samedi 20 avril 2024

Versailles.Opéra Royal, le 12 juin 2012. Haendel (1685-1759): Alcina. Karina Gauvin, Ann Hallenberg… Les Talens Lyriques, Christophe Rousset, direction.

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Par notre envoyée spéciale , Monique Parmentier

L’un des premiers volets du festival Haendel 2012 à Versailles réussit son pari et confirme l’adéquation de la musique dramatique en un lieu qui est le palais des enchantements…
Après Vivaldi pour l’inauguration l’année dernière de son premier festival d’été, Château de Versailles Spectacles, met à l’honneur Haendel. Et la programmation s’annonce comme un véritable feu d’artifice où la pyrotechnie vocale dans les plus belles salles du château (Opéra royal, Chapelle, Galerie des Glaces…) vient embellir un peu plus les fêtes qui se déroulent chaque année dans le parc en cette saison.


Belle et mélancolique Alcina

Après un Orlando auquel nous n’avons pas assisté la veille, c’est donc Alcina qui était donné à l’Opéra Royal ce 12 juin 2012. Hormis quelques petites coupures dont la plus marquante est le chœur final, ce qui donne dès lors une teinte plus mélancolique à l’œuvre, Christophe Rousset et ses troupes, propose en version de concert une Alcina équilibrée, pleine de charmes, manquant parfois de relief.

Dans cet opéra, que l’on peut considérer comme l’un des plus beaux de Haendel, la richesse et la variété des airs offerts à chaque interprète, ainsi que l’envoûtante personnalité d’Alcina, demande un plateau vocal et un orchestre préservant l’harmonieux équilibre de la palette subtile créée par Il Caro Sassone.

Créé pour la première fois à Londres le 16 avril 1735, le livret d’Alcina s’inspire de l’Arioste. Son auteur inconnu a mis tout en œuvre pour mettre en valeur la richesse musicale de cet épisode de l’Orlando Furioso.
L’histoire en est bien connue du public: Ruggiero, un preux chevalier est ainsi tombé sous le pouvoir magique d’Alcina. Mais sa fiancée Bradamante, travestie en homme et se faisant appeler Ricciardo, vient le rejoindre sur l’île de la magicienne, accompagnée par l’ancien précepteur de Ruggiero, Melisso, pour tenter de le libérer. Ils sont accueillie par la sœur d’Alcina, Morgana promise à Oronte, chef des armées de la magicienne. Mais Morgana tombe amoureuse de Ricciardo (Bradamante). Un dernier personnage Oberto, fils d’un des nombreux prisonniers d’Alcina intervient également à la recherche de son père. Grâce au pouvoir de l’amour et à la magie, ils parviennent à triompher d’Alcina qui se retrouvent seule.

Dans la distribution de ce soir, c’est Ann Hallenberg, (photo ci contre) dans le rôle de Ruggiero qui nous a le plus ébloui par l’ensemble de ses qualités. Elle semble même par instant devoir se mettre presque en retrait pour ne pas faire d’ombre à ses compagnons, tant tout lui semble facile. Timbre, projection, nuances du chant, elle est un Ruggiero élégant et chevaleresque, un rien hédoniste. Delphine Galou, dans le rôle de Bradamante, malgré une projection encore un peu faible, se montre une fiancée volontaire et décidée à qui rien ne peut faire peur. Son timbre troublant aux graves de velours et sa ductilité vocale, nous offre un « E gelosia » et un « Vorrei vendicarmi » d’anthologie.
Dans le rôle d’Alcina, Karina Gauvin après un début parfois hésitant, aux aigus un peu tirés, révèle une Alcina séduisante et profondément mélancolique. La rondeur et la plénitude de son timbre se révèlent pleinement, ainsi que son art des nuances dans « Ombre pallide… » ou dans « Mi restano le lagrime ». Elle est alors une Alcina envoûtante, hallucinée dans sa fragilité et sa folie. A cet instant, au sommet de son art, elle met à ses pieds le public.

Le reste de la distribution se révèle certes équilibré sans être exceptionnel. Seule la Morgana, de Monica Piccinini nous semblant un peu faible. Par chance, elle possède deux très beaux airs accompagnés, l’un par le violon « Ama sospira » où le 1er violon des Talens Lyriques, Gilone Gaubert-Jacques a fait preuve d’une rare délicatesse et l’autre par le violoncelle « Credete al mio dolore » où Ophélie Gaillard, fait chanter son instrument avec une tendre virtuosité.
Ce soir la direction de Christophe Rousset reste inégale. Si dans certains airs de bravoure, il a su donner un élan vital et plein de feu aux Talens Lyriques, faisant rugir les cordes, il a parfois adopté des tempi trop alanguis dans les airs lents. Les douces et pâles couleurs de l’orchestre, soulignant au passage également un luth théorbé à la poésie si raffinée, ont apporté au chant plus un soutien, qu’une complicité absolue.

Le festival Haendel s’annonce avec cette fort belle production d’Alcina, riche en très belles surprises. A Versailles, jusqu’au 13 juillet 2012 (lire notre présentation du festival Haendel à Versailles: Le triomphe de Haendel).


Versailles. Opéra Royal, le 12 juin 2012. Alcina. George Frideric Haendel (1685-1759). Opéra en 3 actes (HWV34). Version concert. Alcina, Karina Gauvin ; Ruggiero, Ann Hallenberg ; Bradamante, Delphine Galou ; Oronte, Emiliano Gonzalez Toro ; Melliso, Olivier Lalouette ; Morgana, Monica Piccinini ; Oberto, Erika Escriba – Astaburuaga. Les Talens Lyriques, Christophe Rousset, direction.

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