dimanche 15 juin 2025

Opéra contemporain: Sciarrino et FénelonToulouse et Paris, du 23 mai au 10 juin 2007

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Il y eut Mi Amor, le dernier ouvrage de Charles Chaynes à Metz, en mars 2007. Le mois de mai n’est pas en reste et perpétue la vitalité de la création contemporaine. L’Opéra de Paris présente Da gelo a gelo de Salvatore Sciarrino et le Capitole de Toulouse produit le Faust de Philippe Fénelon. Présentation des productions annoncées et édito sur le thème: où en est l’Opéra contemporain? au moment où 2007, marque les 400 ans d’un genre qui n’a jamais été aussi vivant sur la scène culturelle.

Philippe Fénelon
Faust

Toulouse, Capitole
Du 25 mai au 1er juin 2007

Faust désenchanté
Après Salambô (qui n’avait guère convaincu), le Chevalier imaginaire
(d’après Don Quichotte), Les Rois (inspiré du Minotaure), Philippe
Fénelon aborde le mythe de Faust d’après Lenau. A partir des 24
chapitres qui croisent dialogues et monologues, Fénelon a écrit son
propre livret pour son opéra en deux actes, cerné par un prologue et un épilogue. L’oeuvre exprime la profonde inquiétude du héros qui terrassé
dès le début, ne trouve aucune sérénité, au terme de son voyage
nocturne. C’est une vision désenchantée, sans espoir, où toute
réalisation et tout projet sont voués à l’échec. Errance maudite, la
partition indique une impuissance déterminée à laquelle ni science ni
art ne peuvent apporter d’issue. Pour expliciter sa représentation des
vanités, Fénelon a conçu le personnage de « Görg », l’Homme, « narrateur
et témoin », (ténor lyrique) qui témoigne de l’échec qui est celui de
toute vie. Le propre de chacun est de s’engager dans une quête dont l’objet, toujours reporté, demeure inaccessible.

Salvatore Sciarrino
Da gelo a gelo

Paris, Opéra Garnier
Du 23 mai au 10 juin 2007

Le coeur étouffé d’une amante insatisfaite

D’après le Journal d’Izumi Shikibu, poétesse japonaise vers l’an
1000, Da gelo a gelo, créé à Schwetzingen en 2006, évoque
l’histoire autobiographique de la jeune femme japonaise, dame de la Cour de Heian, qui vit une
relation amoureuse avec le prince Atsumichi.
Leur liaison doit être
tenue secrète. Le poids de la dissimulation accable l’amoureuse.
Sciarrino s’appuie sur ce temps suspendu, étouffé qui semble écarté du
temps réel: inquiétudes, peurs, angoisses d’être dévoilée; attentes et
espérances tissent un ouvrage en un acte d’après une sélection
(réalisée par le compositeur) de 103 poésies. L’ouvrage reste continument tendu, à l’apparente
sérénité. Ce flottement qui n’est qu’illusoire, appelle la catastrophe à venir: le prince décide contre les convenances et au mépris du lien de fidélité qui le lie à son épouse, d’enlever la jeune et belle veuve. En somme, il
semble longtemps ne rien se passer. L’action n’est pas explicite: elle reste
enfouie dans le coeur de l’héroïne, ce qui n’ôte rien à son intensité.
Izumi est une victime, silencieuse mais « brûlée », insatisfaite parce
que le Prince n’est finalement jamais en phase avec la temporalité de son amante.
Le sujet est bien ce décalage entre deux coeurs amoureux qui ne vivent
pas le même amour.
Accompagné par un ensemble de solistes, les poèmes
chantés sont déclamés avec précision et même un certain automatisme. Ce
qui renforce la force et la violence d’un théâtre du silence, fait de gestes et de situations apparemment sans mouvement, qui est en manque
d’action. Salvatore Sciarrino est né en Sicile en 1947.
Commande de l’Opéra de l’Opéra National de Paris. Mise en scène: Trisha Brown

Lire notre Edito d’avril 2007
Où en est l’opéra contemporain?

Crédits photographiques
Philippe Fénelon (DR)
Salvatore Sciarrino (DR)

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