mercredi 14 mai 2025

CRITIQUE, concert. LYON, Auditorium Maurice Ravel, le 10 mai 2025. FAURE / PEPIN / TCHAÏKOVSKY. Orchestre national de Lyon, Renaud Capuçon (violon), Simone Young (direction)

A lire aussi
Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Les 9 et 10 mai, l’Auditorium de Lyon a vibré au rythme d’une programmation audacieuse et envoûtante, portée par l’excellence de l’Orchestre national de Lyon sous la direction inspirée de la cheffe australienne Simone Young (déjà applaudie in loco l’an passé dans la 8ème Symphonie de Bruckner). Aux côtés du violoniste star Renaud Capuçon, le public lyonnais a été transporté dans un voyage musical allant de la délicatesse française de Gabriel Fauré à la fougue romantique de Piotr Illitch Tchaïkovski, en passant par les paysages oniriques de la jeune compositrice française Camille Pépin.

Le concert s’est ouvert avec Masques et Bergamasques, op. 112 de Gabriel Fauré, une suite d’orchestre tirée de la musique de scène composée en 1919. D’emblée, l’orchestre a captivé par sa transparence et son équilibre, restituant avec élégance l’esprit néo-classique et pastoral de l’œuvre. Sous la baguette précise et sensible de Simone Young, les nuances des cordes, les traits légers des bois et les interventions discrètes des cors ont dessiné un tableau raffiné. L’Ouverture énergique mais sans lourdeur, le Menuet gracieux et la tendre Pastorale ont souligné la cohésion des musiciens, tandis que la Gavotte finale a apporté une touche de vivacité joyeuse. Un choix idéal pour entrer en matière, rappelant le génie de Fauré dans l’art de la miniature orchestrale.

Place ensuite à la modernité avec « Le sommeil a pris ton empreinte », concerto pour violon de Camille Pépin, commande conjointe de Radio France, de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon et du Sydney Symphony Orchestra. La compositrice, présente dans la salle, a été longuement applaudie pour cette œuvre d’une poésie rare, inspirée par un poème de Paul Éluard. Dès les premières mesures, l’univers de Pépin s’est imposé : des harmonies irisées, des envolées étincelantes pour les cordes et une écriture virtuose pour le violon solo, magnifiée par Renaud Capuçon. Ce dernier a livré une interprétation magistrale, alliant pureté du timbre et engagement émotionnel. Les dialogues entre le soliste et l’orchestre, tantôt tourmentés, tantôt apaisés, ont évoqué les métamorphoses du sommeil et du rêve. Les percussions délicates (vibraphone, cloches) et les effets de souffle dans les vents ont ajouté une dimension presque cinématographique à l’ensemble. L’œuvre, exigeante mais accessible, a été chaleureusement saluée par un public conquis, scellant sans doute son succès futur dans le répertoire contemporain.

En seconde partie, la Symphonie n°4 en fa mineur de Tchaïkovski a embrasé la salle. Dès les cuivres annonciateurs du thème du Destin, l’orchestre a déployé une puissance dramatique et une cohésion remarquable. Simone Young, en grande tragédienne, a conduit l’œuvre avec une maîtrise implacable des dynamiques et des respirations. Le premier mouvement, tour à tour angoissé et lyrique, a mis en valeur la richesse des cordes (notamment les altos dans le thème mélancolique) et la vigueur des cuivres. Le Scherzo (et ses pizzicati obsédants des cordes) a été joué avec une précision mécanique et un humour discret, tandis que le troisième mouvement (trio des vents) a apporté une touche de grâce nostalgique. Mais c’est dans le finale endiablé que l’orchestre a véritablement explosé, emportant l’adhésion totale du public. Les timbales impétueuses, les cymbales éclatantes et les cordes virtuoses ont restitué toute la folie dansante de cette « fête populaire » chère à Tchaïkovski.

La longue ovation qui a suivi était amplement méritée !

 

 

________________________________
CRITIQUE, concert. LYON, Auditorium Maurice Ravel, le 10 mai 2025. FAURE / PEPIN / TCHAÏKOVSKY. Orchestre national de Lyon, Renaud Capuçon (violon), Simone Young (direction). Crédit photo (c) Emmanuel Andrieu

 

 

Derniers articles

COFFRET CD événement, annonce. BRUCKNER : Symphonies 1 – 9. Lü Jia / China NCPA Orchestra

Un nouveau Bruckner, profond, dense, contemplatif venu de Pékin... Lü Jia et l'Orchestre NCPA de Pékin signent une intégrale...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img