mercredi 16 octobre 2024

CD, compte rendu critique. Rameau (1683-1764) : Le Temple de la Gloire (Guy van Waas, 2 cd Ricercar RIC 363)

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CD, compte rendu critique. Rameau (1683-1764) : Le Temple de la Gloire (Guy van Waas, 2 cd Ricercar RIC 363). Voici le Rameau officiel qui colle à son sujet : c’est bien en 1745, le musicien le plus célébré, compositeur atitré à Versailles (nommé en cette même année de reconnaissance, « compositeur de la musique du Cabinet ») qui s’affirme ici, à croire que le héros finalement glorifié serait bien Rameau lui-même. En tout cas sa musique est l’une des plus fastueuses, flamboyantes, diversifiées. C’est l’année des prodiges pour le compositeur : Platée, La Princesse de Navarre et donc Le Temple de la Gloire : universel, génie imaginatif, Rameau imagine dans le ballet héroïque, trois opéras en un. Bacchanale pour la première entrée (Bélus), bacchanale pour la seconde entrée (Bacchus), tragédie pour la troisième entrée (Trajan). Même le Prologue est l’un des plus raffinés et aboutis, suscitant dans le personnage de l’Envie trépignant aux abords du Temple, l’un des personnages graves et tragiques, accompagné par les bassons, parmi les plus saisissants conçus par Rameau.

rameau temple de la gloire guy van waas cd critique review classiquenewsEn octobre 2014, Guy van Waas dirige ses Agrémens ciselés et articulés avec une distribution engagée et vive, capable de drame autant que de séduction linguistique. Le livre cd est l’un des meilleurs apports discographique de l’année Rameau 2014 déjà riche en découvertes et belles réalisations. Le Ballet héroïque impose un Rameau édifiant voire pompeux mais toujours inspiré par les grâces sentimentales propres au règne de Louis XV et de La Pompadour : de la délicatesse, de l’héroïsme, de la sincérité aussi, les 3 entrées font varier les plaisirs ; où résonnent les fabuleux oiseaux qui appellent dans le final « la gloire et le bonheur de l’Univers ». Il y a évidemment du Boucher chez ce Rameau courtois, éduqué, raffiné. L’orchestre est d’une constante tension affûtée et ciselée, aux couleurs délicieuses, aux harmonies jamais convenues voire déconcertantes. C’est dans le flot impétueux d’une musique exaltée que Rameau le grand prend sa revanche sur Racine, et tous les théâtraux de faiseurs de drame… qui doutaient de sa musique.

Muse princière de la déclamation aristocratique, le soprano de Judith van Wanroij incarne de superbes Lydie et Plautine. Chanton Santon surprend dans son emploi délirant, déjanté : son Érigone est fantasque et burlesque même. Et les facéties mordantes du livret de Voltaire sont surtout magistralement dévoilées par le Bacchus anthologique de Mathias Vidal dont la langue vive, l’acuité dramatique, le talent direct, intense, précis ensorcèlent et captivent littéralement. Superbe réalisation. VOIR aussi notre reportage vidéo exclusivité CLASSIQUENEWS © 2014 : Le temple de la gloire enfin ressuscité.

CD, compte rendu critique. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Le Temple de la Gloire. Judith van Wanroij, soprano (Lydie, Plautine), Katia Velletaz, soprano (Une Bergère, une Bacchante, Junie), Chantal Santon-Jeffery, soprano (Arsine, Érigone, la Gloire), Mathias Vidal, ténor (Apollon, Bacchus, Trajan), Alain Buet , basse (L’Envie, Bélus, le Grand Prêtre de la Gloire), Les Agrémens. Choeur de Chambre de Namur. Guy van Waas, direction. Livre-disque (2 CD)  Ricercar RIC363. Enregistré en octobre 2014 à Liège et à Versailles.

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