mardi 18 février 2025

CRITIQUE CD événement. JACQUET DE LA GUERRE : Sémélé, Judith… Maïlys de Villoutreys, Amarillis (1 cd Evidence)

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Chambriste et mordante, détaillée et caractérisée dans sa parure instrumentale aussi dense que restreinte, la lecture révèle avec à propos la parenté (en intensité dramatique) des 2 cantates : Sémélé puis Judith que la claveciniste virtuose et compositrice géniale Élisabeth JACQUET DE LA GUERRE (1665 – 1729) compose respectivement en 1715 et 1708 . La première a l’audace d’une orgueilleuse qui sera foudroyée pour son désir déplacé ; la seconde force sa nature et commet un crime dont l’audace force l’admiration par ce courage inouï qui l’a portée. D’une belle vivacité ardente, le soprano de Maïlys de Villoutreys exprime l’énergie et le tempérament de ces deux femmes fortes au destin contraire. 

 

 

Feux élégantissimes du dernier Louis XIV

Deux Drames tendres et vaillants
d’Élisabeth Jacquet de la Guerre

 

L’interprète éclaire la force du désir, la conviction de l’intention qui mène à deux issues opposées ; Sémélé s’adresse aux auditeurs, enivrée par sa vanité aveugle quand c’est le récit du narrateur qui évoque dans Judith, le geste héroïque de la meurtrière d’Holopherne, son bras qui n’a pas faibli. Mais les interprètes dans Sémélé soulignent la force morale du dernier air : apologie sensible de la modestie tendre plutôt qu’illusion trompeuse de la gloire vaine.

Pour Judith, le récit structure la continuité du drame ; son articulation précise, sensuelle, fusionne plus étroitement chant des instruments et trame narrative de la voix qui raconte : ainsi après la gravité tendre du sommeil, à la fois ample et sobre, le récit s’enivre lui-même à l’évocation de Judith triomphante. 

Les deux « intermèdes » instrumentaux choisis pour faire contraste avec les deux drames féminins (Sonate en Trio et surtout la somptueuse Suite finale de 1707, où brille voluptueux, noble le superbe clavecin de Marie Van Rhijn) composent comme le commentaire imaginaire des deux paraboles dramatiques inscrites à la fin du règne du Roi-Soleil ; l’éloquence du hautbois, la suprême agilité allusive des cordes soulignent un peu plus le raffinement d’une écriture musicale, de fait solaire et crépusculaire, aux chatoiements éblouissants et oniriques, qui sait exprimer sans fioriture ni emphase gratuite. Eloquente et directe, mais suave et élégantissime, l’écriture d’Élisabeth Jacquet de la Guerre est bien à la hauteur de sa réputation et l’on comprend que le Roi Louis XIV ait estimé à sa juste valeur, ce génie trop méconnu. Déterminée, nuancée, vive, la lecture est captivante. 

 

 

 

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CRITIQUE CD événement. JACQUET DE LA GUERRE : Sémélé, Judith… Maïlys de Villoutreys, Amarillis – 1 cd Evidence – La Courroie, nov 2021 – CLIC de CLASSIQUENEWS

 

 

 

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Teaser vidéo :

 

 

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