vendredi 29 mars 2024

Andreas Scholl, portrait (2013)

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Télé, ARTE. Andreas Scholl, contre ténor, le 19 janvier 2014, 0h10 … Le quadra hautre-contre allemand Andreas Scholl (né en 1967) a marqué l’interprétation du répertoire baroque (Purcell, Bach, Haendel…) dans les années 1985-2010 grâce à une voix d’une remarquable onctuosité flexible qui l’a distingué d’entre ses pairs.
Incarnant alors l’idéal vénéré des Farinelli ou Senesino et Cafarelli, le timbre aigu du chanteur n’a cessé de fasciner et de troubler. Quoi de plus déconcertant qu’un homme chantant avec des aigus féminins, jouant sur scène de plusieurs identités … ?

 

 

 

portrait du contre ténor Andreas Scholl

l’aventure des castrats
Une voix pour César
Arte, Dimanche 19 janvier 2014, 0h10

 

Andreas SchollRiche d’une expérience de vingt ans comme chanteur professionnel, Andreas Scholl se livre ici : il explique comment il a conservé sa voix d’enfant malgré la mue… Mais une technique solide ne suffit pas pour interpréter : l’art du chanteur doit aussi maîtriser les qualités d’un acteur. Comme professeur à l’école de musique de Mayence, le haute contre qui prend sa retraite peu à peu, commente et explique ce qui fait aujourd’hui les qualités d’un bon haute contre…

Documentaire de Manfred Schyko (Allemagne, 2013, 51 mn).

 

 

 

Son dernier album chez Decca remonte à mars 2012 (Cantates de Bach). En voici la critique que rédigeait alors notre collaborateur Camille de Joyeuse :

Scholl Andreas Cantates Bach DeccaLa voix a perdu de son élasticité, cette suavité première, naturellement lumineuse et éclatante… En revanche, elle a gagné en intelligence d’élocution, en justesse et intensité stylistique : le Bach d’Andreas Scholl est un acte profondément investi, aux aspérités nouvelles plus proche du cœur que d’un hédonisme vocal ailleurs… si lisse et ennuyeux chez bon nombre de ses confrères dont la surprise du timbre passée, fait place souvent à … un vide sidéral quant au phrasé et à l’expressivité ; souvent s’agissant des altos (et sopranos) masculins, l’ennui perce vite, laissant criante une indifférence totale à un chant souple et surtout vivant; ici, rien de tel; au contraire, Andreas Scholl incarne une évolution très intéressante de sa voix et de sa tessiture, preuve qu’on peut chanter longtemps et bien… parce que les choix de répertoire, intelligents et opportuns, ont ménagé le cœur du timbre… Prudence et sagesse de l’interprète, plutôt rares chez les chanteurs.

D’emblée, la cohérence du programme révèle un regard réfléchi et très personnel: se dessine ainsi un chemin en spiritualité qui pourrait synthétiser toute l’expérience fervente dont Bach laisse un témoignage parmi les originaux et les plus poignants du baroque sacré; Il ne s’agit pas seulement de sélectionner les cantates correspondant au timbre du contre-ténor; il est aussi question d’ un parcours poétique et spirituel dont le sens se réalise grâce à la très fine continuité et correspondance des thèmes abordés dans les textes des cantates ainsi abordées et combinées.

 

 

Elévation, spiritualité, ferveur

La blessure de la voix illumine la prière dialoguée avec le hautbois soliste de l’air du début de la BWV 82: Ich Habe genug… (1727: cantate originellement pour basse pour la fête de la Purification, que le contre-ténor allemand chante dans la version alternative pour mezzo, cordes et hautbois: climat serein et apaisé qui pourtant grâce à cette attention aux mots se fait monologue palpitant, subtilement incarné; caractère intimiste d’une brulante vérité dans l’articulation ciselée du verbe. C’est la certitude du croyant touché par la grâce angélique de l’Enfant ( air central qui est le plus développé: Schlummert ein, ihr matten Augen…).

Contrepointant le chemin introspectif touché par le Mystère de la 82, la 169 frappe par son climat d’emblée plus jubilatoire, d’une gaieté d’abord délicieusement portée par l’orgue introductif; Andreas Scholl convainc dés son premier air parfaitement préparé par l’arioso précédant: certitude à nouveau du croyant dont le cœur sans jamais dévier de sa route, se réserve à Dieu; contre les illusions du monde terrestre dont l’air d’une très subtile et douce gravité désigne la vanité, la voix ouvre tout un horizon céleste ; Le parcours de l’âme implorante qui aspire a la fin de délivrance est enfin accompli dans la sélection des deux airs finaux: récitativo accompagnato de la BWV 161, auquel l’air aux cloches de la BWV 53 apporte l’ultime réponse en forme de résolution pour tout le programme.

Si les instruments manquent de subtilité, le chant expressif, précis, naturel et très juste d’Andreas Scholl préserve l’approfondissement spirituel déposé dans le texte: vision de la dernière heure éprouvée ici comme une béatitude pacifiante. L’aboutissement de toute quête spirituelle. La sincérité du style, la justesse de l’intonation touchent indiscutablement. Magnifique récital. Superbement conçu.

Andreas Scholl, contre-ténor: Jean-Sébastien Bach, Cantates BWV 82, 169, + extraits des BWV 150, 200, 161, 53. Andreas Scholl, contre ténor. Orchestre de chambre de Bâle. 1 cd Decca. Enregistré en janvier 2011 en France. Ref: 478 2733

 

 

En 2008, Radio Classique dédiait un portrait au contre ténor Andreas Scholl. Voici la notice qu’écrivait alors notre rédacteur Ernst van Beck :

Révélé à partir de 1990, alors qu’il avait à peine dépassé la vingtaine, Andreas Scholl poursuit une carrière sans faute de goût, imposant son timbre lumineux, souple et angélique, saisissant par l’égalité de son émission et aussi une absence de vibrato expressif… Après René Jacobs, c’est le grand « Bill » (William Christie) qui le repérant au cours d’une audition, lui offre d’enregistrer la partie d’alto dans le Messie de Haendel (1994). Sa carrière était lancée: Cantates de Bach, Monteverdi, Vivaldi, puis une collaboration long terme avec Philippe Herreweghe, dans les champs élyséens composés par le Cantor de Leipzig (Messe en si, Passion selon Saint-Jean et selon Saint-Matthieu…). Timbre raffiné, diseur des climats plus discrets et allusifs, le contre-ténor allemand, âgé de 40 ans (né le 10 novembre 1967), séduit toujours autant en ange, évangéliste, verbe sacré incarné, plutôt que caractère de la scène lyrique.

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