Strasbourg, Mulhouse : Tristan und Isolde de Wagner, 18 mars>19 avril 2015. Wagner : Tristan und Isolde. Toute nouvelle production du sommet lyrique de Wagner créé à Munich grâce à l’aide financière du jeune Louis II de Bavière en 1865, laisse espérer une réalisation à la hauteur de la partition, la plus envoûtante (ivresse extatique de l’acte II) de Wagner. Ici le mensonge du jour et le miracle de la nuit suscitent une manière de rêve éveillé qui ose concevoir une extase amoureuse sans équivalent dont la musique somptueuse et hypnotique, exprime les élans et les aspirations les plus profondes. Musique de la psyché enfin dévoilée, mais avec quel raffinement orchestral, le Tristan wagnérien ne laisse rien dans l’ombre : le poison vénéneux et fatal de l’amour qui unit la belle Isolde au chevalier venu la chercher pour qu’elle épouse le Roi Mark. Or dès leur rencontre, les deux âmes s’abandonnent au désir qui les enchaînent en particulier dans le II. Après l’enchantement des sentiments mis à nu, véritable mystique de l’amour (et sur le plan lyrique, duo amoureux irrésistible), Wagner souligne le mal qui suit l’extase : la souffrance de Mark, la solitude et l’errance de Tristan sur son île, dépossédé de celle qu’il aime (III). Voué à la mort, expirant, le chevalier exsangue voit une dernière fois Isolde qui chante alors en un hymne universel l’ivresse de l’amour total qui s’il n’est pas réalisable sur Terre, promet une sublimation finale à tous ceux qui sincères en ont ressenti le miracle.
Dans la vie de Wagner, la création de Tristan und Isolde correspond aussi à un double miracle : Richard emménage avec la compagne tant espérée : Cosima, la fille de Franz Liszt. Il est devenu aussi le protégé du jeune roi de Bavière lequel lui assure désormais protection et nouveaux moyens financiers. Celui qui dut fuir ses créanciers, devenu persona non grata en Allemagne (après sa participation aux révolutions de 1848), est enfin sauvé, miraculé : il peut se dédier sans inquiétudes d’aucune sorte à l’accomplissement de son grand œuvre musical et lyrique dont le Théâtre de Bayreuth conçu spécialement pour ses opéras et inauguré en 1876, marque l’aboutissement. Le théâtre après bien des avatars est édifié là encore grâce à l’appui financier du jeune souverain.
Tristan et Isolde à l’Opéra du Rhin, nouvelle production
Strasbourg, les 18,21, 24, 30 mars puis 2 avril 2015
Mulhouse, les 17 et 19 avril 2015
Axel Kober, direction
Antony McDonald, mise en scène
Tristan : Ian Storey
Le Roi Marke : Attila Jun
Isolde : Melanie Diener
Kurwenal : Raimund Nolte
Brangäne : Michelle Breedt
Melot : Gijs Van der Linden
Un berger, un marin : Sunggoo Lee
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre philharmonique de Strasbourg