Concert, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 24 septembre 2020. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, Edgar Moreau, Alexandre Bloch. HAYDN, BARTOK… IdĂ©alement adaptĂ© Ă la configuration instrumentale requise, mesure sanitaire oblige (l’Orchestre National de Lille est « rĂ©duit » en formation de chambre), le Concerto pour violoncelle n°1 de HAYDN sied particulièrement bien Ă la direction nerveuse, dynamique, flexible d’Alexandre Bloch et au tempĂ©rament incandescent du jeune soliste Edgar Moreau (26 ans – photo ci contre) : le violoncelliste français est parmi les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration. Il n’a pas seulement pour lui une technique et une sonoritĂ© des plus raffinĂ©es ; il exprime avec un art des nuances et une profondeur exceptionnelle, la subtile Ă©lĂ©gance de Haydn.
Concert d’ouverture de l’ON LILLE – Orchestre National de Lille
Somptueuse ouverture au Nouveau Siècle à Lille
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L’allant et la vitalitĂ© en superbe Ă©quilibre d’une partition Ă la fois classique, d’une volubilitĂ© mĂŞme baroque, triomphent ici. Et la conception Ă©conome des expositions, rĂ©expositions et variations offre au soliste, une arène dĂ©jĂ … romantique. L’intelligence des accents, la gestion des nuances, l’éloquence des phrasĂ©s superbement maĂ®trisĂ©s… ce style toujours mesurĂ© mais articulĂ©, jamais artificiel ni dĂ©monstratif, indiquent clairement un interprète de premier plan dont la vĂ©ritĂ© dialogue somptueusement avec l’heureuse vivacitĂ© de l’orchestre. La virtuositĂ© chantante et lumineuse du violoncelle jouĂ©e ainsi après l’ample portique du Copland (Fanfare for the common man) forme la plus sĂ©duisante des partitions pour le concert d’ouverture de la saison 2020 – 2021. Notons que le violoncelliste remplace le violoniste Nemanju Radulovic, artiste en rĂ©sidence pour cette nouvelle saison 2020 – 2021. HĂ©las, le virtuose franco-serbe n’a pas venir en France jusqu’Ă Lille, confinĂ© parce qu’il a Ă©tĂ© testĂ© positif Ă la covid 19. Ainsi se dĂ©roule la saison musicale, avec ses imprĂ©vus de dernière minute. L’Orchestre National de Lille s’est d’ailleurs adaptĂ© au contexte sanitaire actuel, en proposant une billetterie ouverte plus souple, rĂ©actualisĂ©e tous les deux mois, afin d’affiner au mieux les offres musicales selon les “empĂŞchements” prĂ©visibles, malheureusement inĂ©luctables dans la situation que nous vivons tous depuis mars dernier.
EnchaĂ®nĂ© et jouĂ© debout (violons I et II), le Divertimento de Bartok permet lĂ encore au cordes seules de l’Orchestre lillois de captiver en crĂ©pitements et intensitĂ© ; la partition composĂ©e Ă Saanen (Suisse) Ă l’étĂ© 1939, lĂ mĂŞme oĂą devait naĂ®tre le futur Menuhin Gstaad Festival, allie souffle et âpretĂ©, cultivant mĂŞme une tension presque Ă©touffante, en relation avec les heures noires d’une Europe soumise Ă la barbarie nazie. Du Haydn prĂ©cĂ©dent Ă la partition moderne circule et s’affirme la mĂŞme homogĂ©nĂ©itĂ© des cordes. QualitĂ© des unissons, dialogues entre les deux solistes (violons I et II) et l’ensemble des cordes (Ă la façon d’un concerto grosso), articulation et densitĂ© pourtant claire du son de l’orchestre… le travail d’Alexandre Bloch et des musiciens de l’ON LILLE dĂ©voilent de superbes qualitĂ©s ; on les avait quittĂ© la saison dernière, dans l’achèvement du cycle Mahler. On retrouve ici la mĂŞme Ă©coute partagĂ©e, l’engagement, le souci des accents qu’il s’agisse du dynamisme dansant de l’Allegro initial ou des Ă©clairs contrastĂ©s de l’Allegro final oĂą pointe aussi la superbe tenue du violon I dont les solos ont de courtes et fulgurantes irisations tziganes. La franchise du geste collectif parfois assumĂ©e « rude » rend justice Ă la partition de Bartok qui y revendiquait clairement son caractère de fantaisie « paysanne ». Au centre, s’affirme l’Adagio si intense, et si subtil dans ses Ă©clairs funèbres dont le chef sait aussi exprimer la couleur du mystère le plus inquiĂ©tant. Tant de profondeur suggestive et d’aisance articulĂ©e confirment Ă prĂ©sent l’excellence des instrumentistes de l’Orchestre lillois. On attend avec impatience les prochains programmes de l’Orchestre National de Lille. Et pour nous faire patienter, le cd de la 7è Symphonie de Mahler – jalon important de l’épopĂ©e Mahler de la saison prĂ©cĂ©dente vient de sortir chez Alpha (critique du cd Ă venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews).
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Prochains concerts de l’Orchestre National de Lille :
30 sept / 1er octobre 2020 : Divertimenti (Alevtina Ioffe, direction)
7, 8, 9 octobre 2020 : Métamorphoses (Alexandre Bloch, direction)
PLUS D’INFOS sur le site de l’Orchestre National de Lille / saison 2020 – 2021
https://www.onlille.com/saison_20-21/