1824-1896
Symphonies n°8 et n°9
France Musique
En direct de la salle Pleyel
Vendredi 11 décembre 2009 à 20h
Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung, direction
Rustre, maladroit, autodidacte: Bruckner fait figure de créateur attachant et atypique dont les Symphonies dévoilent un tempérament laborieux, soucieux de construction et d’équilibre, dans une orchestration immédiatement reconnaissable qui fonctionne en groupes d’instruments nettement caractérisés (influence de son activité d’organiste). S’il a connut ses plus grands succès de son vivant au moment de la création de la 7è Symphonie (Leipzig, le 30 décembre 1884 dont l’adagio poignant serait un hommage rendu à Wagner, mort quand Bruckner compose son final), Le compositeur un rien naïf, demeure isolé, et solitaire.
A l’EmpereurFrançois-Joseph qui lui demande ce qu’il pourrait faire pour l’aider: plutôt qu’une pension (car il est resté pauvre et dans une indigence indigne de son talent), Bruckner demande que le critique Hanslick cesse ses traits critiques à dépréciatifs à son encontre(!); après la répétition de la Quatrième Symphonie mené tambour battant par Hans Richter (qui dirige alors le Ring à Bayreuth), le même Bruckner, dans un geste d’innocence désarmante, félicite le chef et lui donne une pièce (un thaler) en lui disant: « Prenez ça et buvez un pot de bière à ma santé! »… Le maestro qui n’avait pas besoin de cette aumône pour boire à la santé du compositeur, ne s’en offusqua pas, il fut plutôt touché par l’incrédulité fraternelle de l’homme…
L’apport de Bruckner, avant les massifs malhériens, poursuit les recherches symphoniques de Beethoven et Schubert… que Wagner estimaient achevées après la mort de ces derniers. Bruckner compose avant Brahms. Son oeuvre est donc primordiale dans l’histoire de la musique orchestrale germanique.
La grandeur et la démesure de son écriture déconcertent les contemporains, critiques et proches. Lesquels souvent soumettent l’auteur à une série de modifications éhontées, véritable mutilation d’un corpus qui frappe par sa franchise et sa solennité.
Tout en composant ses 3 dernières, Bruckner travaille à réviser ses 3 premières. Et obligé de reprendre la 8ème en 1887 car le chef Hermann Levi la trouvait « injouable », Bruckner se remet sur l’ouvrage, perdant un temps précieux… qui lui manquera de fait pour terminer sa 9è Symphonie.
Lire notre dossier Symphonie n°8 de Bruckner
Lire notre dossier Symphonie n°9 de Bruckner