mardi 19 mars 2024

CD, critique. WEBER : Symphonie n°1, Concertos (Orchestre Victor Hugo / JF Verdier (1 cd Klarthe records, 2015)

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WEBER-concertos-symphonie-orchestre-victor-hugo-verdier--1-cd-klarthe-records-critique-cd-review-par-classiquenewsCD, critique. WEBER : Symphonie n°1, Concertos (Orchestre Victor Hugo / JF Verdier (1 cd Klarthe records, 2015). Voilà un programme passionnant en ce qu’il s’intéresse à l’exploration instrumentale de Weber, en particulier à travers ses rencontres avec des instrumentistes d’envergure à Munich en 1811… On oublie trop souvent l’essai symphonique de l’auteur du Freischütz (1821), opéra fantastique qui doit sa puissance onirique à son écriture orchestrale. Ici, la verve et l’imagination dont fait preuve Carl Maria dans son premier opus symphonique, étonne et saisit l’écoute. Ce nouvel opus discographique est à classer au nombre des meilleures réalisations de l’Orchestre Victor Hugo et son directeur musical Jean-François Verdier qui déploient une implication communicative dans chaque épisode, symphonique et concertant, éclairant chez Weber, cette intelligence critique, exploratrice de nouvelles sonorités instrumentales autant que climatiques.

weber portrait par classiquenews OBERON EURYANTHE opera par classiquenews Carl-Maria-von-WeberCarl Maria von Weber y gagne un nouveau visage, celui d’un apprenti sorcier, amateur de timbres associés, souvent inédits. Ainsi l’apport de cette Symphonie n°1… L’élève de l’abbé Vogler à Vienne s’y montre doué pour les évocations frémissantes, aussi dignes de Schubert que de Mendelssohn. Le futur directeur de l’Opéra allemand à Dresde démontre une réelle facilité dramatique, hautement théâtrale même qui innerve son écriture symphonique, ce dès le premier mouvement, à la fois solennel et palpitant, d’une évidente grandeur, jamais démonstrative. Datée de 1807 (mais publiée en 1812, et très critiquée par son auteur, plus investi dans l’opéra), c’est à dire oeuvre de jeunesse, la Symphonie n°1 rayonne d’un sentiment de conquête et de jubilation qui électrise même une écriture brillante (en ut), dont le second mouvement indique le sens de la coloration et d’une certaine intériorité pastorale (solos instrumentaux dont le hautbois). Débridée, décousue, la Symphonie n’a pas il est vrai l’ossature ni la cohérence architecturée de ses ouvertures d’opéras.

  
 
 

WEBER, symphoniste concertant expérimental

  
 
 

CLIC D'OR macaron 200Plus mûre, l’écriture du Concerto pour clarinette n°2, affirme un tempérament virtuose qui célèbre alors le talent d’un clarinettiste devenu ami, rencontré en 1811 à Munich, Heinrich Bärmann (mort en 1847) dont l’instrument à 10 clés lui permettait de faire briller une technique véloce à la sonorité moelleuse, y compris dans les passages les plus redoutables (suraigus / très graves). L’opus 74 créé en novembre 1811, explore grâce au soliste au jeu vertigineux autant qu’enchanteur, toutes les facettes expressives de la clarinette, qu’il associe amoureusement et sensuellement aux timbres de l’orchestre (cor et basson en particulier). L’intériorité et la profondeur du jeu de Nicolas Baldeyrou éclairent la souple élégance, à la fois noble et enivrée du mouvement central (Romanza) ; la couleur et le caractère parfaitement énoncés écartent définitivement l’éclat viennois et son essence virtuose vers un sentiment rayonnant et intérieur, totalement… souverainement romantique (et qui s’apparente dans le chant de plus en plus extatique de la clarinette à un vaste lamento d’opéra). Le Rondo (alla Polacca) frappe lui aussi par sa forte caractérisation. L’accord entre le soliste et l’orchestre est idéal.

Le Concerto pour cor magnifiquement ciselé et articulé par le soliste David Guerrier confirme que le label Klarthe est bien celui des grandes personnalités solistiques, capables de marquer l’écriture concertante par leur engagement et leur vision, un geste singulier et recréatif d’une grande portée poétique ; il informe aussi que Weber connaît bien le caractère chantant de l’instrument pour lequel il crée des modulations et des passages harmoniques d’une souple profondeur (mouvement central : Andante con moto) ; on distinguera surtout l’éloquence typée, d’un tempérament inouï du dernier mouvement lui aussi « alla Polacca », où le soliste époustoufle par sa virtuosité très incarnée et personnelle.

La recherche de couleur et de sonorité magicienne se déploie dans l’Adagio et rondo pour harmonica de verre d’une noblesse suspendue grâce au talent du soliste ici (Thomas Bloch), d’une sensibilité évanescente et iridescente même comme l’est ce diptyque en tout point enivrant (1811). Weber fait preuve d’une curiosité quasi expérimentale, jouant avec le son flûté et d’orgue, comme un carillon lointain aux teintes filigranées auxquelles répond l’orchestre lui aussi diaphane (en particulier dans les réponses de la première moitié du Rondo / Allegretto final). Réjouissant et original programme.

  
 
 

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CD, critique. WEBER : Symphonie n°1, Concertos (cor, clarinette)… Orchestre Victor Hugo. Jean-François Verdier, direction (1 cd Klarthe records, enregistrement réalisé en décembre 2015)

Carl Maria von Weber :
Symphonie n°1 en do majeur, op.19
Concertino en mi mineur pour cor et orchestre, op.45 (David Guerrier, cor)
Adagio et rondo en fa pour glass harmonica et orchestre (Thomas Bloch, glass harmonica)
Concerto n°2 en mi bémol majeur pour clarinette et orchestre, op.74 (Nicolas Baldeyrou, clarinette)
Orchestre Victor Hugo
Jean-François Verdier, direction

  
 
 

PLUS D’INFOS : http://www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/weber-detail

  
 
 

  
 
 

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