vendredi 29 mars 2024

Verdi : Don Carlo, 1867

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Temps forts d’Arte  l’été 2013, et en liaison avec l’année du Bicentenaire Verdi, voici en direct de l’Autriche depuis le festival de Salzbourg, Don Carlo de Verdi dans sa version de 1867, comprenant le fameux acte de Fontainebleau, souvent escamoté où pourtant comme un prélude clé, le compositeur met en scène l’amour premier des deux adolescents Carlo et Elisabeth, lesquels ensuite seront empêché de vivre leur passion comme ils l’entendent alors même qu’ils étaient promis à se marier.
Giuseppe Verdi
Don Carlo, version de 1867

en direct de Salzbourg
Arte, le 16 août 2013, 20h50
 

CarloA Salzbourg, l’attente se focalise sur le ténor Jonas Kaufmann, au chant embrasé, fauve, de velours… le diseur, indiscutable chez Schubert ou Wagner (meilleur Sigmund depuis des années), entend marquer le rôle-titre : ardeur juvénile d’un prince empêché de vivre sa vie : Don Carlo, futur Charles Quint, apprend très tôt le cynisme politique et la fragilité des sentiments amoureux quand le pouvoir  se dresse contre eux… C’est une incarnation fugace en vérité, dont les airs très courts sont fulgurants, comme embrasés, défendu par un être tiraillé et décalé dans un milieu où il n’ a plus sa place. Son père épouse la jeune femme dont il était épris et qu’il devait épouser ; ainsi Elisabeth de Valois, de fiancée désignée devient sa … belle mère : à jamais inaccessible sous peine d’un effroyable inceste … on sait quelle violence est produite d’une telle situation depuis l’exemple de Phèdre, amoureuse de son gendre, Hippolyte …

Don Carlo, version Bologne 1867

kaufmann_448_jonas_kaufmannAux côtés du jeune Infant terrassé, la figure noble et tendre du marquis de Posa, Rodrigue, incarne l’idéal humain du héros schillérien : proche de Carlo, Posa est une âme généreuse, pénétrée par un humanisme ardent qui s’oppose (vainement et tragiquement) au Roi sombre, mélancolique et violent, Philippe II. Posa et Carlo, frères politiques, tentent vainement d’infléchir le pouvoir du roi concernant les Flandres en rébellion contre l’Espagne… le premier sera assassiné, le second échappera in extremis à un guet-appens …
Verdi analyse la Cour d’Espagne : froide, cynique, violente ; pas de répit pour les deux coeurs amoureux ; rien ne résiste au pouvoir du Roi, lui-même totalement inféodé à l’emprise spirituel du Grand Inquisiteur, instance terrifiante et diabolique …

La production choisie à Salzbourg est loin d’être respectueuse de la version souhaitée par Verdi : l’opéra créé en français pour l’Opéra de Paris (Don Carlos, mars 1867) est ici présentée dans sa version italienne, pour Bologne en octobre 1867, avec la Stolz entre autres … le travail du chef Pappano et du metteur en scène Peter Stein restitue la version de la création italienne que Verdi a de très loin validée (coupures, genèse difficile …). Dévoilement de cette production contestée le 16 août en direct sur Arte  partir de 20h50 …

Don Carlo à Salzbourg
Musique de Giuseppe Verdi (1813-1901)
Livret français original de Joseph Méry (1797–1866) et Camille Du Locle (1832–1903) d’après le drame Don Karlos, Infant von Spanien de Friedrich Schiller (1759–1805)
Antonio Pappano, direction


Peter Stein, mise en scène

Matti Salminen, Filippo II

.
Jonas Kaufmann, Don Carlo

Anja Harteros, Elisabetta di Valois

Thomas Hampson, Rodrigo, Marchese di Posa

Ekaterina Semenchuk, La Principessa Eboli
Eric Halfvarson, Il Grande Inquisitore

Robert Lloyd, Un frate

Maria Celeng, Tebaldo
Sen Guo, Una voce dal cielo

Benjamin Bernheim, Il Conte di Lerma/Un Araldo reale

Mitglieder des Young Singers Project, Sei deputati fiamminghi
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener PhilharmonikerArte a déjà diffusé le chef d’oeuvre historique de Verdi depuis la Scala de Milan en 2008 sous la direction de Daniele Gatti, production terne mais décors luxueux et fosse féline … Qu’en sera-t-il à Salzbourg sous la direction d’Antonio Pappano ?

Illustration : Portrait du jeune Carlo futur Charles Quint par Sanchez Coello, vers 1558. Le ténor Jonas Kaufmann (DR)

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