Symphonie des Mille de Mahler par l’ONL Orchestre National de Lille

bloch-alexandre-mahler-symphonie-8-mille-nov-2019-annonce-critique-symphonie-classiquenewsLILLE, ONL. MAHLER : Symph n°8, les 20 et 21 nov 2019. Alexandre Bloch emporte le National de Lille dans son dernier jalon mahlérien : la 8è, dite des mille par référence au nombre de musiciens sur le plateau : un Everest pour tout maestro, et une sorte de Nirvana pour l’amateur de sensations symphoniques… Certes Mahler n’a écrit aucun opéra. Pourtant la seconde partie de sa 8è Symphonie dite des mille concentre tous les styles lyriques, sur un sujet que tous les Romantiques avant lui ont tenté de traiter en musique : Faust. Après Berlioz et Schumann, Liszt et Gounod, Mahler met en musique en particulier la scène finale du second Faust de Goethe afin d’aborder et d’élucider le mystère et le sens de la vie terrestre.
Le volet exige pas moins de 8 solistes, en plus des deux choeurs adultes, du choeur d’enfants, de l’orchestre aux effectifs ahurissants… Symphonie opéra, cantate symphonique, la 8è s’ouvre en première partie sur le texte de l’hymne particulièrement dramatique « Veni Creator spiritus », ample prière chantée en latin, à la gloire de Dieu, où le compositeur se confronte à toutes les ressources du contrepoint.

 

 

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SYMPHONIE COSMOS : planètes et soleils en rotation

 

 

mahler_profilLa partition cyclopéenne est conçue en 2 mois et créée à Munich, le 12 sept 1910 sous la direction du compositeur. C’est son dernier concert public et son plus grand triomphe en Europe. Elle est constamment chantée (sauf l’ouverture du second mouvement). La modernité de l’œuvre tient surtout à son plan, sans équivalent auparavant, Mahler innovant littéralement une nouvelle architecture, par séquences, selon le sens du texte, à la façon d’un roman. A la différence des opus qui ont précédé, la 8è n’a rien de tragique ni de subjectif : aucun doute, aucune angoisse, aucun trouble. Plutôt l’affirmation d’une joie intime et collective à l’échelle du cosmos. Car Mahler écrit lui-même au chef Mengelberg en août 1906 : « Imaginez l’univers entier, en train de sonner et de résonner. Il ne s’agit plus de voix humaines, mais de planètes et de soleils en pleine rotation ».  C’est donc l’aboutissement de tout un cycle orchestral où Mahler s’est battu avec la matière orchestrale ; s’y impliquant personnellement ; au terme de l’aventure – odyssée, il réalise l’œuvre final, total, synthèse et miroir d’une conscience aussi accomplie qu’universelle. La 8è symphonie est une symphonie cosmique. Et pour l’auditeur, l’une des expériences orchestrales les plus marquantes dont il puisse rêver.
Les interprètes en expriment le sens et l’ampleur avec d’autant plus de justesse qu’ils se sont jetés à corps perdus mais maîtrise totale et engagement permanent dans la réalisation des symphonies 1 à 8 depuis septembre 2018. Une expérience et une familiarité qui enrichissent encore leur approche du dernier vaisseau symphonique de Mahler, le plus impressionnant, le plus saisissant. 2 dates événements à Lille.

 

 

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Mercredi 20 novembre 2019, 20hboutonreservation
Jeudi 21 novembre 2019, 20h
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle

 

 

RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/la-symphonie-des-mille-symphonie-n8/

 

 

Gustav Mahler
Symphonie n°8, dite “Des Milleâ€
Direction : Alexandre Bloch
Sopranos: Daniela Köhler, Yitian Luan, Elena Gorshunova / 
Altos: Michaela Selinger, Atala Schöck / 
Ténor: Ric Furman / 
Baryton: Zsolt Haja
 / Basse Sebastian Pilgrim

Orchestre National de Lille
  /  Orchestre de Picardie

Philharmonia Chorus
 / Chef de chœur : Gavin Carr
Jeune Chœur des Hauts-de-France
Cheffe de chœur : Pascale Dieval-Wils
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VIDEOS : les symphonies de MAHLER par l’Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH (intégrales et explications par Alexandre Bloch):
Retrouvez toutes les symphonies de Mahler sur la chaîne Youtube ONLille ,
jusqu’en avril 2020.

 

 

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Présentation par l’Orchestre National de Lille :
Pour la première en 1910, il fallut construire une estrade spéciale dans la salle afin de pouvoir accueillir l’ensemble des musiciens. Nécessitant deux chœurs d’adultes, un chœur d’enfants, huit solistes et un immense orchestre symphonique, la Symphonie n°8 dite “Des Mille†est la symphonie la plus démesurée, la plus folle du cycle dans laquelle Mahler nous emporte d’un Veni creator ravageur à une scène faustienne qui mélange tous les genres musicaux connus. Venez vivre le gigantisme de cette œuvre unique qui réunira plus de 300 artistes sur scène sous la direction d’Alexandre Bloch. Lors de la première à Munich, Thomas Mann et Stefan Zweig, présents dans le public, en étaient restés sidérés.

The Symphony of a Thousand
Symphony No. 8, known as “The Symphony of a Thousandâ€, is the most monumental of Mahler’s symphonies. With its two adult choirs, children’s choir, eight soloists and immense symphony orchestra, this unique work has strucken since its very première in 1910.

 

 

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Autour du concert
à 18h45
Rencontre mahlérienne

20 novembre 2019:
Bertrand Dermoncourt, directeur de la musique de Radio Classique et auteur du Retour de Gustav Mahler réunissant deux textes de Stephan Sweig

21 novembre 2019 :
Christian Wasselin auteur de Mahler : La Symphonie-Monde

En partenariat avec la
Médiathèque Musicale Mahler
(entrée libre, muni d’un billet du concert)

 

 

 

 

 

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Symphonie n°8 de Gustav Mahler – PLAN

Du polyphonique saisissant, du dramatique lyrique

Mahler n’a pas composé d’opéras proprement dit ; mais le directeur de lOpéra de Vienne qui a connu comme peu le répertoire lyrique de Mozart et Beethoven à Wagner et Strauss, a finalement écrit son drame lyrique dans la seconde partie de la 8è, inspiré de la scène finale du Faust de Goethe : vision et action spectaculaire qui imagine le héros tant éprouvé, atteindre délices et repos des béatitudes célestes. Dans les plus hautes sphères, anges, angelots, enfants bienheureux chantent, favorisent et accompagnent l’élévation et la métamorphose (chrysalide devenue ange sanctifié) de l’âme de Faust vers son dernier asile… alors que les Enfants bienhereux contemple le corps du Faust qui s’élève toujours, Marguerite paraît, implore Marie, d’accueillir cette âme nouvelle, morte et ressuscitée, éternellement jeune.

 

Après le monumental Veni Creator dont la force expressive, la complexité maîtrisée de l’écriture (océan contrapuntique où domine une double fugue) la sonorité colossale doivent saisir au sens strict selon les mots du compositeur le spectateur auditeur, place à un cycle fraternel et compassionnel, la deuxième partie de la 8è, épisode éblouissant sur le plan de l’écriture orchestrale et vocale, dans lequel Mahler rétablit le lien avec l’humanité.

 

Pour plus d’unité, le Faust cite certains thème du Veni Creator qui a précédé. L’architecture en est un triptyque : Andante, Scherzo, Finale, ou introduction, exposition en 3 parties, développement en 3 sections, épilogue.

En ouverture (poco adagio), Mahler évoque la solitude de Faust dans la montagne (prémices du Chant de la terre). Arbres, lions muets, asile d’amour…

 

EXPOSITION

Après le chœur (Waldung, sie schwankt heran),

PATER ECSTATICUS et PATER PROFUNDUS entonnent leur couplet.

EXTATICUS : proie de l’amour éternel

PROFUNDUS : témoin du miraculeux amour

Le choeur des anges, portant l’essence de Faust, amorcent le 2è épisode de l’exposition (« celui qui cherche et s’efforce dans la peine, sera sauvé » ;

Puis, se succèdent le chœur des enfants bienheureux

(très haut dans les cimes : « celui que vous vénérez, vous le verrez »),

le choeur des angelots qui ouvre le SCHERZO

(Jene rosen / les roses des pénitentes…).

Le choeur avec alto solo (Uns bleibt ein Erdenrest)

marque la 3è et dernière séquence de l’exposition

(le pur et l’impur mêlé dans un cœur, ne peuvent être dissociés

que par l’amour).

 

DEVELOPPEMENT

Le développement débute avec le choeur des angelots (Ich spüre soeben)

Le choeur des enfants bienheureux (Freudig empfangen wir) qui débouche sur

 

1- L’HYMNE A LA VIERGE (Mater dolorosa) du DOCTEUR MARIANUS :

« Hochste Herrscherin der Welt », témoin de la splendeur mariale (splendide et magnifique, la reine du ciel) ;

repris par le choeur (Jungfrau, ren im schönsten Sinne /Vierge pure, sublime… »).

S’épanouit alors le thème de l’Amour, pour violon et harmonium (mi maj),

pour l’entrée de la Mater dolorosa

 

 

2- Choeur d’hommes (Dir, der Unberührbaren)

MATER GLORIOSA : Choeur des Pénitentes (Du Schwebst zu Höhen / Tu vogues vers les hauteurs, si mj), – apothéose de Marie, auxquelles succèdent

MAGNA PECCATRIX : Saint-Luc (Bei der Liebe : elle lave et parfume les pieds du Christ)

MULIER SAMARITANA : Saint-Jean (Bei dem Bronn) : elle abreuve les lèvres du Sauveur

MARIA AEGYPTIACA (Bei dem hochgeweithen Orte / Par le lieu saintement consacré)

puis unies en TRIO (Die du grossen Sünderinnen / accordes le pardon à Faust…).

La Pêcheresse MARGUERITE implore Marie (Neige, neige, ré maj) : sauve Marie, Faust

Choeur des enfants bienheureux

La Pêcheresse implore encore Marie (Vom edlen Geisterchor, si b maj)

avec point culminant (trompette du Veni Creator).

 

3- MATER GLORIOSA (Komm! Hebe dich zu höhern Sphären, mi bémol)

repris par

DOCTOR MARIANUS (Blicket auf !), repris par le choeur

 

 

Postlude orchestral

 

EPILOGUE / FINALE

Après un mystérieux prélude orchestral, s’affirme le presque imperceptible murmure du choeur mystique (Alles vergänglische ist nur ein Gleichnis)

Immense et progressif crescendo sur le thème du Veni Creator. Là encore, encensant la Vierge, source de toute miséricorde et divinité la plus admirable, « l’imparfait trouve l’achèvement ; l’ineffable devient acte ». Et « l’Eternel Féminin » porte toujours plus haut.

 

 

Comme jamais auparavant, Mahler échafaude une écriture qui lui est propre ; où la forme respecte le sens et les enjeux de chaque situation dramatique. Moins d’effet de masse. Mais une écriture « romanesque » et purement dramatique voire opératique qui suit le sens de l’action dramatique, celle du Faust de Goethe ; selon lequel le héros moderne (romantique) vit une expérience spirituelle, dans l’adoration de la Vierge, qui lui permet d’être transcendé.

 

 

BEETHOVEN 2020, volet 3 : Ludwig épique (1802 – 1812)

beethovenBEETHOVEN 2020, volet 3 : Ludwig épique (1802 – 1812)HEILINGENSTATD, 1802 : une nouvelle naissance. Financé par l’aristocratie viennoise, Beethoven croit un moment qu’il peut prétendre rejoindre la classe supérieure ; nenni, musicien, il reste un être inférieur car il n’est pas noble. Bientôt en 1806, le prince Lichnowski qui le dotait d’une rente confortable lui enjoint de jouer pour ses invités selon son plaisir : Beethoven se rebiffe ; il n’est pas un serviteur : fièrement, après qu’il ait été congédié par son protecteur, le compositeur écrit : « des nobles il y aura toujours ; mais il n’y aura jamais qu’un seul Beethoven ». Le voilà comme Mozart quittant Salzbourg, en artiste créateur misérable mais libre.

 

 

 

 

volet 3 : dossier Beethoven 2020

Le BEETHOVEN ACCOMPLI : un souffle épique (1802 – 1812)

L’après Heiligenstatd

 

 

Ludwig-Van-BeethovenLe sourd qui doute profondément du sens de son œuvre, part à Heiligenstatd au printemps 1802 ; il n’entend plus : pour lui, concerts et carrière de concertiste comme de pédagogue sont arrêtés nets, impossibles. Suicidaire, il songe à rompre le fil de sa vie (septembre). Acte de confession et examen de conscience sérieux, l’épisode lui permet d’analyser sa situation et de redéfinir désormais ce à quoi il doit prétendre : affirmer sa voix singulière, visionnaire, prophétique, mais vivre en banni ; isolé, solitaire du fait de sa surdité ; accepter d’aimer, et souvent de n’être pas aimé en retour. Le coeur ardent revendique sa tendresse de fond, sa générosité ; Beethoven demeure incompris, souvent réduit à des sauts d’humeur… pourtant dans l’affaire où il tend à prendre la tutelle de son neveu, le compositeur se montre soucieux de l’autre, protecteur, et d’une loyauté constante. Dans cette perspective existentielle noire, l’art le sauve ; elle lui impose une éthique personnelle, un idéal hors normes. La composition devient une mission morale qui doit éclairer la société pour réussir à rendre l’humanité plus évoluée. Le musicien est ce guide messianique et prophétique qui œuvre à la sublimation du genre humain. Plus tard, Wagner prolonge cette vision de l’artiste-prophète. Pour l’heure, Beethoven à peine trentenaire, couche sur le papier les piliers moraux de sa prise de conscience.

Renforcé, raffermi dans sa vocation reformulée, le Beethoven bien que sourd et isolé, est à 32 ans, une nouvel être ; plus fougueux et radical que jamais : la Symphonie n°3 Heroica / Héroïque (opus 55) suit directement la rédaction du Testament d’Heiligenstatd. L’ampleur du projet qu’il s’est fixé, se lit désormais dans l’architecture même de chaque symphonie ; une construction inédite dans laquelle Beethoven édifie son projet pour l’humanité. Beethoven édifie, construit ; mais il produit aussi un son nouveau, inspiré certes de Mozart et de Haydn, mais surtout des compositeurs français de la Révolution (Méhul). Les vents, les cuivres gagnent un relief particulier : signe que Ludwig connaissait étroitement l’écriture des symphonistes français, grâce entre autres à Kreutzer, présent à Vienne. Au caractère militaire de son inspiration, Beethoven affirme aussi un souffle nouveau à la fois épique et poétique.

Alors inspiré par l’idôle Bonaparte, ce libérateur attendu par toute l’Europe, Beethoven achève mi 1804, sa symphonie Bonaparte (Héroïque), hymne au monde nouveau à construire, véritable manifeste d’une humanité libérée, sublimée, accomplie. A partir de l’Eroica, Beethoven affirme sa propre voix, celle du chantre de la modernité, le prophète qui offre à entendre la musique du futur. Son but est d’emporter avec lui, le peuple des hommes vers ce monde meilleur, harmonique qui n’existe pas encore. Leonore ou Fidelio, après 3 ouvertures différentes et deux versions est son seul opéra, achevée en 1805 / 1806, démontre l’avenir radieux d’une humanité conduite par l’amour, la fidélité et la liberté contre toutes les tyrannies ; surtout sa 5è symphonie (et des 4 premiers coups du destin), et son double simultané, la 6è « Pastorale » indique les vertus de l’homme qui combat pour son émancipation et qui sait se fondre dans l’unité préservé de la Nature. Amour, liberté, Nature : voilà la trilogie beethovénienne, qu’il ne cesse de commenter, analyser, expliciter à travers tout son œuvre. Et jusqu’à sa mort le 26 mars 1827 à 56 ans.

De cette première période de grande lucidité et maturité héroïque donc, datent les œuvres maîtresses telles les Sonates Waldstein, Appassionnata ; les 3 Quatuors Razoumowski, le Quatuor n°10… sans omettre la Fantaisie pour piano, choeur et orchestre de 1808 ni le Concerto Empereur de 1809. Son travail est encouragé par le soutien des princes viennois : l’Archiduc Rodolphe (son élève), Lobkowitz et Kinsky qui payent une rente annuelle (mars 1809) sans rien lui demander sauf qu’il reste à Vienne (Beethoven avait fait savoir qu’il deviendrait le kapelmeister de Jérôme Bonaparte, souverain de Westphalie).
Au travail du bâtisseur de cathédrales symphoniques et concertantes répond aussi une vie personnelle aussi passionnée que frustrante : Beethoven par son origine modeste n’étant jamais aimé comme il le souhaite en retour. Avait-il raison de rechercher coûte que coûte sa bien aimée parmi les jeunes femmes de l’aristocratie viennoise ? Déraisonnable ambition qui se paye au prix fort, entre désillusions à répétition et amertume croissante.

Mai 1809, les soldats de Napoléon occupent Vienne ; Beethoven perd des protecteurs qui ont tous fui la capitale impériale. Les bombardements le font atrocement souffrir. Après la victoire française de Wagram, Kinsky meurt ; Lobkowitz est ruiné ; seul l’Archiduc Rodolphe survit mais aura du mal à payer régulièrement le reste d’une rente atrophiée.

brunvik brunswik josephine beethoven la fiancee de beethoven immortelle bien aimee classiquenews dossier Beethoven 2020Les Immortelles bien-aimées… Parmi les aimées de Ludwig, Joséphine von Brunswick (portrait ci contre à gauche), jeune veuve de 24 ans à peine… qui l’aime mais renonce finalement au compositeur certes doué mais qui n’est que …roturier. L’intérêt et le confort, avant l’amour et l’attraction des cœurs. Puis paraît Bettina Brentano (portrait ci dessous) à partir de mai 1810 : malgré un visage marqué par la petite vérole, « laid » en vérité », Bettina trouve la face de Ludwig admirable et noble grâce à son front sculptural ; sa naïveté d’enfant ; sa grâce de seigneur. Intimement épris, Beethoven lui adresse des confessions profondes : « je suis le Bacchus qui vendange le vin dont s’enivre l’humanité ». Sous l’aile de cette rencontre qui semble bénie des dieux, le compositeur enivré compose la Sonate Lebewohl (Adieu), le Quatuor n°11 (dit « Quartetto serioso » par l’auteur lui-même), le Trio L’Archiduc de 1811 (dédié à Rodolphe, son protecteur le plus fidèle et le plus fiable). Bettina connaît Goethe avant Beethoven : elle fait se rencontrer les deux esprits en juillet 1812 ; Ludwig admire l’écrivain dont il a composé la musique d’Egmont. Mais les deux tempéraments ne se comprennent pas véritablement ; Goethe trouve Beethoven, énergique, concentré mais radical, « déchainé » et impossible voire insupportable ; et Beethoven qui aurait rêvé de mettre en musique son Faust, trouve l’homme de lettres, trop obséquieux et courtisan. Un « vendu » nous rions nous aujourd’hui. Radical, extrêmiste, Beethoven ? C’est que sa fureur dans sa grandeur est au diapason de son amour fraternel et de sa bonté. Voilà qui a échappé à Goethe qui malgré les envois multiples de Ludwig, restera totalement hermétique et … sourd.

brentano bettina aimee de beethoven portrait dossier beethoven 2020 classiquenewsEn juillet 1812, la correspondance de Beethoven laisse entendre qu’il a enfin rencontré celle qu’il attendait ; qu’il aime et qui l’aime en retour : « l’immortelle bien aimée » écrit-il. Peut-être s’agit-il encore de Joséphine von Brusnwick dont la fille Minona serait de Ludwig… Dans l’exaltation de ce transport phénoménal, le compositeur écrit les Symphonies 7 et 8, envisage même, déjà, une 9è, qui fermerait le triptyque. Mais en décembre 1812, tout s’écroule, et ses rêves d’une liaison installée s’écroulent définitivement. Pour lui, la solitude d’un héros incompris. Il faudra désormais 6 années pour se reconstruire et réaliser ce sommet de l’entendement humain, cime fraternelle surtout, la 9è et son ode à la joie, de Schiller et non de Goethe.

 

 

 

 

volet 4 : dossier Beethoven 2020
L’homme qui aimait les hommes qui le détestait
la crise (1813 – 1815)

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LIRE notre grand dossier BEETHOVEN 2020 : éléments biographiques clés, pièces et partitions maîtresses au cours de la carrière à Vienne…

beethoven 1803 apres Symphonie 1 creation symphonies romantiques classiquenews review compte rendu cd critique 800px-Beethoven_3DOSSIER BEETHOVEN 2020 : 250 ans de la naissance de Beethoven. L’anniversaire du plus grand compositeur romantique (avec Berlioz puis Wagner évidemment) sera célébré tout au long de la saison 2020. Mettant en avant le génie de la forme symphonique, le chercheur et l’expérimentateur dans le cadre du Quatuor à cordes, sans omettre la puissance de son invention, dans le genre concertant : Concerto pour piano, pour violon, lieder et sonates pour piano, seul ou en dialogue avec violon, violoncelle… Le génie de Ludwig van Beethoven né en 1770, mort en 1827) accompagne et éblouit l’essor du premier romantisme, quand à Vienne se disperse l’héritage de Haydn (qui deviendra son maître fin 1792) et de Mozart, quand Schubert aussi s’intéresse mais si différemment aux genres symphonique et chambriste. Venu tard à la musique, génie tardif donc (n’ayant rien composé de très convaincant avant ses cantates écrites en 1790 à 20 ans), Beethoven, avant Wagner, incarne le profil de l’artiste messianique, venu sur terre tel un élu sachant transmettre un message spirituel à l’humanité.  CLASSIQUENEWS dresse le portrait de la vie de Beethoven (en 4 volets), puis distingue 4 épisodes de sa vie, particulièrement décisifs… LIRE ici notre grand dossier BEETHOVEN  2020, biographie, partitions clés, discographie (les enregistrements majeurs, parus l’automne 2019 et pendant toute l’année 2020)

 

 

Compte rendu, concert ; Paris ; Philharmonie de Paris, le 16 septembre 2016 ; Robert Schumann (1810-1856) : Scènes du Faust de Goethe ; ChÅ“ur d’enfants et ChÅ“ur de l’Orchestre de Paris ; Orchestre de Paris ; Daniel Harding, direction.

daniel_harding_nomme_a_la_tete_orchestre_de_paris_meaL’Orchestre de Paris a donné ce soir son premier concert sous la direction de son neuvième chef attitré. Daniel Harding a choisi une œuvre aussi rare que belle et difficile : Les Scènes du Faust de Goethe de Robert Schumann. Vaste partition en forme d’oratorio, elle requiert outre un orchestre fourni, un grand chœur et un chœur d’enfants ainsi que de nombreux solistes dont trois voix d’enfants. Daniel Harding a donc tenu dans sa main de velours, ferme et vivifiante près de 300 musiciens et chanteurs. Le résultat est enthousiasmant. La partition de Schumann est la seule, et je pèse mes mots, à rendre compte de la dimension philosophique de l’immense ouvrage de Goethe : Gounod a écrit d’avantage une Margarethe qu’un Faust et Berlioz a manqué de profondeur même si il a su rendre compte de la dimension fantastique comme nul autre. Daniel Harding a pris à bras-le-corps la partition schumanienne et a su la mener à bon port c’est à dire vers l’au-delà. Une direction ferme, nuancée, dramatique mais également pleine de délicatesse et de finesse. Une attention permanente aux équilibres parfois complexes nous a permis d’entendre chaque mot de Goethe y compris avec les enfants solistes remarquables de présence fragile et émouvante.

Un Faust magistral

05_Daniel Harding Filarmonica foto Silvia Lelli 2-k2mE--1200x900@Quotidiano_Inside_Italy-WebLes solistes ont tous été choisis avec soin. Les deux sopranos Hanna-Elisabeth Müller et Mari Eriksmoen ont été remarquables de beauté de timbre, de lumière et d’implication dramatique. Deux très belles voix de sopranos qui sont en plus de très belles femmes élégantes et rayonnantes. Le ténor d’Andrew Staples est une voix de miel et de texte limpide avec une  grande noblesse. Les deux basses Franz-Josef Selig et Tareq Nazmi sont parfaits de présence, surtout le premier en malin. Bernarda Fink de son beau timbre noble et velouté a, dans chaque intervention, et parfois très modeste, marqué une belle présence d’artiste. Le grand triomphateur de la soirée est Christian Gerhaher dans une implication dramatique totale que ce soit dans Faust amoureux ou vieillissant et encore d’avantage en Pater Seraphicus et en Dr. Marianus. La voix est belle, jeune et moelleuse. Les mots sont ceux d’un liedersänger avec une projection parfaite de chanteur d‘opéra. Ces qualités associées en font l’interprète rêvé de ces rôles si particuliers.
L’Orchestre de Paris a joué magnifiquement, timbres merveilleux, nuance subtiles et phrasés amples. L’orchestration si complexe de Schumann a été mise en valeur par des interprètes si engagés. Les chœurs très sollicités ont été à la hauteur des attentes et tout particulièrement les enfants. Ils ont été admirablement préparés par Lionel Sow, plus d’un a été saisi par la puissance dramatique des interventions.
Une très belle soirée qui est a été donnée deux fois (reprise le 18 septembre) une grande œuvre qui n’a et de loin, pas assez de présence dans nos salles. Sa complexité et le nombre des interprètes ne sont pas étrangers à cette rareté. En tout cas la salle bondée a été enthousiasmé. Le public est là pour cette œuvre pourtant réputée difficile quand des interprètes de cette trempe nous l’offre ainsi. Le soir de la première toutes les places de la vaste salle de la Philharmonie ont été occupées. Daniel Harding a ainsi amorcé avec panache sa complicité avec l’Orchestre de Paris et avec le public.

Compte rendu concert ; Paris ; Philharmonie de Paris, le 16 septembre 2016 ;  Robert Schumann (1810-1856) : Scènes du Faust de Goethe ; Hanna-Elisabeth Müller, Mari Eriksmoen, sopranos ; Bernarda Fink, mezzo-soprano ; Andrew Staples, ténor ; Christian Gerhaher, baryton ; Franz-Josef Selig, Tareq Nazmi, basses ; ChÅ“ur d’enfants et ChÅ“ur de l’Orchestre de Paris : Lionel Sow, Chef de chÅ“ur ; Orchestre de Paris ; Direction, Daniel Harding.
Photo : Silvia Lelli

CD, critique, compte rendu. Resound Beethoven volume 3 : Egmont (Haselböck, 1cd Alpha)

beethoven egmont haselbock bernarda bobro cd review critique classiquenews 3760014194726CD, critique, compte rendu. Resound Beethoven volume 3 : Egmont  (Haselböck, 1cd Alpha). RECONSTITUTION BEETHOVENIENNE. Fondé en 1985 par Martin Haselböck, il y a plus de 30 ans, l’orchestre sur instruments anciens, Orchester Wiener Akademie n’a certes pas la hargne et la radicalité extrémiste, ô combien passionnante du Concentus Musicus de Vienne du regretté Nikolaus Harnoncourt ; mais le geste audacieux, dont la sonorité profite ici essentiellement des cuivres, – superbes de panache écorché (les cors triomphants et idéalement âpres) rendent service à  l’Å“uvre choisie, entre théâtre et musique. Dans Egmont dont on ne joue généralement que l’ouverture, Beethoven imagine plusieurs musiques de scène, pour assurer les enchaînements ou explorer une atmosphère :  héros romantique par excellence, Egmont, libérateur des Pays-Bas inspire à Goethe dès la conception de la pièce, une place importante à la musique, notamment pour la mort des personnages : Klärchen ou surtout Egmont ; de même la fin du drame devait dans l’esprit du dramaturge se réaliser par une symphonie de victoire (jouée ici). Auteur réformateur doué d’un souffle puissant, Beethoven fut sollicité dès 1809, à l’occasion d’une reprise du drame goethéen : il livre davantage qu’une simple mise en musique de certains passages : une ouverture, plusieurs intermèdes, des airs accompagnés pour soprano et orchestre… c’est toute une réflexion musicale (sur la liberté) qui enrichit la perception du drame, et facilite aussi son déroulement.  Si dans la pièce originelle, dans la seconde moitié du XVIè, Egmont doit se battre contre l’occupant espagnol, les autrichiens en 1809 doivent lutter contre l’invasion des troupes de Napoléon : dans l’esprit du musicien, le parallèle est clair et permet d’exprimer clairement les intentions démocratiques et politiques de Ludwig. Indépendamment de la représentation de la pièce de Goethe, Beethoven obtint du poète son approbation pour concevoir un drame autonome articulé à partir des seules morceaux de sa musique : il en découle ce mélodrame, sorte de résumé de la pièce de Goethe, sur un texte validé, écrit par Friedrich Mosengell en 1821. La version jouée dans cet album est celle plus tardive, d’un libéralisme assagi selon la censure viennoise, réécrit par Franz Grillparzer en 1834.

Musique goethéenne de Beethoven : Egmont, 1809-1834

En conclusion du cycle goethéen, Martin Haselböck ajoute la célèbre ouverture  opus 124, “la consécration de la maison”, en particulier pour la réouverture du théâtre à Vienne, à Josefstadt, fin septembre 1822. La “maison” c’est le théâtre lui-même : nouvelle pièce de circonstance de Carl Meisl pour laquelle Beethoven composa aussi une musique de scène. Dans la “clarté sèche” de la salle du théâtre, Beethoven dirigea lui-même la partition portée par une claire et progressive aspiration à la lumière, exultation et joie fraternelle. Le théâtre est toujours en place : le lieu comme d’autres sites viennois qui ont accueilli la création de nouvelles Å“uvres beethovéniennes à Vienne, forment la singularité du projet actuel “Resound Beethoven”, jouer Beethoven dans les salles pour lesquelles le compositeur a écrit… Voilà un nouveau chantier qui fait de Vienne, une cité incroyablement musicienne, ajoutant donc aux circuits Mozart, Haydn, Porpora, Schubert ou Johann Strauss II, – entre autres, celui en cours de réalisation dévolu aux créations de Beethoven.

Le récitant pour Egmont est l’acteur Herbert Föttinger – directeur actuel de la salle Josefstadt. La musique de Beethoven accentue et rythme les accents passionnés d’une action célébrant le courage et la volonté dédiés à l’esprit de libération finale. La langue de Goethe a déterminé l’ivresse guerrière d’une musique qui après tension et contrastes savamment mesurés, cible essentiellement sa conclusion en forme d’implosion libératrice. On émettra des réserves sur la version récente en anglais (2à15) – fût-elle récitée par un acteur à la mode… le nerf, le muscle acéré et vif argent, une certaine économie Å“uvrant pour l’exacerbation du drame exemplaire (Egmont donne tout, – sa ferveur et sa vie- pour l’idéal libertaire qui porte toute sa carrière). Haselböck mise beaucoup sur l’incise des contrastes, parfois au détriment d’une certaine élégance instrumentale dont Vienne avait cependant la spécialité : mais la fureur viscérale, l’autodétermination globale, directe, franche exprimée par tous les pupitres, et la sonorité si fine et affûtée des timbres d’époque, sans omettre l’excellent soprano de Bernarda Bobro, à la fois claire et charnel, fondent la valeur de cet enregistrement, en tout point fidèle à la furià guerrière et fraternelle du grand Ludwig.

CD, critique, compte rendu. Resound Beethoven volume 3 : Egmont version  Grillparzer, 1834 (cd1) / version anglaise ((cd2, 2015). Bernarda Bobro, soprano. Orchester Wiener Akademie. Martin Haselböck, direction. Enregistrement réalisé à Vienne en octobre 2015 au Théâtre in der Josefstadt. 2 cd Alpha.

Marco Guidarini dirige Mefistofele de Boito à Prague

prague-opera-narodni-divadlo-prague-opera-580-380Prague, 22 janvier>29 mai 2015. Boito : Mefistofele. Marco Guidarini. La genèse du Mefistofele (1868-1881) de Boito est longue et difficile : à chaque reprise après l’échec retentissant de la création initiale (5h de spectacle!) à La Scala de Milan en 1868, Boito comme dépassé par un trop plein d’idées formelles, recoupe, taille, réécrit en 1875, 1876 enfin en 1881, dévoilant la formation que nous connaissons. Dès le prologue -conçu comme un final symphonique exprimant la souveraineté de Mefistofele parmi les anges et les chérubins soumis-, le souffle goethéen porté par le livret rédigé par le compositeur lui-même, saisit : violence, passion, lyrisme échevelé sont au diapason et à la hauteur du mythe littéraire. Ne serait-ce que pour cet ample portique qui atteint le grandiose palpitant d’une cathédrale, la partition sait enchanter avec une redoutable efficacité, entre l’opéra et l’oratorio (un clin d’oeil au final du premier acte de Tosca de Puccini, lui aussi sur le thème d’un vaste Te Deum atteint la même surenchère chorale et orchestrale, voluptueuse, terrifiante et spectaculaire).

Le Faust de Boito, 1868-1881

Dans le Prologue – fresque orchestrale inouïe, aux dimensions du Mahler de la Symphonie des mille, Boito souligne le démonisme de Mefistofele qui méprisant l’homme et sa nature corruptible, jure en présence des créatures célestes, de précipiter le vertueux Faust, tout philosophe qu’il soit. va-t-il pour autant réussir ?

boito-arrigo-mefistofele-operaSynopsis, argument. Empêtré par les tableaux divers du roman homérique de Goethe, Boito respecte tant bien que mal le fil de la narration originelle où peu à peu le docteur Faust pourtant conscient des limites de l’homme et de sa nature, s’enfonce dans les tourments de la tentation et de l’expérience sensorielle. A Francfort pendant la fête de la Résurrection, Faust qui célèbre l’avènement du printemps accepte l’offre du démon Mefistofele face aux miracles et prodiges dont il sera bénéficiaire (Acte I).  Au II, alors que Mefistofele détourne la duègne Marta, Faust peut roucouler avec Marguerite en son jardin d’amour. Très vite, le revers tragique d’une vie insouciante montre ses effets effrayants : au III, c’est la visite de Faust coupable dans la prison de Marguerite, incarcérée pour avoir commis un double meurtre : empoisonner sa mère (pour que son amant la visite) et noyer son enfant ! Mais Mefistofele se souciant de la seule chute morale de Faust  entraîne son sujet passif dans le sabbat des sorcières, où paraît surtout l’irrésistible Hélène, la plus belle femme du monde à laquelle Faust désormais ensorcelé voue son âme (IV).
Malgré tous ces prodiges où tout est offert au philosophe : amour, richesse, joyaux et femme sublime, … le coeur du docteur n’est pas apaisé : au ciel, il destine sa vraie nature… morale. Mefistofele avouant sa défaite finale, éclate d’un rire sardonique. Ainsi l’opéra mephistophélique débute sur l’apothéose du Démon puis s’achève par son rire sardonique.

La partition est l’une des plus ambitieuses de son auteur dont le génie dramatique se dévoile sans limites : Boito après avoir dans sa jeunesse militante conspué le théâtre de Verdi, devient son librettiste préféré, réalisant la construction d’Otello et de Falstaff (les ultimes chefs d’oeuvre de Verdi) et surtout reprenant l’architecture complexe de Simon Boccanegra. Mefistofele profite évidemment du travail de Boito avec Verdi.

 

 
 
 

Agenda : Mefistofele de Boito à l’Opéra de Prague

 
 
Guidarini © R. DuroselleL’excellent chef italien, symphoniste, bel cantiste et tempérament lyrique, Marco Guidarini, dirige à l’Opéra de Prague (Narodni Divadlo) Mefistofele de Boito, en janvier, février et mars 2015 :  soit au total 8 représentations à l’affiche pragoise : 22,24 et 30 janvier, 5 et 22 février puis 10 mars 2015 (puis le 15 avril et le 29 mai 2015). La direction du maestro cofondateur du récent Concours Bellini (dont il assure la sélection des lauréats) est l’atout majeur de cette nouvelle production praguoise.

Réservez votre place pour cet événement d’un raffinement orchestral flamboyant sur le site de l’opéra de Prague  / narodni-divadlo.

 
 

 
 

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Renata-Tebaldi-1960La version enregistrée sous la direction de Tulio Serafin à Rome en 1958 fait valoir la sensualité raffinée de l’orchestration comme son souffle épique dès le prologue (domination du démon sur la cohorte des anges et des Chérubins), la cour d’amour entre Faust et Marguerite, le sabbat orgiaque et le culte d’Hélène…) :  Renata Tebaldi chante Marguerite aux côtés de Mario del Monaco (Faust) et Cesare Siepi (Mefistofele). Decca. L’intégrale de l’opéra Mefistofele est l’objet d’une réédition événement au sein du coffret réunissant tous les enregistrements de Renata Tebaldi pour Decca : “Reanta Tebaldi, Voce d’angelo, The complete Decca recordings, 66 cd (1951 (La Bohème, Madama Butterfly), Un Ballo in maschera (1970).