Antonio Caldara
La Passione di Gesù Cristo, 1729
France Musique
Mercredi 29 août 2007 à 20h
Solistes lauréats du 20ème Concours International de chant de Clermont-Ferrand, La Cappella de’ Turchini, direction: Antonio Florio. Concert enregistré le 19 août 2007 à l’Abbatiale Saint-Robert
Né en 1670, Caldara entre dans le coeur de la basilique San Marco de Venise, et travaille probablement sous la direction de Legrenzi, alors Maître de Chapelle. Sur les traces de Monteverdi, le musicien devient Maître de chapelle et compositeur de la Cour ducale de Mantoue, de 1699 à 1707. Il serait venu à Paris en 1704, accompagnant son protecteur. A Rome en 1708, il joue son oratorio Le Martyr de Sainte Catherine devant le Cardinal Ottoboni. Devenu maître de Chapelle du Prince Ruspoli à partir de 1709, résidant au Palais Bonelli, il quittera la Ville éternelle, en 1716 lorsque l’Empereur Charles IV le nomme à Vienne, Vice maître de chapelle de la Cour, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1736. Motets, cantates, messes, l’activité de Caldara sur le mode sacré est continue, tout comme son oeuvre lyrique. René Jacobs avait dévoilé la sensibilité dramatique de Caldara en abordant son oratorio vénitien, La Maddalena ai piedi di Cristo, chef-d’oeuvre de la ferveur musicale de la fin du XVII ème vénitien que le musicien compose vers 1799/1700, pour les oratoriens de l’église della Fava à Venise.
Un oratorio viennois sous l’influence de Fux
L’oratorio de la Passion du Christ, daté de 1729, remonte à la période viennoise du musicien. Caldara a laissé près de 40 oratorios, d’après les livrets de Zeno et de Métastase, poètes de la Cour impériale de Vienne. En digne héritier de la gloire culturelle vénitienne qui a connu un âge d’or en peinture avec Titien, Caldara avant l’avènement de Vivaldi se montre d’une exceptionnelle vitalité chromatique, disposant d’un orchestre étoffé (jusqu’à cinq parties), de combinaisons d’instruments qui explorent une riche texture de sonorités et de timbres associés. De plus, son écriture vocale, sensuelle et expressive, ne sacrifie jamais l’intensité du verbe sur l’autel artificiel de la pure virtuosité. En cela, il se montre un continuateur tardif de Monteverdi pour lequel texte et musique sont étroitement associés.
A Vienne, Caldara recueille l’influence de Fux, Premier Maître de Chapelle de la Cour impériale: admiré par Bach, Fux inculque à son « second », l’art de plus en plus raffiné du contrepoint en particulier à l’orchestre (fugues et imitations). Le style de Caldara ne connaît pas de faiblesses, et se perfectionne à chaque nouvelle partition jusqu’à l’un de ses ultimes chefs-d’oeuvre, Gerusalemme convertita, conçue en 1733. L’oratorio présenté par Antonio Florio, plus habile dans l’expressivité mordante de la musique napolitaine que dans l’effusion sensuelle de Venise, apartient au cycle des oratorios vénitiens du maître, qui redéfinit sa manière dans la proximité stimulante de Fux.
Illustrations
Antonio Caldara, portrait (DR)
Titien: le couronnement d’épines (1542. Paris, musée du Louvre)