Bien que florentin de naissance, Arturo Sacchini (1730-1786) est surtout formé à Naples : Durante le remarque ses dons musicaux et l’intègre au conservatoire de San Onofrio et au conservatoire de Santa Maria di Loreto que Durante dirigeait depuis 1742. Sacchini apprend et maîtrise très vite le clavecin, l’orgue, la composition. Il commença sa carrière à Padoue (en 1763, Olimpiade est son premier grand succès), puis cherche la gloire à Rome et Venise : dans la cité des Doges, il dirige l’Ospedaletto dont le conservatoire lui permet d’enseigner le chant. Il compte parmi ses élèves la fameuse Nancy Storace, muse de Mozart, soprano aux performances remarquables. Puis Sacchini rejoint Munich et Stuttgart en Allemagne (Scipione in Cartagena applaudi respectivement en 1770 et 1771). En 1772, Sacchini est à Londres où il vécut dix ans : à l’époque de ses 40 ans, Sacchini, compositeur mûr et maître de l’art lyrique, rencontre le plus grand compositeur napolitain avec Jommelli, Traetta : il compose plus de 10 nouveaux opéras dont Montezuma (1775) et Antigono, surtout L’Amore soldato (1778). Endetté, aux abois, Sacchini reçoit l’invitation de la Cour royale française pour concurrencer à Paris, l’immense Gluck. Sacchini devient comme ce dernier le protégé de Marie Antoinette qui en fait son maître de chant. Il arrive dès 1783 : Sacchini recycle ses anciens ouvrages (comme l’avait fait Gluck : Orfeo devenant pour Paris Orphée) ; ainsi Sacchini reprend son ancienne Armida et en déduit Renaud… idem pour Chimène, nouvelle adaptation d’Il Gran Cidde… mais les effets attendus ne se réaliseront pas : le modèle gluckiste est bien le plus spectaculaire alors et les Italiens à Paris, Sacchini (et avant lui Piccinni) ne parviendront pas à le surpasser. Comme tous les étrangers invités en France par l’Académie royale de musique, Sacchini est invité aussi à rivaliser avec le modèle tragique hérité de Lully et Rameau : il ambitionne de remettre en musique Dardanus (1784) mais perd l’estime des Français. Son Oedipe à colonne (1786) confirme un talent raffiné et dramatique d’une envergure européenne. Sacchini meurt épuisé en 1786. Ironie suprême : Oedipe à colonne connaît un triomphe un an après sa création (joué à l’Opéra plus de 580 fois jusqu’en 1844). De nos jours, la résurrection de Sacchini ne s’est toujours pas produite…
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Comme étranger invité par Marie-Antoinette en France, le Napolitain Antonio Sacchini (1730-1786) arrive à Paris en 1783, depuis Londres; il succède ainsi à Gluck et son compatriote Piccinni et prolonge évidemment les avancées stylistiques de ses prédécesseurs. Pour le temple international du lyrique qu’est Paris, Sacchini offre une nouvelle musique moderne aux anciens livrets hérités de l’âge baroque. Renaud ne fait pas exception: contrairement à son titre, l’ouvrage cosmopolite et brillant, fait place nette au personnage clé de l’amoureuse enchanteresse Armide. La magicienne cède ici sa baguette pour dévoiler un visage tendre et implorant qui saura in fine convaincre et séduire son ennemi juré Renaud dont elle est tombée amoureuse malgré la guerre qui fait rage et qui oppose leurs deux clans respectifs… Style gluckiste, orchestre flamboyant voire frénétique (prélude du II), alliance des divertissements et du pathétique, des accents tragiques comme héroïque (le père d’Armide, Hidraot tient aussi un rôle important tout en tension virile), surtout arabesques stylées d’un bel canto italianisant… Renaud de Sacchini incarne un sommet lyrique français, en une formule européenne, au temps des Lumières. Reportage exclusif CLASSIQUENEWS.COM. Voir le grand reportage vidéo Renaud de Sacchini