vendredi 29 mars 2024

Paris, TCE, le 31 octobre 2014. Milos, guitare. Rodrigo: Concerto d’Aranjuez

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milos guitare milos karadaglicParis, TCE, le 31 octobre 2014. Milos, guitare. Rodrigo: Concerto d’Aranjuez. Fin de mois ibérique et romantique pour l’Orchestre de chambre de Paris qui sous le titre d’un programme intitulé « soirée à Madrid » invite le guitariste Milos dans un classique du répertoire symphonique pour guitare, le célébrissime concerto d’Aranjuez de Rodrigo, composé en 1939 au cours de la dernière année de son séjour à Paris et pendant la Guerre civile.

 

Programme espagnol. Surnommé le « Mozart espagnol », Juan Crisóstomo de Arriaga compose son unique opéra, Los esclavos felices, à l’âge de 15 ans… Précoce, le musicien meurt à 20 ans.  Il incarne un style virtuose, parfois fulgurant au diapason d’une vie fauchée avant l’âge mûr. Tout comme Arriaga, Manuel de Falla, un siècle plus tard, étudie à Paris. D’une saveur piquante, Le Magistrat et la Meunière est une première ébauche qui deviendra par la suite Le Tricorne ; c’est un mimodrame, rarement donné comme ce soir dans la version originale, pour petit ensemble. Il en va différemment du Concerto d’Aranjuez, la pièce la plus célèbre de Joaquin Rodrigo (1901-1999), interprétée par le guitariste né en 1983 au Montenegro, Miloš Karadaglić ou tout simplement « Milos », son nom de scène désormais : ses références aux danses populaires (en particulier dans le finale – Allegro gentile-, la danse de cour associées aux rythmes ternaires…) tentent d’effacer les horreurs de la guerre civile qui déchire alors l’Espagne.

 

 

Un nouveau poète de la guitare : Milos

Milos a depuis son enfance une affection particulière pour le folklore et le spleen ibérique : à 8 ans,  il a un choc en écoutant Asturias d’Albéniz (par Segovia) que lui fait découvrir son père. Elève à Londres (Royal Academy of Music) de Michael Lewin, l’adolescent Milos apprend son métier en écoutant aussi le guitariste classique Julian Bream. Le jeune Milos adapte pour la guitare plusieurs pièces de Granados, originellement écrites pour le piano. ll s’agit d’élargir le répertoire comme approfondir la musique espagnole. Dans son premier album discographique édité chez Deutsche Grammophon « Mediterraneo » (juin 2011), Milos enregistre le cœur du répertoire espagnol romantique : autour d’Albeniz, Granados, Tárrega, mais aussi Carlo Domeniconi… Récemment Milos a travaillé avec le compositeur Andrew Lloyd Weber pour le thème principal de la comédie musicale «  Theme from Stephen Ward »… En multipliant les rencontres et les formes musicales, le guitariste enrichit une expérience déjà riche dans l’univers de la guitare classique.  Le Monténégrin veut rendre accessible la guitare au plus grand nombre : son charme et sa constance relèvent aujourd’hui ce défi. Milos connaît d’autant mieux le Concerto d’Aranjuez de Rodrigo qu’il l’a enregistré (avec d’autres pièces du compositeur dont Invocación y danza, Fantasia para un gentilhombre…)  sous la direction de Yannick Nézet Séguin.

Le concerto d’Aranjuez de Rodrigo écrit à Paris alors que l’Espagne s’entredéchire pendant la Guerre Civile (1939) est le premier de ses 5 Concertos pour guitare. On y relève l’influence des maîtres anciens Domenico Scarlatti, Padre Soler. Le titre renvoie au jardins (enchanteurs) du palais royal d’Aranjuez, édifié pour Felipe II. C’est une partition panthéiste, un hymne au miracle de la nature où s’expriment directement les merveilles du jardin célébré : chant des oiseaux, ruissellement des fontaines multiples, jusqu’au parfum des magnolias en fleurs… un Eden terrestre en temps de guerre. Au temps de la barbarie, le compositeur affirme a contrario le miracle atemporel et éblouissant des fleurs et des oiseaux… Le second mouvement (Adagio où dialoguent la guitare avec les bois et les cuivres : cor anglais, basson, hautbois, cor d’harmonie…), le plus introspectif, entre sérénité et tristesse pudique n’est pas inspiré des victimes du bombardement de Guernica survenu en 1937 (comme on le dit très souvent), mais de la lune de miel du compositeur avec sa femme Victoria.

Soirée à Madrid
Paris, vendredi 31 octobre 2014
Théâtre des Champs-Eysées, 20h

Orchestre de chambre de Paris
Roberto Forés Veses, direction
Miloš Karadaglić, guitare

Programme

Arriaga : Les Esclaves heureux, ouverture
Rodrigo : Concerto d’Aranjuez, pour guitare et orchestre
De Falla : Le Magistrat et la Meunière

Rappel : critique du cd Latino de Milos par Elvire James, juin 2012

Milos, le nouveau poète guitariste. En roi du tango et des mélodies populaires les plus nobles qui parlent au coeur immédiatement, Carlos Gardel dont Por una cabeza écrit en 1935, l’année de sa mort, paraît ici d’une suavité souveraine, légère, badine à laquelle Milos apporte une distinction pudique. Même entrain pour cet autre tango très connu, La Cumparsita de l’uruguayen Gerardo Matos Rodriguez, composée en 1917: Milos souligne avec un sens des nuances personnel, le déséquilibre et les vertiges d’un air ciselé entre nostalgie et tendresse… LIRE la critique complète du cd Latino par Milos (Villa-Lobos, Piazzolla, Gardel, …)

LIRE aussi la critique du cd Mediterraneo par Milos (Albeniz, Tarreaga, Granados… )

 

Photos : veste en cuir © L Borges

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