vendredi 29 mars 2024

CD. Simone Kermes : Bel canto ( 1 cd Sony classical)

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CD. Simone Kermes : Bel canto ( 1 cd Sony classical) …  Diva abonnée aux risques et aux récitals conçus comme de surprenants pots pourris (au sens du XIXème : combinant airs célébrimissimes et inédits à fort potentiel), la diva Simone Kermes signe un nouvel album indiscutablement exaltant offrant dans ce panorama bel cantiste, – à part Monteverdi, unique immersion baroque, et qui fait figure de très beau ressourcement aux origines-, une leçon de romantisme vocal ou de Bel Canto romantique.

Aux côtés des airs très connus et abordés (voire sublimés) par les plus grandes avant elle (dont évidemment Caballé pour ici Casta diva et I Masnadieri…), Simone Kermes éclaire plusieurs avatars du sentiment romantique selon les auteurs, de Rossini (extraits de Maometto II et Semiramide), Bellini (Norma, Adelson e Salvini), surtout Donizetti dont le piquant lui va à ravir (lire ci après), enfin les Verdi de jeunesse, celui guerrier et très ouvertement patriote de I Masnadieri et particulièrement Attila : l’épée vocale qu’y brandit l’héroïne Odabella, est pleine d’éclat et d’esprit de conquête : une lame qui est comme la voix affûtée, osant tout, y compris l’assurance d’aigus lumineux.
De toute évidence, sa voix blanche, de baroqueuse assumée, au vibrato très contrôlé, accordée à une technique de vraie coloratoure souvent insolente qui lui permet de vocaliser autant de variations libres, confirme un vrai tempérament vocal et dramatique.

 

 

Simone Kermes, bel cantiste accomplie

 

kermes_simone_bel_canto_sony_classical_bel_cantoL’excellent Mercadante (Virginia d’ouverture, Naples 1866) affirme sa nature idéale en coquette triomphante (un caractère très wébérien et aussi Straussien, celui de  La Chauve souris), associant du piquant et de la tendresse virevoltante. Même instinct musical remarquable pour ses Donizetti, frappés d’une belle audace (avec ce mordant expressif parfaitement énoncé pour  la rare et captivante Betly – Naples 1836-, dont les accents buffa annoncent l’astucieuse Norina de Don Pasquale de 1843) ; ses Bellini, sont tendres, et ses Verdi (I Masnadieri) plus intérieures et tragiques, dévoilent une sensibilité aiguë d’amoureuse plus grave, nous offrant comme variations, (et se distinguant de son aînée Montserrat Caballé légendaire ici), des cascades de vocalises parfaitement enfilées : l’indice d’une superbe actrice, n’hésitant pas à la différence de nombre de ses consœurs moins audacieuses, à affirmer un vrai format dramatique qui passe essentiellement par une maîtrise technicienne impressionnante et un style prêt à en découdre.

Moins convaincante cependant dans Mozart, Simone faiblit dans le plus classique des romantiques : sa Reine de la nuit patine surtout dans le second air, plus mitraillée voire mécanique.

Quoiqu’il en soit la diva émerveille dans le choix des airs, très habilement enchaînés : une galerie d’héroïnes romantiques dont elle maîtrise toutes les facettes ténues de ce bel canto synonyme grâce à sa conception d’élégance légère, de virtuosité subtilement expressive. Au registre de la tendresse, Adelson e Salvini, ouvrage du premier Bellini (Naples 1825) fait rayonner la langueur crépusculaire portée à son sommet dans Casta diva (Norma 1831) : sur la harpe enchantée, la voix de la soprano trouve ici et là, pour Nelly comme pour Norma, le ton juste entre naturel et élégance : une évidente compréhension de l’art du bel canto, de nature extatique, sans jamais perdre le relief ni la tension articulée du texte (très beau legato pour le chant élégiaque de la prêtresse gauloise. De toute évidence, une superbe incarnation qui assoit si nous en doutions, la musicalité souveraine de la diva.

Quant au style rossinien, sa seule Semiramide (Venise 1823), d’un aplomb plus classique et d’une grâce éthérée, avec ses cascades parfaitement filées elles aussi, confirme la très grande classe d’une pyrotechnicienne de haut vol. Son  » Bel raggio lusinghier « , modèle de déclaration amoureuse princière classe d’emblée  » La Kermes  » parmi les plus habitées : musicalité, technique, style, surtout feu exalté/exaltant : d’une belle santé vocale, la diva double sa maîtrise technicienne d’une incarnation stylée, d’un angélisme clair et cristallin qui foudroie. Quelle classe !

En égérie romantique, ambassadrice d’un récital épatant, la diva Simone Kermes convainc absolument entre haute virtuosité coloratoure et incarnation dramatique subtilement nuancée. Prolongeant ses précédents  » délires  » baroques (Vivaldi), la muse romantique (qui s’affiche ainsi en couverture, nous promettant la lévitation) atteint évidemment son objectif. Et ce n’est pas la complicité des instrumentistes du Concerto Köln qui dément une telle réussite musicale. Superbe récital.

 

Simone Kermes, soprano. Bel canto. Bellini, Rossini, Donizetti, Verdi, Mercadante, Monteverdi …   1 cd Sony classical

 

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