Wolfgang Amadeus Mozart
Zaïde, 1780
Radio Classique, en direct
Lundi 7 juillet 2009 à 21h45
Louis Langrée, direction
Peter Sellars, mise en scène
En direct du Festival d’Aix en Provence. Théâtre de l’Archevêché. Mise en scène: Peter Sellars
Un Singspiel contre la tyrannie
Dans la vision du metteur en scène iconoclaste Peter Sellars, chaque
opéra est une argumentation mi poétique mi philosophique, plutôt
engagée sur la condition humaine et les vices de notre société. On se
souvient de ses opéras mozartiens transposés dans le contexte violent
des années 1980, en particulier Cosi fan tutte dans un restaurant perdu
au bord d’une autoroute, style Las Vegas provincial aves ses néons et
ses enseignes lumineuses… Avec Zaïde, composé comme Thamos par un
musicien de 23 ans, le scénographe américain s’intéresse à la tyrannie
humaine, cette barbarie atemporelle: il y dénonce l’esclavage et voit
dans Zaïde, le symbole de la liberté. L’intérêt de la pièce vient aussi
de la métamorphose qui s’empare du personnage d’Allazim: au début,
haineux et méprisant; ensuite, compassionnel et fraternel: c’est lui
qui aide la chrétienne à s’enfuir avec son amant… Le compositeur nous
parle donc avant Beethoven, de fraternité, au delà des cultures, et
jette une passerelle entre le monde européen et le monde musulman.
Créer l’opéra allemand
Esclave, Zaïde peut-elle s’affranchir d’un statut qui l’opprime? Son
geôlier n’est-il pas autant sinon plus à plaindre? Quand un être est
supplicié et torturé, humilié et soumis, c’est toute l’humanité qui
souffre. L’oeuvre qui est conçue à l’initiative de l’auteur, sans
répondre à une commande, tout en posant les bases de l’opéra allemand
(chanté en allemand et non plus en italien), est l’une des partitions
les plus pénétrées par l’esprit des lumières (même si elle reste
inachevée). A l’origine, le jeune Mozart écrit sa partition après que
l’Empereur Joseph II ait signifié son désir de créer à Vienne une
troupe de chanteurs allemands abordant des opéras en langue allemande.
Mozart qui a toujours eu le dessein de créer de nouvelles oeuvres en
langue germanique compose Zaïde en espérant voir sa partition jouée
devant la Cour et l’Empereur. Hélas ce dernier abandonne son projet et
Mozart laisse une oeuvre inachevée. L’audience viennoise préfère
l’opéra italien…
Synopsis. L’esclave chrétienne Zaïde, prisonnière du Sérail
du Sultan Soliman, tombe amoureuse d’un autre esclave Gomatz,
provoquant la colère de leur maître. Les deux amants s’enfuient grâce à
la complicité d’Allazim. Repris, les fugitifs sont condamnés à mort par
l’inflexible sultan. Heureusement Allazim interfère en leur faveur:
ayant sauvé la vie du sultan quelque temps auparavant, celui-ci
pardonne à son serviteur qui a aidé les deux amoureux, mais Mozart n’a
laissé aucune indication quant à la décision finale du Sultan vis à vis
de Zaïde et de son bien-aimée…
Wolfgang Amadeus Mozart: Zaïde. Singspiel en deux actes
(inachevé) de Wolfgang Amadeus Mozart. Livret de Johannes Andreas
Schachtner, d’après Joseph Sebastiani (Das Serail, 1779). Composé en
1780. La version complétée a été réalisée par J.A. André qui donne le
titre « Zaïde » (1838). Première « intégrale » à l’Opéra de Francfort le 27 janvier 1866. Camerata Salzburg. Direction musicale, Louis
Langrée. Mise en scène, Peter Sellars. Avec Ekaterina Lekhina (Zaide),
Sean Panikkar (Gomatz), Alfred Walker(Allazim), Russell Thomas (Sultan
Soliman),Morris Robinson (Osmin)
Illustration: Zaïde scénographié par Peter Sellars, (Vienne, mai 2006. Wiener Festwochen)