jeudi 28 mars 2024

Spontini : La Vestale, 1807

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Spontini: La Vestale. Paris, TCE, du 15 au 28 octobre 2013. Rhorer, Lacascade. Nouvelle production    

La Vestale
On doit donner encore La Vestale… que je l’entende une seconde fois !… Quelle œuvre ! comme l’amour y est peint !… et le fanatisme ! Tous ces prêtres-dogues aboyant sur leur malheureuse victime… Quels accords dans ce finale de géant !… Quelle mélodie jusque dans les récitatifs ! Quel orchestre ! Il se meut si majestueusement… les basses ondulent comme les flots de l’Océan.  Les instruments sont des acteurs dont la langue est aussi expressive que celle qui se parle sur la scène.

Hector Berlioz, dans sa 12è Soirée des Soirées de l’orchestre ne faiblit d’éloges quant à l’oeuvre de son confrère compositeur.  Le style frénétique, l’exacerbation terrible du style sanguin et expressif de Spontini ont de toute évidence saisi le Romantique français, par ailleurs si difficile ou critique à l’endroit de ses contemporains.

 

SPONTINI_buste_190Aux côtés de Berlioz, Wagner qui dirigea l’oeuvre en allemand (Dresde, 1844), témoigne de sa profonde estime pour l’oeuvre de Spontini. La Vestale demeure l’un des grands événements lyriques du XIXè, suscitant un choc unanime et enthousiaste partout en Europe, dès sa création.  A 33 ans, l’auteur fusionne style gluckiste et déclamation tragique française, prend acte de toutes les critiques constructives qui lui sont avancées pendant la composition de son opéra : après une année de travail, Spontini remet son manuscrit et l’ouvrage est créé à l’Opéra de Paris, devant l’Empereur et Joséphine, le 14 décembre 1807.  Verve, éclat, grâce, fulgurance tragique, noble et spectaculaire …  la critique et les spectateurs enchaînent les éloges face à une oeuvre forte, emblématique du goût de la France impériale et romantique, au début du XIXème. Par ses nombreux motifs et citations empruntés à l’antiquité romaine, l’opéra de Spontini, protégé de Joséphine, offre un ouvrage stylistiquement accordé à l’esthétique impériale façonnée par Napoléon.

Néoclassique comme peuvent l’être Canovas et Ingres, Spontini offre le premier cadre du grand opéra français impérial. Napoléon premier auditeur de l’ouvrage avant sa création parisienne reste admiratif vis à vis de la maîtrise de Spontini.  Trombones, trompettes … le compositeur n’hésite pas à nourrir la texture et le format de l’orchestre, même Rossini se souviendra de son solo de clarinette pour Tancredi … C’est dire l’apport de Spontini après Gluck et avant Berlioz et Meyerbeer.

Servi par Melle Branchu (grande habituée des rôles tragiques à l’Opéra de Paris) dans le rôle de  la vestale Julia, l’opéra triomphe grâce aux tempéraments vocaux que la production a su regrouper pour la création parisienne. Porté par le succès de son livret, Etienne de Jouy (plus tard librettiste de Rossini), signe une adaptation plus comique de La Vestale (dans le genre  vaudeville, La marchande de modes), parodie créée elle aussi triomphalement au Théâtre du Vaudeville, où la jeune vestale Julia devient Julie, ouvrière dans un magasin de mode parisien. C’est Maria Callas qui à la Scala de Milan en 1954 ose remonter l’ouvrage et incarner le tempérament de la bouillonnante et digne Julia.  L’oeuvre n’avait pas investi une scène parisienne depuis 1854.

 

La production de La Vestale au TCE à Paris

Le TCE présente la version parisienne de la création en français.  Julia, vestale obligée à la soumission à l’ordre et au dieu qu’elle sert, demeure fidèle à son serment de virginité malgré la passion que lui voue le général vainqueur Licinius. C’est au début du siècle romantique une figure quasi mythique qui offre l’exemple d’une vierge sublime, inflexible et loyale mais qui est aussi une grande amoureuse, choisissant jusqu’à la mort, le sacrifice de son bonheur individuel.

 

spontini_et_epouse_448La production choisit une lecture universelle, ni historique ni décalée, que met en lumière l’épure tragique d’un plateau dénudé … afin que s’illustre et s’affirme la violence admirable d’une action qui cite le théâtre classique tragique. Tout en soulignant le tempérament de chaque protagoniste et l’intensité des confrontations dramatiques, la lecture présentée sur la scène du TCE en octobre 2013, laisse aussi la place au choeur omniprésent pendant l’accomplissement du drame : « … peuple de vestales, de prêtres, de  guerriers, de citoyens, foule bigarrée et mélangée, toujours au bord de l’explosion qui fait aussi la puissance de l’œuvre « ainsi que le précise le metteur en scène.

 

SPONTINI_buste_190La Vestale, tragédie lyrique en trois actes
Gaspare Spontini (1774-1851)

Texte de Etienne de Jouy, création en 1807.
Version française –  nouvelle production

Spectacle en français
Durée de l’ouvrage  : 2h10 environ
6 représentations
mardi 15, vendredi 18, mercredi 23,
vendredi 25, lundi 28 octobre 2013,19h30
dimanche 20 octobre 2013, 17h

Jérémie Rhorer  direction
Eric Lacascade  mise en scène

Ermonela Jaho  Julia
Andrew Richards  Licinius
Béatrice Uria-Monzon  La Grande Vestale
Jean-François Borras  Cinna
Konstantin Gorny  Le Souverain Pontife
Le Cercle de l’Harmonie
Chœur Aedes


La Vestale
Argument

Dans la rome antique.

acte I
Le forum romain et, à gauche, l’atrium avec les appartements  des vestales.  Le général Licinius, vainqueur de la guerre contre les Gaulois, aime la belle Julia.  Entretemps, celle-ci est devenue vestale en l’honneur de son  père disparu et s’est engagée à  rester chaste sa vie durant, faute de quoi elle prendra la vie. Julia est désignée pour remettre au général Licinius la couronne du vainqueur ; celui-ci en profite  pour s’annoncer chez la vestale le soir même, bien décidé à  l’enlever.

acte II
L’intérieur du temple de Vesta, avec au centre la flamme sacrée sur un grand autel en marbre. Julia est  gardienne de la flamme pour la nuit, qui ne doit jamais s’éteindre. Licinius arrive  pour enlever la jeune femme, mais celle-ci résiste à la tentation. La flamme s’éteint pendant leur altercation. Le souverain pontife exige le nom du coupable, mais Julia s’y refuse ; elle est condamnée à mort.

acte III

Tableau 1 : Les tombes en forme de pyramide de la Porta Collina. Licinius implore  vainement le ciel que Julia survive et avoue sa culpabilité. Julia nie ces allégations et entre dans la tombe pour y être enterrée vivante. Elle dépose  son voile de vestale devant l’autel, qu’enflamme un éclair. C’est le signe que la  déesse lui pardonne. Pardonnée, Julia peut épouser celui qu’elle aime et qui l’aime en retour.
Tableau 2 : Le temple de Vénus à Eryx.  L’union de Licinius et de Julia est célébré dans la joie.

 

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