Innsbruck (Autriche). Nouvelle Armide de Lully, les 22,24 et 26 août 2015. C’est depuis sa création, le premier opéra baroque français qu’accueille le festival d’Innsbruck, une claire volonté de changement voulue par Alessandro De Marchi nouveau directeur artistique depuis 2010 (à la succession de René Jacobs). C’est l’ultime ouvrage lyrique de Lully, l’objet aussi de sa défaveur dans le cœur du Roi qui l’avait jusque là toujours soutenu et favorisé ; c’est que depuis le début des années 1680, Versailles est passé sous l’emprise de la ferveur et de la contrition. Guère prisé par la nouvelle compagne et épouse du souverain, Madame de Maintenon, l’opéra est devenu divertissement suspect qui détourne des justes croyances. Ainsi Armide, pourtant aboutissement de toute l’esthétique Lullyste, est créé hors de Versailles, à Paris au Palais-Royal en 1686 (en présence du Grand Dauphin).
Inspiré du Tasse et de sa fameuse Jérusalem Delivrée, Armide incarne l’impuissance de la passion, celle de l’amoureuse sarrasine pourtant magicienne qui ennemi du chevalier chrétien Renaud, l’aime malgré elle et malgré la guerre qui fait rage. La violence des sentiments balaie la menace et le choc des armes. C’est dans le sillon du Combat de Tancrède et Clorinde de Monteverdi – au siècle précédent, 1638-), un regard pénétrant sur la folie amoureuse (Armide appelle la Haine à son aide) qui s’empare d’une âme pourtant puissante et qui finit en fin d’opéra, détruite, humiliée, blessée, seule.
Pour défendre l’expression de la désillusion et du désenchantement, Innsbruck accueille une équipe de jeunes chanteurs, nouveaux espoirs du chant baroque et en partie, lauréats des éditions du Concours Cesti, créé ici même par Alessandro de Marchi. La nouvelle production intègre aussi les ballets, réalisés pour l’occasion par la troupe des Nordic Baroque Dancers, sous la houlette de la chorégraphe et metteur en scène Cristina Deda Colonna. Spectacle total, qui bénéficie donc de jeunes voix prometteuses. Prochain compte rendu critique sur classiquenews.com
Spectacle déjà critiqué au Festival d’Innsbruck 2015 : Il Germanico de Porpora (1732)
VOIR le grand reportage vidéo Nouvelle Armide de Lully au festival d’Innsbruck 2015