vendredi 29 mars 2024

Compte rendu, festival. Beaune, le 24 juillet 2016. Mozart : Vêpres solennelles et Messe du couronnement, Insula Orchestra, Laurence Equilbey.

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Jean-François Lattarico
Jean-François Lattarico
Professeur de littérature et civilisation italiennes à l’Université Lyon 3 Jean Moulin. Spécialiste de littérature, de rhétorique et de l’opéra des 17 e et 18 e siècles. Il a publié de Busenello l’édition de ses livrets, Delle ore ociose/Les fruits de l’oisiveté (Paris, Garnier, 2016), et plus récemment un ouvrage sur les animaux à l’opéra (Le chant des bêtes. Essai sur l’animalité à l’opéra, Paris, Garnier, 2019), ainsi qu’une épopée héroïco-comique, La Pangolinéide ou les métamorphoses de Covid (Paris, Van Dieren Editeur, 2020. Il prépare actuellement un ouvrage sur l’opéra vénitien.

Equilbey laurence JOA SaintesCompte rendu, festival. Beaune, le 24 juillet 2016. Mozart : Vêpres solennelles et Messe du couronnement, Insula Orchestra, Laurence Equilbey. Ce programme, qui a déjà tourné (les Vêpres avaient été donnés à la Philharmonie de Paris en septembre dernier), est constitué de deux œuvres de circonstance, composées par Mozart pour Salzbourg respectivement en 1780 et 1779. Elles distillent une certaine pompe grandiloquente, une tonalité austère qui se traduit par la verticalité d’un chant assuré essentiellement par les chœurs, laissant finalement assez peu l’occasion aux quatre solistes de briller, à l’exception de la soprano à laquelle échoit un très beau solo pathétique dans le Laudate dominum. Les deux pièces sont relativement brèves (un peu plus d’une demi-heure chacune). Les Vêpres, composées pour le prince archevêque de Salzbourg, comportent six sections qui alternent des tonalités véhémentes (dans l’initial Dixit dominus) et plus légères (Confitebor), austères (Laudate pueri, dont la fugue initiale annonce singulièrement le Kyrie du Requiem) et élégiaques (Laudate dominum), même si une certaine uniformité les caractérisent.

 

Laurence Equilbey à Beaune

Mozart, le Salzbourgeois sous le prisme de la précision technique

On ne peut que louer la précision technique avec laquelle Laurence Equilbey dirige sans aucune gestuelle emphatique le chœur et l’orchestre. Celui-là montre un très bel équilibre des pupitres, celui-ci émerveille par la rigueur et l’homogénéité du discours. En outre, le dialogue avec les solistes fonctionne parfaitement, et il n’y a aucun réel reproche à faire à la réalisation musicale d’une exactitude métronomique. Mais c’est peut-être cette rigueur excessive qui donne l’étrange sentiment d’une lecture parfois sèche, paradoxalement trop lisse, où ferveur et émotion semblent être soumises à cette précision technique implacable.

La Messe évite beaucoup mieux ce léger travers et les contrastes sont davantage marqués. Les couleurs de l’orchestre sont admirablement mises en valeur, comme dans la section du Gloria, très véhémente, où l’orchestre répond au chœur par des graves presque terrifiants. L’œuvre est plus variée dans sa composition, les sections étant plus contrastées, comme en témoigne le pétillant quatuor du Benedictus qui résonne comme un ensemble presque incongru de dramma giocoso, agrémentée de la douceur typiquement mozartienne du hautbois.
Les quatre chanteurs y excellent et leur voix est magnifiquement caractérisée. On apprécie le timbre rond et juvénile de la soprano Maria Stavano, la vaillance de la basse Konstantin Wolff, la voix lumineuse du ténor Martin Mitterrutzner (superbe dialogue avec la soprano dans le Kyrie initial), tandis que la mezzo Renata Pokupic, techniquement impeccable, semble plus effacée et ne brille guère par sa présence, certes diluée dans la masse chorale dominante. En bis, les deux phalanges nous ont gratifié d’un magnifique Alleluia de Buxtehude, partie conclusive de la très belle cantate « Der Herr ist mit mir », qui apportait une ferveur et une joie bienvenues.

Compte rendu, festival. Beaune, le 24 juillet 2016. Mozart : Vêpres solennelles et Messe du couronnement / Insula Orchestra. Laurence Equilbey, direction.

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