vendredi 29 mars 2024

Compte rendu, concert. Saintes. Abbaye aux dames, le 15 juillet 2015. Brahms; Schumann; Schubert. Wagner; Isaac. Emmanuel Ceysson, harpe; Anneke Scott, Joe Walters, Olivier Picon, Chris Larkin, cors. Ensemble Pygmalion; Raphaël Pichon, direction.

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L’édition 2015 du festival de Saintes étant centrée sur les jeunes talents, de nombreux artistes prometteurs ou déjà reconnus se croisent dans l’église abbatiale de Saintes. Nous avons dit dans une autre chronique tout le bien que nous pensions de Jean Rondeau, claveciniste et pianiste de haut vol, de Bach au Jazz; le 15 juillet au soir, c’est Raphaël Pichon et l’ensemble Pygmalion, dont il est le directeur musical et fondateur, qui se sont installés à l’Abbaye aux Dames. Le jeune chef, il n’a que 31 ans, a, dès 2005, centré le répertoire de Pygmalion sur la musique de Johann Sebastian Bach (1685-1750) et Jean Philippe Rameau (1683-1764). Ceci ne l’empêche pas de visiter avec talent d’autres contrées musicales, du XVIIIe siècle à nos jours. Et le concert de ce mercredi soir démontre à quel point Pichon transforme en or tout ce qu’il touche, tant le répertoire visité, est radicalement aussi convaincant que différent de celui qu’il défend habituellement.

Pygmalion explore le canon romantique

raphael_pichonLe programme, consacré aux romantiques allemands, alterne musique instrumentale transcrite pour cors ou pour cors et harpe par le compositeur Vincent Manac’h, et musique vocale, a cappella ou en complicité avec un ou plusieurs des cinq musiciens présents. Le challenge est d’autant plus réussi que nombre d’oeuvres sont totalement méconnues du public : canons pour voix de femmes a cappella de Johannes Brahms (1833-1897), Robert Schumann (1810-1846) ou Franz Schubert (1797-1828). Le pari est risqué mais réussi au delà de toutes nos attentes : précision, rigueur, justesse, diction excellente et direction claire, nette, précise. Il n’y a aucune faiblesse dans les canons a cappella ni dans dans les oeuvres avec accompagnement instrumental comme le chant des filles du Rhin, tiré du Crépuscule des Dieux de Richard Wagner (1813-1883). Quant aux arrangements pour cors ou cors et harpes des oeuvres de Heinrich Isaac (1450-1517), de Schumann ou de Brahms par Vincent Manac’h, ils sont interprétés avec une maîtrise quasi parfaite de leurs instruments par les cinq musiciens invités. Notons également les déplacements du choeur, tant sur la scène que dans le choeur arrière, qui ajoute une petite touche scénographiée, sympathique et attachante à l’ensemble de la soirée. De la première à la dernière note, le public est subjugué au point que les applaudissements, plutôt timides et à rebours en cours de soirée fusent en fin de concert; l’accueil chaleureux qui est réservé aux artistes de ce mercredi soir est grandement mérité au vu de la superbe performance artistique réalisée.

C’est donc un concert quasi parfait que Raphaël Pichon et l’ensemble Pygmalion ont présenté mercredi soir à un public plutôt nombreux. D’autant plus idéal que le jeune chef ressort de l’ombre, un certain nombre d’oeuvres vocales, restées méconnues, de grands compositeurs romantiques allemands; et nous tenons à saluer l’audace payante de Pichon qui réussit un coup de maître digne des plus grands. En amont la préparation rigoureuse de l’ensemble vocal contribue aussi pour beaucoup au grand succès de la soirée. Espérons que ce coup de projecteur sera suivi d’une publication au CD.

Compte rendu, concert. Saintes. Abbaye aux dames, le 15 juillet 2015. Johannes Brahms (1833-1897) : Ich swing mein horn (pour cor), Göttlicher Morpheus, Wille, wille, will, der mann ist kommen, grausam erweiseit sich amor an mir, Einförmig ist der liebe gram, quatre chants pour voix de femmes, cors et harpe op 17 ; Robert Schumann (1810-1846) : Wiegenlied (arrangement Vincent Manac’h), In meeres Mitten; Meerfay, Die capelle, Sonnerie pour deux cors; Franz Schubert (1797-1828) : Psaume XXIII Gott ist mein hirt, Ständchen, Lacrimosa son io, Coronach; Richard Wagner (1813-1883) : Le crépuscule des Dieux (sonnerie des filles du Rhin, chant des filles du Rhin); Heinrich Isaac (1450-1517) : innsbruck ich muss dich (transcription Vincent Manac’h). Emmanuel Ceysson, harpe; Anneke Scott, Joe Walters, Olivier Picon, Chris Larkin, cors. Ensemble Pygmalion; Raphaël Pichon, direction.

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