samedi 3 mai 2025

Toulouse. Halle Aux Grains, le 22 octobre 2010. Serge Rachmaninov, Modest Moussorgski : les tableaux d’une exposition ; Orchestre National du Capitole de Toulouse.Tugan Sokhiev, direction

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Un rêve devenu réalité

Dans un contexte général plus que confus ce message de bonheur venu de
Toulouse est appréciable. Il s’agit du premier concert d’une série d’abonnement
crée en raison du succès de la saison d’orchestre ne permettant pas de
satisfaire chaque demande. La fréquentation record de l’an dernier et le
charisme du chef ossète (comme Gergiev), Tugan Sokhiev, ont permis la mise en place de cette nouvelle série
d’abonnement qui fait salle comble. Le public nombreux a été gâté, à la hauteur
de son enthousiasme. Les deux œuvres choisies permettent à l’orchestre de
briller de milles feux sous la direction amoureuse de son directeur musical. Quand on sait
que l’effectif de l’orchestre est augmenté d’une vingtaine de musiciens et que
le contrat de Tugan Sokhiev est reconduit jusqu’en 2016, la jubilation peut être
totale tant dans la salle que sur la scène. La musique a donc répandu ce soir une allégresse constante.

La symphonie n°3 de Rachmaninov est bienvenue en première partie. Un peu
décousue, elle reste comme un retour mélancolique vers le passé. Rachmaninov
exilé aux USA a beaucoup pensé à sa terre natale en l’écrivant. Tugan Sokhiev
sait faire ressentir ce sentiment au milieu de tant de brillance. La perfection
des cordes est un atout majeur de
l’orchestre et l’on ne peut rêver interprétation plus enivrante.

Après cette
Russie rêvée, la deuxième partie du programme a permis une promenade très forte
en émotions. Les tableaux d’une exposition de Moussorgski dans l’extraordinaire
orchestration de Maurice Ravel est un voyage en Russie raconté par un français
cultivé. La version de Tugan Sokhiev et de son orchestre est connue par leur
enregistrement de 2006
chez Naïve.
Un choc lors de sa sortie ! Quatre ans après la tenue
parfaite est toujours impressionnante, la sûreté des tempi et la précision du
geste aussi. La maturité vient dans un supplément d’audace dans les infimes
variations de phrasés, un rubato sensuel, des silences plus habités et des
nuances incroyablement sculptées. Ces tableaux vivent comme rarement et les
oreilles peignent pour nos yeux. La délicatesse de phrasé de Philippe Lecocq au
saxophone est sans égale avec un son morendo d’une poésie infinie. La splendeur
de la trompette y compris en son bouché sidère. Les cuivres rutilent et les
catacombes atteignent une profondeur mystique abyssale. Le final est
particulièrement enthousiasmant dans une grandeur assumée entrecoupée par
l’émotion troublante de la prière aux bois. Et Tugan Sokhiev arrive à ménager
une dernière surprise de dynamique en obtenant un fortissimo encore plus
impressionnant que précédemment. Le public est ébloui et l’orchestre, souriant
de bonheur.

Quand à Tugan Sokhiev il garde dans sa direction, au combien
maîtrisée, un abandon sensuel irrésistible et surtout une capacité
d’émerveillement communicatif cultivée dans l’enfance. En bis la danse Russe de
Casse-Noisette délivre sa pulsation de vie : un concert plaisir qui augure de bien belles aventures musicales à Toulouse, quoi qu’il arrive…

Toulouse. Halle
Aux Grains, le 22 octobre 2010. Serge Rachmaninov (1873-1943) : Symphonie
n°3, op.44 ; Modest Moussorgski (1839-1881)/Orchestration de Maurice Ravel
(1875-1937) : les tableaux d’une exposition ; Orchestre National du
Capitole de Toulouse.Tugan Sokhiev, direction

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