Les 1er, 4 janvier 2015. Johann Strauss II : Le Beau Danube Bleu (1866). L’histoire de la partition du Beau Danube bleu relève du roman…  Danube impĂ©tueux. Le fleuve Ă l’Ă©poque oĂą le jeune Strauss vit Ă Vienne, n’est pas encore rĂ©gulĂ© : ses crues font dĂ©placer les habitants de Leopoldstadt (actuel 2 ème ardt de Vienne), et lors d’un dĂ©bordement inĂ©dit, le grand père de Johann fut emportĂ©. L’Ĺ“uvre pourrait bien rendre hommage Ă son ancĂŞtre. La partition s’inscrit aussi dans un pĂ©riode belliqueuse. En pleine humiliation autrichienne, face Ă la suprĂ©matie prussienne menĂ©e par l’indomptable et irrĂ©sistible Bismark, Johann Strauss fils compose la première version de sa valse chantĂ©e : le beau Danube bleu en fĂ©vrier 1867. C’est une commande de la SociĂ©tĂ© chorale masculine, soucieuse de rĂ©conforter le bon peuple de Vienne : hĂ©las, le concert est une fiasco retentissant et Johann II remise sa partition pour ne plus y penser !
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Le Danuble, un triomphe parisien
La France de NapolĂ©on III se rapproche alors de l’Autriche affaiblie : Pauline de Maetternich, Ă©pouse de l’Ambassadeur d’Autriche Ă Paris, intime de l’ImpĂ©ratrice EugĂ©nie, invite Johann Strauss Ă Paris : le compositeur devient l’Ă©lĂ©ment central du rapprochement Paris-Vienne : le 28 mai 1867, en pleine Exposition Universelle, le compositeur autrichien joue ses compositions et suscite un vaste engouement populaire : il réécrit alors Le beau Danuble bleu mais uniquement pour l’orchestre. C’est un triomphe parisien sans prĂ©cĂ©dent et l’auteur est nommĂ© Ă paris, roi de la valse. L’Ĺ“uvre est d’abord un triomphe parisien pour lequel Johann II gagne ses galons de popstar, tout en incarnant la rĂ©ussite de l’alliance franco-autrichienne contre la Prusse.
Le Beau Danube Bleu connaĂ®t une seconde reconnaissance phĂ©nomĂ©nale Ă Boston oĂą la partition est jouĂ©e par 20 000 instrumentistes et 100 chefs sous la conduite du compositeur autrichien auquel on avait indiquĂ© le dĂ©but du concert par un coup de canon. A partir de cette passion mondiale pour la valse viennoise, le clan Strauss dĂ©veloppe une industrie familiale qui emploie outre Johann II, ses deux frères : Josef – le plus douĂ© : autiste et dĂ©pressif mais d’un raffinement que Johann son ainĂ© trouvait supĂ©rieur au sien-; et le cadet Eddy ou Edouard, lui aussi commis Ă la direction qui rechignait toujours car il se voyait plutĂ´t ingĂ©nieur comme Josef ; Edouard en un acte inimaginable et de revanche, brĂ»lera toutes les partitions de la sociĂ©tĂ© Strauss !! Johann II devra ensuite réécrire de mĂ©moire la partition du Beau Danube Bleu…
La saga de la dynastie est loin d’ĂŞtre un long fleuve tranquille : Johann II n’eut guère de rapport paisible avec son père ; après que ce dernier abandonne le foyer, c’est sa mère qui l’Ă©lève seule, favorisant ses dons de violoniste et de compositeur.
Le beau Danube bleu est une partition parmi les plus raffinĂ©es de Strauss : elle est construite simplement faisant succĂ©der Ă une superbe ouverture, une partie centrale qui met en avant les bois puis un final spectaculaire. Brahms (comme Wagner) qui y reconnaissait la maĂ®trise de l’orchestration (en particulier favorisant ses instruments de prĂ©dilection : cors et violoncelles) admire Johann II. Le compositeur incarne jusqu’Ă la position gĂ©ographique de Vienne : enclave très Ă l’Est entre l’Allemagne et l’italie. Son Ă©criture mĂŞle profonde mĂ©lancolique slave, technicitĂ© germanique, suavitĂ© italienne.
Le Danube (2875 km) est le second fleuve d’Europe (après la Volga qui coule en Russie) : puisant ses sources en Allemagne mĂ©ridionale (ForĂŞt noire) et en Suisse, il traverse l’Autriche, sĂ©pare la Slovaquie de la Hongrie, et la Croatie de la Serbie, enfin la Roumanie de la Bulgarie et de l’Ukraine, puis remonte Ă l’est de la Roumanie oĂą il se jette dans la Mer noire.
France 2 : Concert du Nouvel An à Vienne, le 1er janvier 2015 dès 11h. En direct du Musikverein de Vienne. Philharmonique de Vienne. Zubin Mehta, direction.
France Musique, dimanche 4 janvier 2015, 20h30. La tribune des critiques de disques. Pour nous rien ne saurait Ă©galer l’enchantement et la magique ivresse de Karajan dirigeant le Philharmonique de Vienne.