de 1950). Tous ces enregistrements avec le NBC
symphony orchestra.

Puccini
La Bohème (RCA, live de 1946).

Wagner
Le Crépuscule des dieux, Tristan avec H. Traubel et L. Melchior (NBC symphony orchestra, RCA, 1941 à 1952).

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