jeudi 18 avril 2024

Saintes, Abbatiale. Concert Sibelius, Dvorak. Tedi Papavrami, le 12 octobre 2014, 15h30.

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ONPL-400x266Saintes, Abbatiale. Concert Sibelius, Dvorak. Tedi Papavrami, le 12 octobre 2014, 15h30. Saintes : nouvelle expérience symphonique ? Peu à peu, au fil d’une programmation musicale qui investit le lieu tout au long de l’année, l’Abbatiale de l’Abbaye aux Dames à Saintes confirme son rayonnement comme place symphonique : la voûte sacrée se fait temple de l’expérience orchestrale ; quand il ne s’agit pas des formations sur instruments d’époque (Symphonies des Lumières, Orchestre des Champs Elysées…), la Cité musicale accueille aussi des orchestres reconnus pour leur approche approfondie du répertoire. En témoigne ce nouveau rv dimanche 12 octobre 2014 à 15h30, dédié à Smetana, Sibelius et Dvorak, intitulé « Symphonie Slave », bien que Sibelius incarne tel un pur joyau nordique, la vitalité de l’écriture finnoise en matière de symphonisme ardent, original, irrésistible : son Concerto pour violon, chef d’oeuvre du genre par son introspection expressive et sa pureté d’inspiration (qui confine à l’épure) est ici défendu par l’excellent violoniste Tedi Papavrami. Il est accompagné par l’Orchestre national des Pays de la Loire qui fait sa première entrée sous la voûte de l’Abbaye aux Dames.

L’ouverture de La Fiancée vendue de Smetana est un vrai défi pour l’interprète ; on se souvient avec quel souci de l’expressivité raffinée et trépidante, un Karel Ancerl ou un Carlos Kleiber dirigeaient ce morceau symphonique aussi riche que tout un opéra, dévoilant chacun des trésors d’invention suggestive. Créé en mai 1886 à Prague, l’opéra confirme le tempérament lyrique de l’auteur ; annonçant l’esprit léger d’une comédie irrésistible, l’ouverture, développée dans l’esprit d’une véritable kermesse tchèque, redouble de nervosité villageoise, fourmille en accents et surenchère rythmique qui en font un morceau de choix pour tout orchestre. Ce n’est pas un lever de rideau mais bien un poème symphonique d’une profondeur inouïe, réclamant de tous les musiciens, une maîtrise absolue des dynamiques comme de la vitalité rythmique. Nerf, élégance et profondeur : le cocktail requis n’est pas évident ; il révèle de toute évidence les qualités (ou les limites) de toute formation…

Le Concerto pour violon de Sibelius
Sibelius_portraitEn ré majeur, le Concerto pour violon de Jean Sibelius est assurément son oeuvre phare. Etant devenu l’un des sommets de l’écriture violonistique, retenu par les plus grands concertistes, il s’est imposé naturellement auprès du public. L’opus 46 en ré majeur fut composé en 1903 et, après révision, créé sous la direction de Richard Strauss en 1905 à Berlin. L’oeuvre est contemporaine de l’installation du compositeur dans la villa “Aïnola”, à Jarvenpaa, en pleine forêt, à 30km d’Helsinki. Fidèle à son écrtiure et son inspiration de plus en plus exigeante, Sibeliu s’y laisse pénétré par le mystère de la Nature, sublimé en une réflexion perpétuelle sur la forme. Longtemps minimisé en raison d’une apparente et “creuse” rigueur, le Concerto s’imposa néanmoins en raison des difficultés techniques qu’il exige du soliste. Mais en plus de sa virtuosité exigente, le Concert de Sibelius demande tout autant, concentration, intériorité, économie, justesse de la ligne musicale. Autant de qualités qui se sont révélées grâce à la lecture des plus grands violonistes dont il est devenu le cheval de bataille. D’une incontestable inspiration lyrique néo-romantique, la partition développe une forme libre, rhapsodique, même si elle respecte la traditionnelle tripartition classique en trois mouvements: allegro moderato, adagio di molto, finale. Même si l’inspiration naturelle, panthéiste, du compositeur s’exprime avec clarté, en particulier d’après le motif naturel des forêts de sa Finlande natale, les souvenirs enrichissent aussi une imagination personnelle et intime. A ce titre, le deuxième mouvement pourrait convoquer les impressions méditerranéennes vécues pendant son séjour en Italie. A la sublime sensation du motif forestier, Sibelius ajoute la chaleur parfois brûlante du clair soleil méditerranéen.

Dvorak : Symphonie n°7
En ré mineur comme la 4ème, mais d’un tout autre format, – d’où son appellation de « grande symphonie en ré », la 7ème de Dvorak est le fruit d’une promesse du compositeur faite à la Royal Philharmonic Society de Londres au moment où il en avait été nommé membre d’honneur. Ecrite en 4 mois à partir de décembre 1884, la 7ème affirme le génie du symphoniste alors très influencé par Wagner et par son ami Brahms dont la 3ème Symphonie venait d’être triomphalement créée. C’est Hans von Bulow qui en assura l’interprétation la plus convaincante, enthousiasmant Dvorak au comble de la satisfaction : il écrit sur le manuscrit un hommage sensible à l’adresse du chef d’orchestre : « Gloire! Tu as donné vie à cette œuvre ». De fait avant la fameuse 8èùe Nouveau Monde », la 7ème impose l’ampleur et la maturité du génie symphonique de Dvorak en particulier dans la succession des deux premiers mouvements.

dvorak antoninDès l’Allegro maestoso d’ouverture, l’auditeur y retrouve tout ce qui fonde l’intense expressivité de l’écriture dvorakienne : lugubre et profonde introduction (qui valut à l’auteur plusieurs réécritures) puis fougue irrésistible : la vitalité de Dvorak s’exprime aussi par une étonnante et saisissante fluidité entre les mélodies exposées dont celle introduite par flûtes et clarinettes, citation à peine voilée de Brahms (Concerto pour piano n°2). Le 2è mouvement (Poco Adagio) est le sommet de la partition par son élévation spirituelle (choral d’ouverture exposé par les bois), son recueillement et ses langueurs suggestives très proches cette fois de l’esprit tristanesque défendu par Wagner. Dvorak mêle très habilement références brahmsiennes et wagnériennes.

Saintes, Abbatiale
dimanche 12 octobre 2014, 15h30

Bedrich Smetana
 : Ouverture de La fiancée vendue
Jean Sibelius : 
Concerto pour violon
Anton Dvořak : 
Symphonie n°7

Tedi Papavrami, violon (Stradivarius Le Reynier)
Orchestre national des Pays de la Loire
Vassilis Christopoulos, direction

Tarifs : de 8 à 32 €
Durée du concert : 1h15

Informations et achat en ligne

 

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