SYMPHONIQUE CHEZ VOUS… Le confinement apporte son lot d’avantages non négligeables. alors que le Président Macron a début mai 2020 précisé qu’il fallait désormais réinventer les formes d’accès à l’art et à la culture, tout au moins pour les 5 à 6 mois qui viennent, force est de constater que naturellement les éléments de cette évolution se sont mis en place. La toile est désormais la vitrine la plus riche actuellement en terme de concerts et opéras. Chaque institution, orchestres ou salles et théâtres ayant soin d’offrir pour chacun, désormais à domicile, un vaste choix d’oeuvres et de partitions accessibles gratuitement. CLASSIQUENEWS sélectionne les meilleures propositions actuelles.
Symphonies de GUSTAV MAHLER
par l’ON LILLE et Alexandre Bloch
LES SYMPHONIES de GUSTAV MAHLER par L’Orchestre National de Lille. Ce fut l’événement symphonique de l’année 2019 : les Symphonies de Gustav Mahler interprété en un cycle continu par les instrumentistes lillois et leur directeur musical Alexandre Bloch. Classiquenews a relayé et critiqué la plupart des sessions de cette quasi intégrale événement dans la vie et l’histoire de l’Orchestre fondé par Jean-Claude Casadesus. En voici les jalons marquants, qui permettent de suivre au sein dy cycle mahlérien, les avancées d’un collectif désormais soudé autour du charisme énergique de son chef…
Toutes les symphonies de Mahler par l’ON LILLE Orchestre National de LILLE / Alexandre Bloch, accessibles sur la chaîne youtube de l’ONLILLE ici : https://www.youtube.com/watch?v=ydAPBd2lC60&list=PLjt12Zt-aSM0swrZbY682lAH9fdCN8L1y (captations de chaque symphonie et aussi courts reportage sur chaque partition, présentation par Alexandre Bloch)…
Commencer par exemple par la symphonie n°1 TITAN :
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REPORTAGE vidéo : La 8ème Symphonie des « Mille » de Gustav Mahler par L’ONL LILLE et Alexandre Bloch / nov 2019 / ultime épisode et assurément le plus éblouissant du cycle Gustav Mahler par l’Orchestre National de Lille en 2019 :
BEETHOVEN sur instruments d’époque
BEETHOVEN : Symphonie n°7, Les Siècles, FX Roth (janvier 2020). Jusqu’au 14 mars 2021. Voici une version hautement recommandable qui classe l’orchestre sur instruments d’époque parmi les meilleures phalanges actuelles : son fondateur et directeur musical François-Xavier Roth explore en orfèvre chaque mouvement, avec ce souci de l’architecture et de la profondeur qui s’avèrent passionnant. Entre intellectualisme et élégance, relief des timbres, gradation millimétrée et clarté architecturale, la lecture des Siècles et de leur chef et fondateur François-Xavier Roth poursuivent un parcours d’excellence. La 7è (Vienne, 1813) gagne une nervosité éloquente, une rondeur expressive… nouvelles et comme régénérées. Beethoven leur va comme un gant : d’une rare précision rythmique, d’une exceptionnelle vitalité dans la caractérisation de chaque pupitre ; des cordes vives, affûtées ; des percussions persiflantes et des basses roboratives, des respirations qui ponctuent et galbent le discours et le déroulement symphonique.
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BEETHOVEN : Symphonie n°7, « Apothéose de la danse »
Jusqu’au 14 mars 2021
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Filmé à Versailles mars 2020 / 250è anniversaire de Beethoven – 46 mn – VISIONNEZ le CONCERT 7è SYMPHONIE de BEETHOVEN par Les Siècles / François-Xavier Roth, direction :
https://www.france.tv/france-2/integrale-des-symphonies-de-beethoven/1315743-symphonies-n-5-et-7-de-beethoven-par-les-siecles-a-l-opera-royal-de-versailles.html
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François Xavier Roth produit un Beethoven racé, trépidant Elégance et nervosité des instruments d’époque.
Peut-être malgré la suavité heureuse hautbois / flûte accentuant l’énergique Vivace du premier mouvement, on eut souhaiter davantage de furie viscérale en fin d’épisode, vrai appel à la transe ultime du dernier mouvement… mais cette élégance racée, ce souci du détail qui fait sens, rappellent à un Beethoven cérébral (et pas que sauvagement impétueux) ; Roth souligne derrière le génie furieux du geste, l’élégance viennoise de la sonorité d’un maître qui doit beaucoup à Haydn.
L’Allegretto (2è mouvement) est idéalement respecté : pas mortuaire ni pesant mais lui aussi d’une élocution à la fois simple, sobre, d’une clarté absolue. Cette simplicité formelle renvoie à leur épaisseur emplombée (et donc surannée) bien des versions sur instruments modernes : il coule ici une lueur intérieure, à la fois recueillie et tendre absente des lectures précédentes. Ce caractère intimiste restitue au mouvement ailleurs apothéose de grandeur funèbre, sa vitalité heureuse, son indicible pastoralisme (clarinettes, flûte, cor…) chantant qui renvoie pour le coup à la symphonie précédente (la 6è « Pastorale)… La filiation inédite jamais écoutée à ce point de délicatesse, éclairant aussi différemment la tension du contrepoint fuguée, renforce la valeur de cette lecture.
L’apothéose de la danse, de la trépidation rythmique se déploie plus encore dans le Scherzo qui est un presto (3è mouvement), subtilement énoncé, avec une grâce ineffable dans la caractérisation de chaque timbre : vents, bois, cordes, percussions. Le nerf sculpte une fresque dansante aux scintillements ciselés, où gonfle et enfle la caresse en second champs des bois et des vents. Cela relève d’une compréhension profonde de l’espace chez Beethoven, génie de l’orchestration et des plans étagés. FX Roth sait nuancer ; surtout trouver les pauses et les respirations justes qui creusent davantage la profondeur de Ludwig dont la forme semble penser. Remarquable sens du tempo et de la « dramaturgie sonore ».
Avons nous pour autant la transe impérieuse qui doit conduire toute l’énergie du dernier mouvement noté « Allegro con brio »? le galop final est trempé dans l’ardeur et la vaillance, l’esprit de combat, avec des cuivres pétaradants, que l’élégance des cordes adoucit ; d’une rare précision rythmique, le chef insuffle cette vie gorgée d’espoir, de frénésie convulsive, d’esprit de conquête. Eperdu, génial, Beethoven se révèle ici dans un bain de jouvence dyonisiaque. En plus de l’énergie, Roth nous abreuve de sonorités délicates dont chaque accent fait gravir l’architecture lumineuse. Un régal.
Voilà qui confirme l’étonnant et nécessaire apport des instruments d’époque chez Beethoven, d’autant qu’ils sont conduits ici avec une rare intelligence expressive, une claire maîtrise des nuances. Magistral.