vendredi 29 mars 2024

CD, compte rendu critique. The Tempest, inspiré par Shakespeare. Musiques de Locke, Martin, Hersant, Pécou, Purcell… La Tempête. Simon-Pierre Bestion (1 cd Alpha, 2014)

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the-tempest-locke,-purcell,-martin-hersant-pecou-alpha-the-tempest-simon-pierre-bestion-1-cd-critique-complete-compte-rendu-CLIC-de-classiquenews-avril-2015CD, compte rendu critique. The Tempest, inspiré par Shakespeare. Musiques de Locke, Martin, Hersant, Pécou, Purcell… La Tempête. Simon-Pierre Bestion (1 cd Alpha, 2014). The Tempest de 1611 de Shakespeare inspire La Tempête, projet collectif porté par son créateur Simon-Pierre Bestion (ex créateur d’Europa Barocca et de Luce Del Canto) : un cercle variable d’artistes dont les individualités associées composent une manière d’arène vivante, une compagnie cohérente et pourtant fourmillant de personnalités distinctes. Joignant toujours le geste et le mouvement à la précision très habitée du chant, accompagné par un groupe d’instrumentistes remarquablement mordants et palpitants, le groupe La Tempête nouvellement né (1er janvier 2015) subjugue ici de facto dans un spectacle où c’est essentiellement la vie et l’exclamation agissante qui s’affirment. La réussite de l’offre s’appuie sur un formidable groupe de chanteurs : percutants, diseurs inspirés et donc un continuo qui est précisément ce que le jeune chef annonce dans sa note d’intention sur son projet : ambassadeurs de sons chauds, colorés, incarnés. C’est donc en plus de son expressivité, une esthétique sonore spécifique. Ajoutons surtout la présence du théâtre : tout l’enregistrement tend vers la scène, et l’auditeur pense constamment au prolongement visuel – incarné- de la sélection de partitions ainsi assemblée.

 

 

 

Associant Purcell, Pécou, Locke , Hersant et Martin, Simon-Pierre Bestion réécrit the Tempest de Shakespeare

Mask des temps mêlés

 

CLIC_macaron_20dec13La suggestion des atmosphères, l’approfondissement des situations nourrit un goût pour la caractérisation par le groupe : chef et chanteurs alternent tout en suivant l’intrigue de The Tempest, pièces chantées surtout choralement, baroques ou contemporaines. Le chant solo n’est pas le fil conducteur, plutôt un chœur qui expire, s’alanguit, peint constamment des paysages sonores dramatiquement ciselés. L’auditeur suit les enchantements du mage Prospero sur son île, d’abord inspiré par l’esprit de vengeance ; puis, dévoilant une étonnante leçon d’humanité. Entre temps, le profil captivant d’Ariel dont il a fait sa créature démoniaque et aérienne, alterne avec la figure plus tendre de Miranda, jeune cœur d’amour épris dont la pureté casse le fil des fatalités fratricides.
On passe par exemple dans l’acte I, des superbes climats de Matthew Locke (Curtain tune), de l’hallucination purcellienne au Songs d’Ariel de Frank Martin (1950), ou Falling star de Philippe Hersant (2005). Ce passage d’un siècle à l’autre, accusant les contrastes poétiques, confirment la disposition stimulante des interprètes ; tout l’enchaînement ensuite du V, associant Purcell, Frank Martin, Locke s’avère tout autant exaltant; et le chant soliste n’est pas exclu comme l’atteste au III, entre autres, Dorinda’s song du baroque James Hart par le soprano clair de Chantal Santon, accentué encore par le traverso qui lui est associé… Sans omettre comme final du même III, le velouté sombre de la mezzo Lucile Richardot et son formidable potentiel dramatique (Remember de You are three men of sin…).

Nostalgie chorégraphique des baroques (Locke, Purcell, au final si lullystes dans cet abandon raffiné), percutantes suggestions des « modernes » : Martin (défenseur du baroque), Pécou (aux accents amérindiens…), Hersant (et son goût pour l’anglais) font un formidable parcours sonore qui aiguise l’imaginaire et la conscience, excite l’esprit et le goût.

La justesse du chant collectif, le murmure enchanteur des instrumentistes, la conception même du spectacle dans l’enchaînement des tableaux des 5 actes ainsi reconstitués comme s’il s’agissait d’un pasticcio, forment ce mask contemporain des temps mêlés ; des qualités qui affirment bel et bien la maturité originale d’un nouvel ensemble désormais à suivre : La Tempête ; sa proposition et son esprit titillent notre conception de la musique et du concert. Un collectif qui fait bouger les lignes, en somme. Ne manquez pas La Tempête version spectacle cette fois, à l’affiche en avril 2015 : lundi 11 mai 2015, 20h30 aux Bernardins à Paris.

The Tempest, inspiré par Shakespeare. Musiques de Locke, Martin, Hersant, Pécou, Purcell… La Tempête. Simon-Pierre Bestion. 1 cd Alpha, enregistré en juillet 2014 en France (Choisy le roi). Durée : 1h20mn.

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